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EAN : 9782889083480
288 pages
LA JOIE DE LIRE EDITIONS (03/02/2017)
1.75/5   6 notes
Résumé :
Samir vit en France avec sa famille mais rêve d’Amérique depuis qu’il est tout petit. Et ce malgré son père qui, lui, déteste les Américains et a peur d’avoir donné à son fils « le goût de l’exil ». Devenu adulte, Samir part à Los Angeles enseigner la sociologie à l’Université de Californie. Son rêve devient réalité. Mais tout n’est pas rose chez l’oncle Sam à la veille de l’élection de Barack Obama, surtout pour un musulman…

Avec son humour habituel,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Azouz Begag et le fantôme du père

Après un roman autobiographique Salam Ouessant (Albin Michel, 2012), Azouz Begag publie son dernier roman, La voix de son maître. le livre comprend cinq parties divisées en chapitres numérotés.

L'histoire est racontée par le personnage Samir Ajaar dit Samy. Les évènements commencent à Lyon en 1967. Né en France de parents algériens, Samy rêve depuis son enfance de visiter l'Amérique. Son père déteste ce continent et lui interdit d'y mettre les pieds. « Il se demandait s'il n'était pas temps de rentrer au pays d'origine afin de sauvegarder les braises de culture authentique qu'il nous restait encore » (p.21), dit Samy à propos de son père obsédé par le retour.

Des années plus tard, Samy fonde sa propre famille. Il s'éloigne du nid familial, de son père. Mais l'ennui ne tarde pas de l'envahir : il fuit sa famille, son entourage, et s'isole de plus en plus. le rêve de l'Amérique renaît de ses cendres d'enfance. Et c'est ainsi qu'il se trouve du jour au lendemain à Los Angeles, laissant derrière lui sa famille, ses parents, et les souvenirs de Lyon. Dans cette Amérique secouée par la campagne électorale d'Obama, il est à la recherche du bonheur, de ses repères, et de lui-même. Enseignant à l'UCLA (Université de Californie à Los Angeles), il éblouit les étudiants, les exilés, mais surtout la belle Jane. Tous les ingrédients se présentent à Samy pour réaliser l'objectif de sa quête. Cependant, l'ennui le rattrape à nouveau. Il se réfugie alors dans la solitude. Souvent, il soliloque face au fantôme de son père, son seul amour, le centre de sa vie. « Pauvre papa qui m'aimait trop. (…) J'étais une branche, lui mes racines »(p.25), dit-il. Une question existentielle, mêlée au dilemme, taraude Samy : rester ou rentrer chez soi pour retrouver le fantôme de son père emporté déjà par la mort. Les racines l'appellent en urgence et l'Amérique essaie de le retenir. A quelle force cèdera-t-il ?

Dans ce roman, Azouz Begag sculpte divers thèmes qui sont récurrents dans ses oeuvres. Il met d'abord la lumière sur l'identité et ses mystères. Ce thème est si complexe qu'il mène vers un labyrinthe thématique : l'immigration, le pays natal (Algérie), l'intégration (Lyon), l'exil, le retour, l'altérité… le personnage central Samy est le miroir de cette complexité : un homme relégué entre Lyon, l'Amérique, et l'Algérie de son père. « Il (son père) redoutait de m'avoir transmis le virus de l'exil », dit-il (p.12). le voyage vers l'Amérique permet de découvrir l'Autre et soi-même ; l'auteur trame par ce duel spatial une réflexion sur l'identité/altérité dans les deux rives (France-USA). L'auteur fait en outre l'éloge de la diversité. Pour cela, il emploie divers procédés : changement d'espaces (Lyon, Algérie, Amérique…), cohabitation des nationalités, et brassage des codes linguistiques tels que le français, l'anglais, le dialecte lyonnais, et le dialecte algérien.

Par ailleurs, le thème central qui traverse ce roman est celui du père. Il représente les racines, le retour au nid. le quitter, c'est être perdu. Se chercher, c'est d'abord chercher son père. La mère est effacée dans le roman. Après sa retraite, le père de Samy voulait rentrer en Algérie pour se retrouver. En Amérique, Samy pense obstinément à son papa pour se retrouver. Un jour il a dit à sa femme que s'il devait choisir entre son père et elle, il choisirait son papa. Sans lui, il est perdu. Un poème nostalgique traverse le roman : Heureux qui comme Ulysse de Joachim du Bellay qui évoque le retour aux racines. Sans père, Samy est un Ulysse perdu. « Ulysse, lui, avait Athéna pour le guider. Moi, j'avais eu mon père pour me freiner et certainement me pousser à la faute » (p.225) soliloque-t-il. le seul moyen de le retrouver et donc de se retrouver : le soliloque.

A l'intérieur d'une fiction, Azouz Begag insère énormément de fragments autobiographiques. Ce qui qualifie ce roman, comme le précédent, d'autofiction (autobiographie mêlée à l'imaginaire). Divers éléments illustrent ce choix. Ainsi, beaucoup de faits et de dates sont identiques dans les deux pôles, le roman et la vie de l'auteur. Par exemple, l'écrivain, comme son personnage Samy, est lui-même né à Lyon en 1957 de parents algériens et avait 10 ans en 1967 ; il a enseigné à l'UCLA ; et aime écrire. « Ainsi, démarra ma vocation d'écrivain » (p.38) dit Samy. C'est donc le vrai Azouz Begag qui se cache derrière un Samy Ajaar en papier.

Pour les passionnés de la littérature comparée, La voix de son maître est un choix propice. Il a de grands points communs avec d'autres romans. D'abord, il rappelle Au pays (Gallimard, 2009) de Tahar Ben Jelloun. Ce roman relate l'histoire d'un chibani marocain qui, après sa retraite, retourne au pays natal pour se retrouver. Il rappelle aussi L'effacement (Barzakh, 2016) de Samir Toumi. Ce roman raconte l'histoire d'un quadragénaire qui se trouve perdu, effacé, après la mort de son père. Cet orphelin dit : « Mon père vivait intensément et bruyamment autour de moi, si bien qu'il était constamment avec moi, voire EN MOI » (p.99). de son côté, Samy déclare : « Je réalisais que mon papa venait de partir en emportant avec lui une grande partie de moi » (p.249). En dépit des divergences, les trois romans reflètent l'attachement maladif aux racines.

En somme, avec une langue sobre et hybride, nourri d'humour, ce roman peint la douleur de ceux qui se trouvent perdus loin du père. C'est-à-dire loin des racines. Cette douleur est celle de l'écrivain Azouz Begag qu'il extirpe à travers une autobiographie romancée. La dédicace l'illustre clairement : « A mon père s'il se souvient encore de moi ». Elle est cependant commune à tous ces humains, partout dans le monde, qui soliloquent face au fantôme du père perdu, qui se cherchent entre Chez Nous et Là-bas, et qui n'ont qu'un seul moyen dans cette quête : le monologue. Les mots. Enfin, la perte du père est une maladie, voire un complexe, qui ravage les descendants et fait d'eux des Ulysse perdus.
Lien : http://www.lacauselitteraire..
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Un roman articulé autour de deux grandes thématiques : l'intégration des étrangers et le (désastreux) pouvoir de la communication de masse.
J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce récit que j'ai trouvé vaguement ennuyeux. Étrangement, c'est le personnage du père qui m'a le plus touchée : derrière ses principes, cet immigré algérien s'attache à être un homme droit, respectueux de ses origines et de son pays d'adoption ("le respect dû aux autochtones qui l'avaient accueilli."). Déterminé à 'intégrer, il s'efforce d'être "un migrant dans les clous". Les scènes où la famille découvre "ces salouprix à la tilifizioune" (on est dans les années 1960) sont hilarantes. Les Claudettes qui dansent à demi-nues et les publicités pour serviettes hygiéniques offrent, dans cette famille musulmane pratiquante "des images qui n'avaient pas duré longtemps, mais suffisantes pour traumatiser mon père à vie". C'est la fameuse "voix de son maître" qui va, au cours des décennies suivantes, imposer sa loi à des millions de foyers...

"La satiété de consommation" est justement la théorie phare de Samir devenu enseignant en sociologie : "Je travaille sur la Satiété de Consommation qui propose aux gens de les gaver, même quand ils sont rassasiés, de dépenser plutôt que de penser, même s'ils sont fauchés, vivre dans le bruit pour les empêcher de réfléchir, sucrer tous leurs aliments, sel et eau compris, pour les obliger à rester enfant à vie...". Et son Amérique tant convoitée, où l'on entretient "une angoisse de manquer qui nourrit l'obésité", offre les meilleurs exemples à ses recherches ! Pourtant Samir n'y est pas heureux.

Le personnage est quelque peu agaçant. Paranoïaque, il imagine le pire dans chaque situation (dès l'aéroport où il craint d'être pris pour un terroriste à cause de ses origines : "Depuis ma naissance, j'avais eu la frousse d'être algérien"...), ce qui évidemment ne manque pas de provoquer des incidents désagréables et l'empêche de véritablement s'intégrer. Seul, se sentant "invisible", Samir rumine, cauchemarde, hanté par le fantôme de son père qu'il imagine juger chacun de ses actes. Constamment sur le qui-vive, à vif, il s'enlise dans "le désastre des illusions perdues". Échaudé par une ultime déconvenue à l'université où il enseigne (l'UCLA, "à cinquante mille dollars l'inscription par élève, le recteur devait protéger ses clients, la réputation de son université"), il finira par convenir que "on ne peut échapper à celui qu'on doit devenir", autrement dit : "Non à la peur ! Oui au bonheur!", sachant qu'il se trouve tout simplement dans "tous ces petits riens qui font le quotidien des bienheureux" !
Lien : https://www.takalirsa.fr/la-..
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Azouz Begag plonge dans son enfance, son adolescence et sa jeunesse pour faire partager aux lecteurs l'éducation emplie de valeurs inculquée par son père, marocain, grand travailleur, ouvrier qualifié dans le secteur du bâtiment, respectueux de son pays d'accueil mais fermé au progrès et notamment à l'arrivée de la télévision dans la famille car il trouve cette fenêtre sur le monde subversive.
Son père rêvait de revoir Casablanca, Azouz Begag, lui rêve d'Amérique. Mais, une fois le sol américain foulé, ce dernier réalise que le rêve américain n'est qu'une chimère.
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J'ai commencé ce roman qui me semblait intéressant mais il m'est tombé des mains. J'ai vraiment eu du mal à entrer dedans. J'ai buté sur l'écriture, l'ambiance morose m'a plombée, et j'ai fini par laisser tomber. C'est sans doute dommage car peut-être qu'au fil des pages, ça ce serait délié mais je n'ai pas été accrochée. Rien ne m'a retenue pour m'inciter à continuer.
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Un jeune arabe français est fasciné par l'Amérique. Toute la première partie du roman, qui raconte la jeunesse du personnage, est très réussie. Malheureusement la deuxième, celle du séjour là-bas, est atrocement ennuyeuse et ratée.
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critiques presse (1)
Ricochet
13 juin 2017
Découpé en plusieurs parties et petits chapitres, l'ouvrage cocasse et grave à la fois se lit facilement. Peu importe que Samir soit un homme déjà mûr, ses interrogations parlent à tout âge.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
- Je travaille sur la "Satiété de Consommation" qui propose aux gens de les gaver, même quand ils sont rassasiés, de dépenser plutôt que de penser, même s'ils sont fauchés, vivre dans le bruit pour les empêcher de réfléchir, sucrer tous leurs aliments, sel et eau compris, pour les obliger à rester enfant à vie...
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- L'homme est un devenant, pas un revenant, alors il faut devenir sans lâcheté. Tous les chemins sont circulaires et ne mènent qu'à soi-même.
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On ne peut échapper à celui qu'on doit devenir.
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Un homme qui n'a plus de fou rire est un homme tari.
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Vidéo de Azouz Begag
A l'occasion du "Livre sur la Place" 2021 à Nancy, Azouz Begag vous présente son ouvrage "L'arbre ou la maison" aux éditions Julliard. Rentrée littéraire automne 2021.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2545393/azouz-begag-l-arbre-ou-la-maison
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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