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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Beckett va à l'essentiel pour dire le sentiment d'inadaptation, il invente des phrases nues dites par une conscience malheureuse qui semble ne même pas savoir si elle a un corps. Il part du réel le plus terre à terre, un quotidien gris et réduit pour aller jusqu'à une sorte d'abstraction. Les phrases sont comme des silex taillés qui affirment la primauté du langage. Il sort l'invisible de son gris pour lui donner corps par les mots. Et cette invisible, c'est l'absurde de nos vies qui vont vers leur mort.
Voici quelqu'un qui nous dit, sans rien affirmer, qu'il sera bientôt mort. Il se décrit comme un impotent paralysé sur un lit, il ramène à lui les objets grâce à une perche. Dire, dédire, se contredire dans la même phrase ou dans la phrase suivante. En gros: j'existe, mais je pourrais très bien ne pas exister.
Tout le roman n'est qu'un va et vient entre la vie très réduite du grabataire dans son lit, son regard sur les objets qui l'entoure et les histoires qu'il invente dans son petit cahier. Sont-elles vraies, sont-elles fausses ?
Souvenirs d'enfance ? Malone etait-il Sapo, fils de mr et madame Saposcat, Malone est-il Macmann ?
Si on essaie de comprendre le roman d'un point de vue rationnel, il s'agirait des derniers vagissements d'un vieillard grabataire dans une chambre d'hospice. Tel qu'il le décrit de son point de vue sur le monde rétréci, on le croit chez lui, dans sa chambre close. Il ne sait pas qui vient lui servir la soupe.
Il raconte l'histoire des Saposcat. Et celle de leurs voisins, les Louis. le gros Louis tue les cochons et ne parle que de ça. le gros Louis enterre un mulet avec son fils et il creuse le trou bien profond pour contrer la tendance des enterrés à remonter.
Puis le narrateur revient à sa chambre, les bruits reprennent avec une force étrange, le portail en fer, les arbres qui ont leur façon de crier. Il ignore à quel étage il se trouve. Il passe en revue le petit tas de ses possessions, il décrit son système de nutrition et d'élimination. Chez lui, il ne fait jamais clair, il vit dans une sorte d'incandescence grisâtre. Quand il oublie d'écrire dans son cahier, cela donne cette phrase: « Je viens de passer deux jours inoubliables dont nous ne saurons rien. »
Il s'appelle Malone à présent (p.79). La fenêtre est en quelque sorte son ombilic. Et il voit « ...luire aux confins de ces inquiètes ténèbres comme des ossements...». Il n'est plus qu'un vieux foetus qui se demande s'il n'est pas mort à son insu. Qui rêve d'immenses fougère claquantes ou de steppes battues par la tempête. Il est seul et immobile au bord de la folie de son dédale imaginaire où les mots sont choses, prétexte à rebondir.
Il conte l'histoire de Macmann surpris par la pluie loin de tout abri, qui se couche sur le ventre. Il est lui-même surpris de son idée. Macmann qui a bien essayé de travailler, mais qui est incapable de biner sans tout dévaster.
Puis le narrateur revient à ses possessions, le lit, l'armoire, les couvertures, le cahier qu'il cache, la mine qui ne lui sert à rien sans le cahier. Ses impressions, des hypothèses.
Le roman va sur sa fin, il se boucle. Ce gisant est peut-être Macmann dans l'asile. Servi par Moll, une vieillarde à la canine branlante qui lui apprend à se laver, qui lui apporte son chapeau sorti du fumier. Elle contemple avec attendrissement le vieux visage ahuri qui se détendait. Ils s'accouplent. Ils manquent d'expérience tous les deux. Moll perd son chicot-crucifix, elle commence à sentir, elle est sujette à des vomissements, et un jour on vient annoncer à Macmann qu'elle est morte.
Lemuel, bête et méchant, la remplace. La douleur physique lui est d'un précieux secours, il se donne des coups de marteau sur la tête. Malone sur son lit se demande comment il fait pour être encore vivant, sans manger « Je dois m'abreuver par en dedans, à mes sécrétions ». Et la fin arrive, une excursion dans l'île, le petit monde rassemblé, une corde reliant leur cheville. Et c'est sa vision de la mort, une barque remplie de corps grisâtre qui s'éloigne du rivage, les rames qui traînent dans l'eau sous la nuit parsemée d'absurdes lumières.
Lien : http://killing-ego.blogspot...
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Une lecture complexe qui perd le lecteur dans des pensées ininterrompues, faites d'histoires inventées, de pensées personnelles, de souvenirs, on ne sait pas trop, ni d'ailleurs qui est qui et pourquoi le narrateur, qui s'exprime toujours à la première personne "Je", évoque tel ou tel sujet.

On possède malgré tout quelques éléments. Malone est un vieil homme, alité dans sa maison ou à l'hôpital. Son univers est limité à cette chambre, aux objets qui l'entourent et à la personne qui vient l'aider, lui apporter nourriture ou changer le pot de chambre.

En revanche, on peine à faire le lien entre Sapo, Louis et le fameux MacMann, dont on se demande s'il s'agit du narrateur, de Malone, de Beckett, ou de tout le monde à la fois. Chacun se fera son idée.

Tout est vague, flottant, le flux de mots saute d'un sujet à l'autre, et les pensées déstructurées s'accompagnent d'un texte qui l'est tout autant.

Et pourtant, j'ai beaucoup apprécié cette lecture. Pourquoi exactement ? J'ai aimé ce personnage en pleine vieillesse se questionnant sur la condition humaine, sur l'approche de la mort, sur mille petites choses qui semblent sans importance, mais surtout, sur l'écriture et la vie. Voilà, ce que j'ai aimé, ce sont les questionnements qui surgissent sur l'acte d'écrire et celui de vivre (n'est-ce pas au fond la même chose ?), sur la création, sur les idées qui surgissent, la façon dont un évènement vient les perturber.

Car les faits les plus clairs et les plus marquants du texte sont ceux qui ont rapport à l'écrit. le cahier qui tombe, le stylo qui glisse, c'est factuel et intangible. Pour le reste, c'est plus flou. Les mots qui s'échappent, la tête pleine de trous qui peine à la cohérence, mais qui malgré tout et contre tout, écrit, écrit, et écrit encore, jusqu'au dernier moment, et tente ainsi de vivre.

"Vivre. J'en parle sans savoir ce que ça veut dire. Je m'y suis essayé sans savoir à quoi je m'essayais. J'ai peut-être vécu après tout, sans le savoir".

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Alerte divulgâchage! Malone va mourir. 

Un vieil homme cacochyme gît en son lit. Ultime demeure terrestre, une chambre et sa fenêtre, par laquelle il regarde la vie, ou ce qui y tient lieu, passer. Prolongement de ses membres préhensiles, un bâton avec lequel il obvie à sa mobilité défunte. Quelques objets oubliés ou inconnus comme derniers témoins de son séjour sur terre. En attendant de payer son passage à Charron le nocher, il noircit un cahier d'une ultime et piteuse tentative de prolonger ses jours post mortem, par la narration d'une fable pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien, comme dirait William, ce sacré farceur. 

Avec Malone meurt se poursuit la fameuse trilogie du père Beckett. Si cet opus gagne en clarté par rapport au déconcertant Molloy, auquel il fait référence par des motifs narratifs, il n'est pas certain qu'il en soit plus intéressant. le lecteur fini le second volet du triptyque, toujours aussi dubitatif, reconnaissant que ça n'est pas sans valeur, qu'il se passe décidément quelque chose, qu'il serait bien en peine de définir. 
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D'entrée de jeu, le narrateur, dans un asile, homme grabataire, nonagénaire (page 18) attend la mort qu'il sait prochaine.



Pour organiser le temps qui lui reste, il décide de rédiger quatre récits et de finir par un inventaire des choses qui demeurent en sa possession :

« J'ai dû réfléchir pendant la nuit à mon emploi du temps. Je pense que je pourrai me raconter quatre histoires, chacune sur un thème différent. Une sur un homme, une autre sur une femme, une troisième sur une chose quelconque et enfin sur un animal, un oiseau peut-être.» (page 10).
Lien : http://www.gazettelitteraire..
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