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sur 405 notes
J'ai bien aimé lire ce roman qui plonge le lecteur dans la Marseille d'aujourd'hui, dans la vraie vie. Mes lectures habituelles ont pris un coup de vieux de ce fait, mais il faut vivre avec son temps. L'auteur nous parle de son environnement personnel ; on sent que ça le touche directement. On sent un parfum de nostalgie flotter dans les ruelles du Panier. Malgré une certaine drôlerie mêlée d'une acidité réelle, j'ai perçu une atmosphère ghettoïsée qui est bien celle du quartier où vit ma tante. Pour moi, une lecture que je dirais « humanisante ».
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Ils sont cinq, cinq potes qui, dans les années 90, grandissent dans les ruelles du Panier à Marseille. Une époque où dans ce quartier métissé se croisaient des comoriens, des tunisiens, des algériens ou des portugais, le quartier populaire historique avant qu'il ne soit vidé de ses habitants pauvres, repoussés vers les quartiers nord, au profit des touristes et des parisiens. On y suit Stress, seul blanc de la bande, entoure de Nordine, Ichem, Djamel et Ange. Une époque d'insouciance pour ces cinq ados qui tuent leur temps entre virées à la plage, sorties en boîte et petites combines ou grosses embrouilles.
A l'aube de la quarantaine, Stress, artiste un peu loser qui tente de percer dans le microcosme culturel, revient dans sa ville et mesure l'impact des ans sur ses potes, mais aussi sur sa ville et son quartier, gagné par la gentrification et peuplé de bobos parisiens, les «Venants ».
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Dans ce premier roman, où alternent les époques, @belshadrien dresse un portrait haut en couleur de sa ville. Une ville «vraie », réaliste, loin des clichés de cartes postales. Une ville où les odeurs de poubelle se mélangent à celles des vendeurs de brochettes, où les voix portent, où pour se sentir intégré on arbore des vêtements de marque. Mais aussi un portrait sans concession de cette ville rongée par la précarité, la délinquance et la violence.
Porté par une plume vive, acérée, par des dialogues bruts, tranchants c'est enfin le portrait d'une génération et la critique d'un système qui laisse une partie des siens sur le bord de la route.
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Une roman loin de mes lectures habituelles, qui m'a un peu déroutée par son absence de fil conducteur et par son absence de chronologie mais qui m'a séduite par sa sincérité.
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Ce livre, qu'on ne présente plus, n'est pas seulement un livre sur la ville de Marseille, c'est une langue que je n'avais encore jamais lu, c'est une manière de faire vivre une expérience, que je n'avais encore jamais vu. Cet auteur a fait très très fort et il représente pour moi une nouvelle littérature française. Je comprend pourquoi certaine personne sont passés à côté. Une telle manière de manier la langue, tellement nouvelle, ne peut pas être comprise par tous.
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Dans ce livre, on se plonge dans les souvenirs de Stress et de sa bande de potes. Il vivait dans le quartier du panier à Marseille, dans les années 90. Ce quartier a subi une forte gentrification, et est aujourd'hui considéré comme un quartier à tendance bobo alors qu'avant, c'était le quartier des personnes immigrées. Stress a vécu cette transformation de l'intérieur. Avec beaucoup de véracité, il contraste ses souvenirs de jeunesse avec les nouveaux arrivants appelés les "Venants".
Écrit comme si on parlait, ce livre est frappant de vérité et de vie.
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En lisant certaines critiques je me dis que le livre a été lu par des "venants". Ce livre est un bijou, une madeleine de Proust universelle pour les personnes qui ont grandi dans les quartiers (peu importe où) comme moi. C'est bizarre comme on peut s'accrocher à nos souvenirs crasseux. Certainement parce qu'ils font de nous ce que nous sommes aujourd'hui et comme Stress on sera toujours en décalage avec les autres en dehors de notre aquarium finalement.
On sera toujours la jeunesse de la cage d'escalier, les voisins de Mme Zitouni qui nous balançait des seaux d'eau quand on parlait trop fort sous sa fenêtre, les zonards devant le Prisunic. On a regardé nos copains d'enfance avec cette lumière froide en voyant ce qu'ils devenaient. On est le/la collègue raffraichissant.e à qui on demande des anecdotes du monde d'en bas. Merci Hadrien Bels, je me suis replongée dans mon enfance, j'ai adoré cette écriture de celui qui n'a rien à perdre, tout à gagner et qui emmerde tout le monde.
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L'auteur nous plonge dans le Marseille des années 90. le narrateur est surnommé Stress, un petit blanc. Ce jeune nous raconte avec son franc-parler sa vie dans un quartier, « le Panier ». Un portrait haut en couleur dans un langage imagé et poétique, avec humour et autodérision.
Connaissez-vous le mot « venants » ? Il désigne les « bobos » à Marseille.
« En bas de la place, y a toujours quelques Venants qui tirent sur leur tabac à rouler et sirotent leur mauresque. Ils « prennent l'apéro au Panier. » Prendre l'apéro en bas de la place de Lenche, c'est comme aller à la piscine et rester accroché aux bords. Y t'arrivera pas grand-chose. »
Stress vit avec sa mère, Fred, professeure de beaux-arts. Il raconte ses sorties avec sa bande de copains, les 400 coups qu'ils font ensemble. Puis comment l'un après l'autre quitte le quartier. On le retrouve adulte, essayant de trouver un financement pour tourner un documentaire sur son quartier d'enfance, sur la gentrification.
« Prends une photo de classe dans une école maternelle du Panier d'aujourd'hui et une photo de la même école il y a 30 ans et tu verras ! Pratiquement plus aucun Arabe ou Noir. C'est comme si on avait effacé un écosystème, tranquille, en silence. »
Le titre, « cinq dans tes yeux », fait référence à une expression pour se protéger du mauvais oeil.
J'ai beaucoup aimé cette écriture parlée et imagée, avec ses expressions, son argot.
« On est passés devant l'arrêt du 83, le bus des plages. L'été, à l'intérieur, c'était une paëlla. le peuple s'y entassait et le bus dégueulait toutes sortes de maillots de bain colorés à chaque plage de la Corniche. »
L'auteur aborde aussi le sujet du sida, des immeubles insalubres qui se sont effondrés, de la délinquance, de la drogue.
Avec nostalgie, Stress vit dans le Marseille de son adolescence et voudrait le faire revivre avec son film. En attendant il est caméraman de mariage arabe. Pour se faire un peu d'argent, il loue son studio à des touristes et dort chez sa mère.
Ce roman est déclaration d'amour à Marseille, un régal !
Lien : https://joellebooks.fr/2021/..
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Je suis un peu colère contre les éditions L'iconoclaste. J'ai lu [book:Liv Maria|53494197] cette année également, et je l'ai trouvé vraiment moins bon que Cinq dans tes yeux et comparé à ce dernier, il ne dit pas grand chose.
Or, j'ai vu une publicité incroyable pour cet ouvrage dans le métro parisien, et je trouve personnellement, que le roman d'Hadrien Bels aurait mérité d'avoir plus de visibilité.

Certes, le style de l'auteur est un peu désagréable au début du roman, les phrases courtes qui s'enchaînent nous donnent l'impression que le narrateur (auteur?) a du mal à se livrer, à raconter. Mais ensuite, le flot des mots coule plus librement et c'est le flux des souvenirs de Marseille qui nous est raconté. Pas seulement d'un point de vue passéiste et nostalgique, le roman amène une critique vive et faite de caractérisations fines de la gentrification à l'oeuvre dans la cité phocéenne.
Il n'apporte pas de pistes de solutions mais dresse un portrait honnête du fossé entre les classes sociales qui se creuse et des conséquences de l'exclusion.

Ce roman témoignage porte le message de son auteur, dont on aimerait pouvoir entendre à nouveau la voix par la suite. Sait-on jamais ?
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Mais ce jeune auteur est génial !!! Ça faisait longtemps que je m'étais pas autant éclaté à lire un livre. A me marrer et parfois à pleurer. Honnêtement, la dernière scène j'en ai encore des frissons. Une vraie langue comme on dit, ça dépoussière franchement le paysage de la littérature française. Et puis attention, le roman, mine de rien, aborde tellement de thèmes important, c'est hyper dense comme livre. Vraiment, un sacré coup de coeur, comme j'en avais pas eu depuis longtemps.
PS : Je suis pas marseillais, et vous voulez que je vous dise je n'y ai jamais mis les pieds. Et Pourtant ce roman m'a transporté. C'est aussi à ça que sert la littérature.
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On ne présente presque plus ce premier roman remarqué. Cinq dans tes yeux, déjà, est un livre drôle. Ce qui est suffisamment rare, dans le champs littéraire, pour qu'on le signale. Et ce bouquin n'est pas juste drôle pour l'être. Gratuitement. Il est acide, il est puissant et sa langue est tout à fait nouvelle. On sort de ce que l'on a l'habitude de lire. Et quand je lis certaines critique, il semble que certain soient dérangés. Ils veulent une histoire, de la profondeur de personnage. Mais ils ne comprennent pas qu'ici, le personnage c'est Marseille ? Et rare sont les livres qui mettent autant en scène une ville. Si bien qu'au file des pages on la sent, on l'écoute. Mais ce livre parle aussi de déterminisme sociale, de gentrification, du replis communautaire, du rapport compliqué dans le couple, du pouvoir de la culture subventionné... Oui ce livre est absolument génial, tout en faisant croire qu'il est léger. C'est qui peut être déroutant c'est qu'il peut avoir énormément de sens de lecture. Pour moi, c'est le genre de bouquin que l'on ne lâche pas et qu'on lit d'une traite, tout en étant dans le regret que l'on va bientôt le terminer. Beaucoup plus qu'un coup de coeur !
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Les éditions L'Iconoclaste m'ont de nouveau conquise avec un premier roman qui dépote ! En effet, à travers ces pages, nous naviguons entre deux époques dans la jolie ville de Marseille, où la nostalgie envahit ces personnages hauts en couleurs et accapare le lecteur. Dans ce livre, vous ne trouverez pas une intrigue à proprement parlé, mais plutôt des chapitres remplis de souvenirs, d'anecdotes, de pensées, de faits concernant la vie de Stress et l'évolution de la ville de Marseille, de sa jeunesse à sa vie adulte. L'auteur retranscrit avec justesse, avec des mots vifs, les sentiments qui touchent Stress, la colère, l'amertume, l'amitié, l'amour, les désillusions, etc où certains passages sont vraiment touchants. La plume de l'auteur est une belle découverte, elle est assez familière et tranchante mais possède également une grande pointe d'humour, ce qui est fort agréable. Cet ouvrage change de mes habitudes littéraires, et je dois dire que ce n'est pas déplaisant, bien au contraire ! Je vous recommande chaudement ce très bon premier roman de la rentrée littéraire 2020.
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