AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de uaeroffat


Alors que je venais d'entamer la lecture de ce Vingtième Siècle, j'ai aperçu dans le Monde des Livres le "feuilleton" de Tiphaine Samoyault… qui y était consacré. Aïe ! ai-je pensé, voilà qui augurait mal de la suite : le roman ne pouvait donc être que difficile d'accès. Impression confirmée.
°
Pour autant, j'apprécie Aurélien Bellanger, dont j'ai lu tous les romans, parfois plusieurs fois, et toujours avec un plaisir renouvelé. Comment définir son style ? du lyrisme intellectuel ? Un Houellebecq joyeux ? (Houellebecq à propos duquel Bellanger a écrit un essai de critique littéraire sous-titré "écrivain romantique", qui l'a inspiré jusque dans ses titres, L'Aménagement du territoire versus La Carte et le Territoire).
°
Je me suis refusé à préparer ma lecture en allant sur le web me documenter sur Walter Benjamin. Et comme ma culture en philosophie est misérable – niveau Terminale, et encore ! – je n'ai pas compris grand-chose à ces 39 documents apocryphes (dixit le Monde des Livres) qui seraient écrits "à la manière de" Gide, Adorno, Scholem, mais bien plutôt à la manière d'Aurélien Bellanger – ce que je préfère, m'étant borné à apprécier la qualité de ses phrases, cette façon de mettre en scène des illuminations, petit pastiche (de ma plume) : « Et c'est là que je compris en un instant que la totalité du monde tenait dans ce pilier de béton architectonique, pilier de béton dressé vers la coupole de la BNF, coupole que je vénérais désormais, à ceci près que le monde lui-même, dans sa frénétique totalité, ne comblait qu'une partie infime de mes interrogations, interrogations que je renouvelais sans désemparer. » (voir une vraie citation du livre, de sa page 410, que j'ai ajoutée à la fiche du livre)
°
Fort heureusement, les 39 textes sont entrelardés des épisodes des aventures de trois intellectuels (Edith, une philosophe universitaire, Ivan critique de cinéma et Thibault, architecte) avec quelques scènes picaresques typiques de Bellanger, dont ce séjour dans une ZAD où, exalté, Ivan construit un sténopé (!), sabote un relais de téléphonie avant de subir les assauts de la police… Tous ces épisodes mènent à un final très bellangien (sinon benjaminien) lors de l'exploration de la coupole de la BNF Richelieu, où sera découvert le livre que vous tenez entre les mains – ou peu s'en faut – mise en abyme qui a émerveillé Tiphaine Samoyault, même si le procédé m'est apparu "téléphoné" dès les premières pages, mais je ne suis pas critique littéraire, vous l'aurez compris.
°
Conclusion ? Lisez ce roman si vous êtes, au choix, (1) un philosophe ou critique littéraire de haut vol, (2) un inconditionnel de l'auteur, et en particulier de ses chroniques sur France Culture, regroupées dans La France, un recueil que je rouvre régulièrement, chaque chronique n'occupant que deux pages, et dans lesquelles Bellanger est capable de nouer des liens entre absolument tout et n'importe quoi, avec ce lyrisme intellectuel évoqué en commençant, lyrisme qui lui permet de parler dans une même envolée des aventures de Bob Morane et de la recherche fondamentale en biologie moléculaire…
°
J'arrête là car je crains, soudain, de m'être métamorphosé en l'anamorphose de l'auteur lui-même, dans une double mise en abyme inexpliquée autant que soudaine…
Commenter  J’apprécie          101



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}