Les livres que j’aimais devinrent une Bible où je puisais des conseils et des secours ; j’en copiai de longs extraits ; j’appris par cœur de nouveaux cantiques et de nouvelles litanies, des psaumes, des proverbes, des prophéties et je sanctifiai toutes les circonstances en me récitant ces textes sacrés. […] Les mots et les cadences, les vers, les versets ne me servaient pas à feindre : mais ils sauvaient du silence toutes ces intimes aventures dont je ne pouvais parler à personne.
Les livres que j'aimais devinrent une Bible où je puisais des conseils et des secours.
Je ne m'envisageai jamais comme la compagne d'un homme : nous serions tous les deux compagnons.
Elle ne parlait jamais que de ce qu'elle savait parfaitement, de ce qu'elle ressentait sincèrement, et c'est pourquoi elle se taisait souvent : mais chacun de ses mots pesait lourd.
Le secret du bonheur et le comble de l'art, c'est de vivre comme tout le monde, en n'étant comme personne.
J'étais extrémiste : je voulais tout ou rien. Si j'aimais, ce serait à vie, et je m'engagerais tout entière, avec mon corps, mon coeur, ma tête et mon passé.
En écrivant une oeuvre nourrie de mon histoire, je me créerais moi-même à neuf et je justifierais mon existence.
Il ne se penchait pas sur moi, mais me haussait jusqu'à lui et j'avais la fierté de me sentir alors une grande personne.
Je ne découvris la noire magie des mots que lorsqu'ils me mordirent au coeur.
"A partir de maintenant, je vous prends en main", me dit Sartre quand il m'eut annoncé mon admissibilité. Il avait le goût des amitiés féminines. La première fois que je l'avais aperçu à la Sorbonne, il portait un chapeau et causait d'un air animé avec une grande bringue d'agrégative que je trouvai très vilaine ; elle lui avait vite déplu ; il s'était lié avec une autre, plus jolie, mais qui faisait des embarras et avec qui il s'était rapidement brouillé. Quand Herbaud lui avait parlé de moi, il avait voulu me connaître et maintenant il était très content de pouvoir m'accaparer ; moi, il me semblait à présent que tout le temps que je ne passais pas avec lui était du temps perdu.