Ce roman historique et sentimental, parfois un peu mièvre à mon goût, a deux mérites.
Le premier est d'aborder, même si beaucoup d'autres l'ont déjà fait, l'extrême violence qui s'est abattue sur les Indiens d'Amérique lors de la colonisation. On estime à 14 millions le nombre d'indiens tués lors de ces guerres de conquête. Pour mettre en mots ce génocide,
Amy Belding Brown s'inspire de l'histoire vraie de
Mary Rowlandson, une mère de famille installée dans une communauté puritaine et kidnappée par les Indiens avec trois de ses enfants.
Sous l'émotion de l'enlèvement et avec le chagrin de la mort de sa fille et de sa soeur, elle va d'abord envisager son enlèvement comme un esclavage et vouer une haine profonde aux Indiens, celle que son milieu lui a enseignée . Mais rapidement, elle va évoluer pour eprouver de l'empathie pour ce peuple massacré et de l'admiration pour leur courage et leur mode de vie.
Le deuxième mérite du roman est de mettre en scène une femme qui va peu à peu se libérer de ses chaînes. Habituée à l'emprise de sa communauté religieuse et à l'emprise de son mari, elle va découvrir avec stupeur la liberté et le pouvoir dont jouissent les femmes de la tribu. le droit d'exprimer des opinions, de circuler librement, de gérer soi-même les tâches de la journée !
Autre révélation, la spontanéité dans les manifestations d'amour accordées aux enfants et la liberté dont ceux-ci jouissent également.
Au contact de cette tribu, elle evoluera comme femme et comme mère.
Sa sexualité sera même évoquée, avec une retenue hélas trop pudibonde pour notre époque, comme un droit pour les femmes d'éprouver du désir et de revendiquer le droit au plaisir.
Bien malgré elle, en échange d'une rançon, elle retrouvera finalement sa communauté et son mari. Et de nouveau s'accomodera de sa condition, en imposant quelques aménagements inspirés de son expérience.
L'auteure reconnaît dans ses notes avoir fictionne le retour de Mary. Rien ne prouve en effet qu'elle ait pris publiquement la défense des Indiens, et ce n'est pas le témoignage, remodelé par des hommes de pouvoir et de religion pour en faire un recit à la gloire de Dieu, qui pourrait nous le laisser présager.