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"Ce jour-là, une envie de vengeance m'avait gagné. Je rêvais de voir plus tard mon nom de famille en haut de l'affiche pour sortir mon père de l'anonymat, de l'indigénat, et lui rendre sa dignité d'homme libre. La langue française allait devenir l'instrument de ma revanche contre son analphabétisme." (p. 28)

Ce roman à fortes consonances autobiographiques est bouleversant à plus d'un titre !...

Azouz Begag a prouvé de toutes les manières, par ses écrits, ses engagements, sa curiosité illimitée, qu'il voulait réparer la mémoire abîmée de ses deux parents, pauvres immigrés d'Algérie; pauvres de tant de choses, matériellement autant que psychologiquement; comme leur date et lieu de
naissance non inscrites...Dans ce texte des plus personnels, il raconte la vie de son père, atteint d'Alzheimer, qui perd le peu qui lui est propre : ses souvenirs !!!...

Et je m'interroge, moi, petite Française privilégiée, non exilée... Pourquoi cette histoire me rend littéralement malade... et je me rends compte que déjà ma grand-mère maternelle, française de souche,bretonne, non exilée , vivait un cauchemar et une humiliation permanente , par son analphabétisme... Que petite fille ...voir ma grand-mère, illettrée, méprisée , je me sentais impuissante mais folle de rage et d'indignation... que mon parcours acharné dans les livres a été choisi par passion personnelle , mais aussi pour réparer sa vie et sa dignité ...


Et dans cette histoire jonchée d'épreuves et de séparations, s'ajoute l'Exil et le départ souvent quasi-définitif de la terre des parents et aïeux...L'arrachement de son pays natal....Les douleurs intérieures, ineffaçables !

"Les vieux d'ici rêvent de là-bas,
les jeunes de là-bas rêvent d'ici
leurs rêves se croisent en Méditerranée,
puis se noient. (p. 87)"

Azouz Begag nous livre un très intense hommage à ses deux parents, et plus spécialement à son père...qu'il accompagne en fin de vie, atteint de la "maladie d'Ali Zaïmeur" (comme disent les copains du père du Café du Soleil...). L'hommage s'étend à tous les déracinés de la terre !!... Et de nombreux passages m'évoquent une lecture très lointaine, m'ayant très durablement marquée: "La plus haute des solitudes" de Tahar Ben Jelloun...

Un livre des plus personnels et des plus bienveillants, qui ne peut qu'émouvoir et interpeller, encore et toujours !!
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Critique à chaud sur cette première approche avec Azouz Begag, que je connaissais de nom en tant qu'homme politique et non en tant qu'écrivain .Quel vibrant hommage il a rendu à son père au travers ce roman.Plein d'émotions dans ce récit et une fois ouvert ce livre,je n'ai pu le refermer,je l'ai lu d'une traite.Une intimité, mise à nue,un chant d'amour et cette quête perpétuelle de ses racines.Très touchant, un livre auquel je penserai souvent tant il m'a marqué.⭐⭐⭐⭐⭐
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L'auteur/narrateur est réveillé par sa mère car son père a (encore) fugué.
Atteint d'Alzheimer, il est parti dans Lyon rejoindre son ancien travail, ou peut-être même son pays, l'Algérie.
Le narrateur part à sa recherche et ce sera l'occasion de rendre un hommage à ce père, immigré algérien, illettré, courageux, désireux de tout faire pour que ses enfants réussissent (un enfant ministre, pas mal comme réussite…).
C'est aussi un hommage à sa mère, petite femme traditionnelle et courageuse.


Encore un livre sur le père me direz-vous, certes il y en a beaucoup.
Mais celui-ci s'inscrit à la suite des livres sur l'enfance d'Azouz Begag, « le gône du Chaâba », « Béni ou le paradis privé », « le marteau pique-coeur », et dans ce livre lumineux par l'amour et l'humour qu'il exprime, il y a toute la reconnaissance de l'auteur pour ses parents.
Pauvres parmi les pauvres, ils ont à coeur que leurs enfants réussissent, et Azouz « apprenait » bien à l'école, comme disaient ses parents.
Je suis admirative du parcours de cet homme, écrivain avant tout, et politique occasionnel, qui doit tout à l'école républicaine, même si son action en tant que ministre peut être critiquée.
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Je voulais lire depuis longtemps un livre d'Azouz Begag parce que c'est un auteur qui compte dans la bibliothèque où je travaille et que le Gone du Chaaba est régulièrement demandé.
Mémoires au soleil est arrivé un peu par hasard dans ma PAL. Dès le résumé, il y a des mots bouleversants sur les gens de peu. Ceux qui ne sont rien, présumés nés dans une Algérie française qui ne prenaient pas en compte ses citoyens de seconde zone. Pas d'histoire, pas de nom, et bientôt plus de souvenirs chez ce père qui voulait que ses enfants réussissent là où lui avait le sentiment d'avoir échoué, en grande partie parce qu'il ne savait pas lire. le quotidien de ceux qui ne marqueront pas l'histoire et qui ne racontent donc pas leur histoire.
Le récit se déroule dans une majeure partie dans un bistrot, le café du soleil, où se retrouvent devant une partie de dominos et des cafés trop sucrés des hommes venus d'ailleurs il y a des décennies pour reconstruire nos villes, et des jeunes qui tuent le temps. Ce portrait d'un boui-boui de quartier et de ses habitués est plein de saveurs, de rires et d'amitiés qui ne se disent pas.
Je crois bien que la lumière du soleil irradie des pages de ce livre !
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Alerte coup de coeur ! Wouaw ! Quel livre ! Quelle émotion ! C'est à la fois un récit et un hommage pour le père de l'auteur atteint de la maladie d'Alzheimer. L'écrivain franco algérien Azouz Begag nous fait voyager entre la France et l'Algérie et entre le passé et le présent à travers la vie de son papa. Après son magnifique roman le gone du Chaaba, l'auteur nous dévoile un peu plus la vérité intime de sa vie à travers le plus vibrant et en même temps mélancolique des chants d'amour pour rendre hommage à son père.
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« Mon père aussi était une étoile. Immortel, il restera pour moi. Jamais je ne l'oublierai, même si un jour la maladie de l'oubli me rattrape. » (185) L'auteur raconte l'épisode d'une journée de sa vie au cours de laquelle il accompagne son père atteint de la maladie de Alzheimer, de sa fuite matinale au café et son retour à la maison. Il s'est enfui, tôt, le matin de la maison; Azouz part à sa recherche; il le retrouve dans un café, le Café du Soleil. Autour de cette brillante narration, l'auteur jette des ponts sur ses origines et fait la quête de son identité, particulièrement patronymique. Un récit empreint d'émotions et gravé de mots tout doux. À travers les mots et les évocations, c'est l'histoire tronquée des migrants venus d'Algérie en France où ils espèrent trouver une oasis nouvelle. Texte touchant, l'auteur plonge dans les fibres conscientes, et inconscientes, de la vie de son père. Azouz Begag touche par la beauté des mots et l'intelligence du propos.
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L'auteur du célèbre "Gone du Châaba, un livre autobiographique qui nous avait ravi il y a des années lors de sa sortie en 1986, et qui avait propulsé son jeune auteur sur le devant de la scène, n'avait plus rien écrit depuis 2012.
J'ai adoré ses nombreux écrits pour la jeunesse dans les années 1990-2000 et n'avait rien lu de lui depuis des années. C'était donc naturel que j'emprunte son dernier roman autobiographique lorsque je l'ai trouvé en médiathèque.

Dès le départ, le lecteur entre dans la vie quotidienne de l'auteur et en particulier la vie menée en famille, depuis que son père Bouzid est atteint de la maladie d'Alzheimer. En plus de son père, l'auteur nous parle aussi de Nabil, son frère, et de ses séjours en prison.

Il se souvient d'anecdotes racontées en famille, d'événements vécus et partagés, de la honte de son père d'être analphabète.
Malgré l'humour de certains passages et de certaines situations, il nous relate sa détresse lorsque son père se sauve pour rejoindre la méditerranée, et prendre le bateau pour rentrer "chez lui" et revoir ses parents, qui ne sont plus en vie depuis des années. Il habite Lyon et il met sa vie en danger lorsqu'on le retrouve en direction de l'autoroute, sa gamelle de travailleur à la main. Heureusement, le plus souvent, il s'arrête au bar "le café du soleil" pour y retrouver ses amis. Là, au milieu de ceux qui finalement le protègent, il partage solitude, déracinement, nostalgie du pays et thé à la menthe industriel...
Tous attendent un retour au bled qui n'arrivera jamais. Ils sont un peu fous aussi, comme le patron qui arrose son ficus en plastique tous les jours pour s'occuper.
Alors que leur ami Bouzid ait contracté "la maladie d'Ali Zaïmeur", cela ne les émeut guère.
En le ramenant à la maison, l'auteur tente de ranimer chez son père quelques souvenirs disparus, et de retrouver quelques pans de l'histoire familiale et de ses propres origines.
Il relate alors ses voyages en Algérie, à la recherche de ses racines berbères. Mais là-bas, il n'a pas trouvé trace de ses parents, dans les villages pourtant fréquemment cités par eux dans leurs souvenirs. Ni son père, ni sa mère ne semblent avoir existé !
Les noms de personnes ou de lieux, ne sont pas forcément ceux que l'auteur croyait connaître, parce que la prononciation n'est pas la bonne et devient incompréhensible pour qui n'est pas initié.
L'histoire alterne ainsi, entre le vécu du père et la recherche d'un passé qui sera englouti à jamais maintenant que la mémoire s'en est allée pour toujours...


Voilà donc un roman touchant, une quête personnelle qui est celle de tous les enfants d'immigrés.
On peut considérer ce roman autobiographique, comme la suite du "Gone du Châaba" où l'auteur nous contait son enfance dans les bidonvilles de Lyon. En tous les cas, il nous donne envie de nous replonger dans ce premier écrit et d'y redécouvrir l'importance de ces racines familiales, qui font de nous, quelles qu'elles soient, les êtres à part entière que nous sommes devenus, parce que tout simplement nous savons d'où nous venons.
C'est un beau roman qui sonne juste, et un plaidoyer contre l'oubli qui met l'accent sur l'importance de la transmission.
C'est aussi un bel hommage au père...mais aussi à tous les exilés et déracinés qui ont été oubliés par leur pays d'origine.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Un beau roman plein de tendresse d'un fils pour son père. C'est triste, mais il y a quand même de l'amour. Azouz part à la recherche de son père qui a fait une fugue. Il est malade, il perd un peu la tête, il a la maladie « d'Ali Zaïmeur ! ». Depuis Lyon il veut retrouver son village en Algérie. C'est pourtant son fils qui va partir au « douar Bendials » près de Sétif. Ce sera un voyage plein de péripéties, son père étant analphabète et sa date de naissance assez imprécise. HS
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bouzid begag , ancien travailleur du batiment, n a plsu toute sa tete.Il a contracté la maladie d ali zaimeur , disent ses copains du café du soleil " une saleté qui ronge les souvenirs des gesn ". Avant que son pere ne s eteigne tout a fait, son fils azouz cherche a combler le besoin de racines qui l a triallé toute son enfance. En algérie, dnas le village natal de ses parents, c est le choc de ne découvrir nulle trace de sa famille , ni registre d etat civil , ni grands parents dans le cimetiére " aucun ancetre a se raccrocher ". Au terme de sa recherche identitaire, l ancien ministre ( azouz begag fut le premier minsitre arabe a rentrer dans uN gouvernement en france) revele un pan entier de son autobiographie et rend un hommage tout en douceur à ces immigrés algeriens qui ont connu la guerre, l exil, le travail en usine et se retrouvent maintenant dans un petit bistrot miteux de lyon. , essayant d oublier qu ils ont tout quitté pour partir à jamaiis.
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A la recherche des racines perdues

Après un roman d'autofiction La voix de son maître (lire la recension : http://www.lacauselitteraire.fr/la-voix-de-son-maitre-azouz-begag), Azouz Begag publie son dernier roman, Mémoires au soleil.

Dès les premières pages, l'auteur montre que le roman est autobiographique. Il abolit donc toute frontière entre lui et son lecteur. Utilisant son vrai nom, le personnage-narrateur est bel et bien Azouz Begag. le roman relate les fugues du père, Bouzid, atteint d'Alzheimer. La mémoire effacée, celui-ci se dirige vers l'autoroute qui mène à la Méditerranée. Bouzid « a répété qu'il voulait retourner dans son village natal pour revoir ses parents et qu'un bateau l'attendait au port, le Ville de Marseille » (p.36).

Azouz recherche son père évadé, l'accompagne dans les rues de Lyon, et tente de réanimer quelques pans de sa mémoire effacée. Souvent, il l'accompagne au Café du Soleil où Bouzid retrouve ses amis. Ici, ils partagent avec complicité les mêmes peines : la solitude, la nostalgie, et l'exil.

La situation du père pousse le narrateur à fouiller ses racines. « L'ignorance de mes racines m'empêchait de grandir. Né à Lyon, j'étais un Français des branches, certes, mais j'avais besoin de connaître mes souches africaines », dit-il (p.17). Il peint alors ses voyages en Algérie à la poursuite des racines et décrit ses amples recherches sur le secret des noms. Bref, il se cherche en exploitant toutes les sources identitaires possibles.

Ainsi, Azouz fait balancer le lecteur entre son père et sa propre quête identitaire. le père Bouzid réalisera-t-il son rêve de retourner en Algérie, au soleil ? le fils Azouz achèvera-t-il jusqu'au bout sa quête identitaire malgré la découverte tardive d'une ambigüité sur le nom du père ?

L'auteur, comme dans les précédents romans, met la lumière sur un thème qui l'obsède. Un thème qui est devenu son mythe personnel. C'est celui du père qui est très récurrent, voire sacré dans la littérature d'Azouz Begag. La mère se fait rare dans ce roman, presque absente. le thème du père est consubstantiel à d'autres thèmes prépondérants : l'identité, l'immigration, l'exil, l'Algérie… Autrement dit, il s'agit de divers thèmes qui mènent tous vers le père. « Il s'est sacrifié pour m'ouvrir un avenir et me donner un nom propre »(p.144).

L'écriture est limpide, mêlant délices et douleurs. L'humour est omniprésent, notamment grâce aux noms des personnages : Amor Plastic, Lunettes Noires, Chibani Avachi, Miloud Météo… le roman est dédié à son père Bouzid, à sa mère Messouda et à son frère Nabil, qui reposent tous en paix sous la terre d'Algérie, au Soleil. Ce roman autobiographique constitue une suite pour le Gone du Chaâba.

Mémoires au soleil répond à cette question : que sont devenus les Begag de la Chaâba après des années d'exil ?

Il constitue aussi un corpus propice pour les chercheurs en onomastique (étude des noms propres). Azouz Begag essaie de décrypter son nom et ceux de son entourage, pour mieux découvrir ses racines et les mystères de son identité.

Mémoires au soleil est un hommage poignant au père, une quête identitaire, et un pont entre l'Algérie et la France. Enfin, c'est un roman contre l'oubli.


Lien : http://www.lacauselitteraire..
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