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Plutôt que d'écrire une critique de ce magnifique roman, je vais plutôt reprendre l'incipit, car pour moi il résume parfaitement bien ce livre, à la fois sur le fond et sur la forme:
"Plus juste serait de dire que Romain Praisse et Louisa Makhloufi n'habitent pas la même ville.
A son arrivée en 2011, le premier nommé a trouvé à se loger quartier Saint-Paul, que la signalétique marron patrimoniale du vieux centre appelle quartier des Tisserands. Cependant qu'après trois ans dans un F2 de la Citadelle, cité bordée par la rocade nord, la seconde s'est encore excentrée vers une zone pavillonnaire dont Romain connaît seulement la bibliothèque qu'il a oeuvré à impliquer dans le projet Périculture inconnu de Louisa."
Romain et Louisa n'auraient donc pas dû se rencontrer et encore moins s'aimer, dans un contexte social très difficile qui aurait dû les opposer, et pourtant....
Entre violence sociale et histoire personnelle, ce roman coup de poing est profondément touchant.
J'ai également beaucoup apprécié le style de François Bégaudeau, plein d'ironie, pertinent, portant un regard acéré sur la société. On a parfois l'impression d'attendre une voix off (c'est sans doute son côté scénariste et réalisateur qui ressort) mais cela correspond bien au propos et cela fait ressortir la justesse de l'analyse sociologique qui sous-tend le roman.
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1ere lecture de cet auteur pour moi. le caractère social du roman m'avait interpellé.
La rencontre annoncée comme improbable de 2 personnes de classe sociale différente aussi et c'est d'ailleurs ce qui m'a intrigué.

Finalement, leur rencontre est très classique et je m'attendais à plus d'originalité.

Néanmoins j'ai tout de même apprécié ce volet social.
Le style de l'auteur est assez original toutefois mais je regrette une écriture un peu ampoulée qui peut rendre le texte inaccessible parfois.

Un bon moment de lecture mais sans plus
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Moi, j'aime bien François Bégaudeau. J'ai de l'affection pour lui depuis ma lecture de son bouquin sur Jagger (qui m'a fait aimer les Stones, c'est pas rien comme cadeau).
Ici, pas question de musique (ou très peu). Mais le style est le même, en plus poussé – quinze ans de pratique supplémentaire – : à l'os, simple, sans presque de ponctuation. Et le ton de même : on force, on abuse, on caricature avec tant d'effronterie que ça en devient drôle.
Le style et le ton de Bégaudeau, c'est ce que j'aime le plus chez lui.
Le propos ? Aussi, bien entendu. Je suis d'accord dans les grandes lignes et trouve qu'il vise juste. Même s'il vitriole avec plus de drôlerie et de finesse le bobo que la prolo. Sans doute y a-t-il plus de matière me direz-vous.
Pourtant les personnages restent un peu désincarnés (ce qui est normal, il les présente comme des archétypes) et trop peu aimables pour totalement emporter le morceau.
On peut décrypter la réalité des relations sociales dans une société qui se pense affranchie des classes et insuffler un peu plus de vie dans ses protagonistes. Sauf à dire qu'on est de sa classe et rien d'autres, Bégaudeau le pense. Moi, je préfère me réfugier dans le déni.
Lien : https://www.tristan-pichard...
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En guerre. C'est la déclaration faite par les hommes politiques après les attaques terroristes subies par la France ! Et si la guerre, dans notre pays, se situait ailleurs, à un autre niveau. C'est le parti pris par François Bégaudeau dans cet opus.
Louisa et Romain n'aurait jamais dû se rencontrer… Ils ne vivent pas dans la même ville, ne fréquentent pas les mêmes milieux, n'ont pas d'intérêt communs. Si on veut aller vite on peut dire que Romain est d'un milieu plutôt aisé et cultivé alors que Louisa évolue dans un milieu pauvre, collectionne les boulots précaires et n'est pas particulièrement cultivée.
Louisa vit avec Cristiano, tout semble aller pour le mieux. Louisa travaille dans un entrepôt d'Amazon, Cristiano travaille depuis plus de vingt ans à Ecolex. le fragile équilibre est rompu lorsque l'usine où travaille Cristiano est vendue et tous les salariés licenciés.
C'est un coup dur pour la région mais surtout pour Cristiano. L'oisiveté le ronge, il n'envisage pas un autre emploi que celui qu'il avait et peu à peu la dépression s'installe…
Bégaudeau nous fait partager la vie de ce couple qui est lentement détruit par la violence de cette vie devenue difficile, précaire. Il nous immerge dans ce qui est la vraie guerre de notre société, dans un monde violent qui ne respecte pas l'être humain.
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C'est intéressant, mais "intéressant" est un mot fourre-tout que j'essaie d'éviter. Peut-être est-ce un livre que j'aurais dû éviter.
Il est question de la rencontre improbable d'un chargé de mission culturelle d'une ville de province et d'une intérimaire chez Amazon mariée à un ouvrier licencié. Deux mondes qui se tolèrent, et qui ici s'attirent. Oui, mais jusqu'où ?
Le contexte est plus dense que l'intrigue. Bégaudeau prend plaisir à disséquer la France périphérique, entre sa classe ouvrière bradée, sa jeunesse précarisée, ses petits bobos endogames, avec en toile de fond, les attentats terroristes et l'élection présidentielle de 2017. Il n'y a franchement pas de quoi s'éclater dans cette France-là.
Ca m'a fait penser à du Houellebecq, mais avec moins de cynisme et plus d'indulgence pour le genre humain ; mais le constat sociétal est tout aussi déprimant. La justesse de ses observations est dérangeante, et j'ai eu davantage l'impression de lire une note analytique qu'un roman. le style, froid et distant, m'a perturbée.
Peut-être que dans 30 ans, je relirai ce livre avec nostalgie, attendu qu'il est un témoignage lucide de notre époque. Mais en attendant, je préfère la fiction, la vraie.
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Quand la sociologie tue le roman.
En Guerre se présente comme un roman. En réalité, il s'appuie fortement sur une sociologie facile reposant sur une opposition entre riches et pauvres, entre bourgeois et prolétaires, entre l'élite et la masse, entre dominants et dominés, entre français de souche et français d'origine étrangère. Rien de bien nouveau sous le soleil pour un livre publié en 2018!
Dès les premières pages, on s'aperçoit que ce roman n'est qu'un prétexte pour une analyse sociologique de la société française de ce début de siècle. En effet, les personnages n'ont pas de consistance au-delà de leur rôle représentatif : le riche et la pauvre, l'intellectuel et la manuelle, l'orateur et le fruste, l'élégant et le passe-partout, le leader et le suiveur. Ils figurent chacun une sorte d'idéaltype cher à la sociologie. Il faut attendre le dernier tiers du livre pour voir évoluer un peu cettesituation et encore de façon totalement irréaliste et invraisemblable ! Ce roman sociologique devient très vite une sorte de sociologie romanesque où le narrateur adopte une attitude froide, scientifique, totalement déconnectée du déroulement de l'action et de la psychologie des personnages. Ce n'est plus la sociologie qui se met au service du roman, c'est le roman qui vient illustrer la sociologie de l'auteur. A cette fin, il utilise souvent une théorisation excessive et agaçante, ce genre de généralisation ne facilitant pas l'empathie pour les acteurs du drame. Cette « mise en scène » se met au service d'une idéologie très gauchiste (d'extrême-gauche) qui cherche davantage à persuader le lecteur de la supériorité de sa logique radicale qu'à faire vivre et humaniser ses personnages.
On aura compris que je n'ai pas particulièrement apprécié ce livre tant dans la lecture d'un texte sec et sans grande surprise (même si je suis allé jusqu'au bout !) que par le message qu'il veut faire passer à tout prix et qui se révèle bien pauvre et bien conventionnel si on se place du point de vue de François Bégaudeau. Cependant, En Guerre est, malgré tous ses défauts, sauvé du naufrage complet par son pessimisme intellectuel assumé et par son humour grinçant et décapant à l'égard des responsables de relations humaines ou de certains intellectuels utilisant facilement des phrases stéréotypées comme moyens de pensées. Mais, en fermant ce livre tel qu'il est, on ne peut s'empêcher de poser la question (sociologique pourtant !) : Où sont passées les classes moyennes pourtant si largement majoritaires en France ?

Lien : https://www.lexpress.fr/cult..
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Un peu à distance ( j'ai lu ce livre il y a environ un an ), je commente avec grand plaisir. La langue de l'auteur, c'est une langue acérée et juste. Elle fait état, le lecteur fait ce qu'il veut de son contenu et des messages qu'elle transmet. Pour moi, Louisa m'a touchée comme une vieille copine oubliée, j'ai été secouée par son gars qui, à défaut des mots et du pouvoir dire, engloutit son existence dans une non-vie et un passage à l'acte d'une violence inouïe. Romain, c'est un bobo sympa, avec l'intelligence de l'adaptation, un recul et une analyse toujours en alerte. Des mondes qui se télescopent alors que rien ne prédispose aux rencontres: aucune valeur commune, aucun quotidien partagé, aucune ligne de bus dans laquelle se croiser, aucun carré d'herbe où s'asseoir côte à côte. Et pourtant... Quelque chose prend et fait fureur dans leurs vies. Bouleversements, renversements, éclatement, oui finalement c'est le mot qui me vient.
L'éclatement des mondes, de notre monde. Je conseille vivement cette lecture.
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Le dernier roman à ce jour de François Bégaudeau vient de sortir en poche chez Folio et mérite à coup sur le coup d'oeil.L'auteur d'Entre les murs imagine dans une société broyée par la violence des entreprises et l'impact du capitalisme sur nos histoires du quotidien et a fortiori nos histoires d'amour

C'est avec un ton décalé et toujours souvent ironique que François Bégaudeau sonde le le clivage de nos a représentations à travers l' histoire d'amour a priori impossible entre Louisa, fille de femme de ménage qui cumule CDD et missions d'Intérim et Romain, formation en lettres sup, trqui travaille comme chargé de mission dans une thématique culturelle au sein d'une collectivité territoriale.

Louisa va se plonger corps et âme dans cette histoire d'amour adultérine , quitte à délaisser quelque peu son compagnon, Cristiano, qui , récemment licencié suite à une délocalisation, préfère s'adonne avec ferveur aux paris en ligne.

"On ne dilapide pas en deux semaines ce qu'on a élaboré en soixante ans, dont dix-huit avec sa pomme. On ne meurt pas comme ça d'une seconde sur l'autre. Ça c'est bon pour le gibier d'eau tel qu'abattu par son grand-père. »

C'est avec un ton mordant et souvent ironique- mais qui échappe au cynisme dans lequel on l'a souvent enfermé- que François Bégaudeau observe ses protagonistes s'ébattre et s'abattre.

Au demeurant, il livre une charge subtile et tout en détachement les effets de l'ultra libéralisme- sa charge contre les conditions de travail chez Amazon est assez piquante- tout en insistant sur le déterminisme social dans lequel les deux protagonistes de cette romance surtout pas à l'eau de rose évoluent.

Intelligent et parfaitement maitrisé !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Par-delà le social, par-delà les classes, par-delà leur éloignement géographique, politique et culturel, Romain et Louisa s'aiment. le corps à ses raisons que la raison n'a pas : le sexe et le désir brouillent les frontières ou alors excitent la frontière.

Les premières pages m'ont fait penser, en moins bien, à l'univers de Mordillat mais dans ce roman il y a la place pour la rencontre improbable. A lire.
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Curieusement, je n'avais encore jamais lu Bégaudeau. de ces auteurs se frottant à la société afin de mettre en lumière ses mécanismes sous-jacents, il ne pouvait pourtant que susciter mon intérêt. Après l'avoir (trop) brièvement entendu au récent salon Fnac livre et dans la perspective de son prochain passage dans l'une de mes librairies préférées, il n'était que temps de le découvrir...

Louisa et Romain habitent la même ville. Peu de chances, cependant, qu'ils se rencontrent, et moins encore qu'ils se fréquentent. D'entrepôts Amazon en centres d'appels, de chaînes de fastfood en chaînes de montage, Louisa, fille de femme de ménage - d'agent d'entretien, dirait-on plus volontiers aujourd'hui - enchaîne CDD et missions d'Intérim, tandis que l'homme qui partage sa vie se retrouve sur le carreau après la fermeture de l'usine qui l'employait.
Romain, ancien élève de lettres sup, travaille quant à lui sur un projet de «décloisonnement» de la culture au sein d'une collectivité territoriale. Deux mondes, donc, deux personnages aux formes de sociabilité, aux pratiques culturelles et jusqu'au langage diamétralement opposés. A la faveur d'un accident de parcours, Bégaudeau va pourtant les mettre en contact.

Vous vous en doutez, on ne vas pas assister à une romance sur le motif de l'amour triomphant de tous les obstacles et de toutes les vicissitudes : Begaudeau n'a pas cédé à la mode des feel good books ! Il observe au contraire avec acuité tout ce qui, dans la relation intime de ses deux personnages, se dresse constamment entre eux, depuis leurs systèmes de valeurs respectifs jusqu'aux plus petits détails de la vie quotidienne, ceux-ci n'étant que le reflet de ceux-là. le cadre social dans lequel ils évoluent n'est pas un arrière-plan servant de décor. C'est au contraire ce qui détermine leurs choix, leurs actes, leur psychologie. Et Bégaudeau ne se prive pas d'appuyer là où ça fait mal.

Le trait pourrait d'ailleurs paraître un peu forcé, n'était l'humour - certes acide - que recèle ce texte. Tous les personnages, y compris secondaires, sont enfermés dans des schémas qu'ils s'attachent soigneusement à légitimer et à perpétuer à travers des discours dont l'absurdité donne parfois le vertige. Ainsi de cette DRH en charge de la liquidation d'une usine - et donc de ses salariés - qui «n'impose jamais (mais) obtient le consentement», conformément aux préceptes fondateurs du «management motivationnel», «l'art (étant) d'amener le collaborateur à comprendre ce qu'il ignore qu'il veut», entendez : quitter l'entreprise (comme) sa baisse de rendement le crie...
Cet habillage linguistique dont on revêt aujourd'hui tout ce qui nous semble trop trivial et qui donne aux plus grandes violences faites aux individus les apparences de la bienveillance est admirablement mis en évidence, et c'est sans doute l'un des aspects les plus convaincants de ce roman, que j'ai trouvé vraiment intéressant et que j'ai vraiment apprécié de lire, notamment pour le côté incisif de son écriture. Est-ce sa fin quelque peu surprenante, ce livre me laisse néanmoins un sentiment étrange que je ne parviens pas encore à définir. J'attends donc avec la plus vive impatience d'entendre l'auteur, à l'occasion d'une rencontre qui s'annonce tout à fait passionnante !


Lien : https://delphine-olympe.blog..
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