Rien n'est plus drôle que le malheur... c'est la chose la plus comique du monde.
Si je pouvais le tuer, je mourrais content.
CLOV (regard fixe, voix blanche). -
Fini, c'est fini, ça va finir, ça va peut-être finir. (Un temps.) Les grains s'ajoutent aux grains, un à un, et un jour, soudain, c'est un tas, un petit tas, l'impossible tas. (Un temps.) On ne peut plus me punir. (Un temps.) Je m'en vais dans ma cuisine, trois mètres sur trois mètres, attendre qu'il me siffle. (Un temps.) Ce sont de jolies dimensions, je m'appuierai à la table, je regarderai le mur, en attendant qu'il me siffle.
HAMM - La nature nous a oubliés.
CLOV. - Il n'y a plus de nature.
HAMM - Plus de nature ! Tu vas fort.
CLOV. - Dans les environs.
HAMM - Mais nous respirons, nous changeons ! Nous perdons nos cheveux, nos dents ! Notre fraîcheur ! Nos idéaux !
CLOV. - Alors elle ne nous a pas oubliés.
-Il pleure.
-Donc il vit. As-tu jamais eu un instant de bonheur ?
-Pas à ma connaissance.
HAMM - Mais réfléchissez, réfléchissez, vous êtes sur terre, c'est sans remède !... Mais enfin quel est votre espoir ? Que la terre renaisse au printemps ? Que la mer et les rivières redeviennent poissonneuses ? Qu'il y ait encore de la manne au ciel pour des imbéciles comme vous ?
HAMM - Oh c'est loin, loin. Tu n'étais pas encore de ce monde.
CLOV. - La belle époque !
Réfléchissez, vous êtes sur terre, c’est sans remède
Clov. – Fini, c'est fini, ça va finir, ça va peut être finir. (Un temps) Les grains s'ajoutent aux grains, un à un, et un jour, soudain, c'est un tas, un petit tas, l'impossible tas.
(Première réplique).
- HAMM. - Embrasse-moi. (Un temps.) Tu ne veux pas m'embrasser ?
- CLOV.- Non.
- HAMM. - Sur le front.
- CLOV.- Je ne veux t'embrasse nulle part.
Un temps.
- HAMM (tendant la main). - Donne-moi la main au moins. (Un temps.) Tu ne veux pas me donner la main ?
- CLOV.- Je ne veux pas te toucher.