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3,83

sur 390 notes
C'est un roman à plusieurs voix, qui fait alterner le point de vue de tous les personnages avec parfois la même scène vue par plusieurs personnages à tel point qu'à chaque chapitre vous devrez vous concentrer pour savoir qui parle : Skender, un ancien mercenaire, qui a sombré et vit dans la rue, Max, homme à tout faire de Madame, Madame, la chasseresse qui vit des rentes de son mari défunt, Marion la femme de Skender dont il est séparé, Jordi et Dylan, les enfants du couple.

Lucas Belvaux installe un ambiance équivoque faite de tensions et d'ambiguïtés.
Skender, Madame et Max sont engagés dans le piège qu'ils ont établi et pour lequel, ils ont pactisé.

Leurs tourments génèrent un climat angoissant et revisitent l'amitié, l'amour, la parentalité.
On suit avec la remise en question des personnages qui évoluent à mesure que l'on s'approche de l'inéluctable dénouement de la chasse.

L'écriture est sans fioriture, sèche, directe et efficace.

Cinéaste, Lucas Belvaux avait peut-être en référence le film “Les chasses du comte Zaroff”. Son livre est pourtant différent de ce que j'ai déjà lu.
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Chronique d'un coup … en plein coeur
♫ C'était sur la terre africaine,
Un régiment dont les soldats, dont les soldats
Sont tous des gars qu'ont pas eu d' veine,
C'est la légion et nous voilà, et nous voilà!
Pour ce qui est d' la discipline,
Faut êtr' passé par Biribi par Biribi!
Avoir goûté de la praline,
Et travaillé du bistouri du bistouri ♫

Deux anciens légionnaires se retrouvent au hasard, et l'un va proposer à l'autre un bien étrange marché que l'autre ne pourra refuser. Impossible d'en dire plus, sans dénaturer l'histoire. Juste vous dire qu'il s'agit d'un conte complétement amoral, dans un monde très violent, où des gens en proie aux doutes tentent de survivre en conservant leur honneur et leur dignité.

C'est une écriture incisive, en uppercuts, pas de côté et esquives. Des phrases très courtes comme des respirations saccadées, une tension qui se déploie de page en page. Pas de longs développements, on est véritablement dans l'action, crochets, directs et coup du droit. Sans oublier le ventre mou, avant le round final, qui met tout le monde KO.

Peut-être aussi une écriture très belge, à placer entre l'improbable « manuel de survie à l'usage des incapables » de Thomas Gunzig et les oppressants «débâcle » de Lize Spit et « la vraie vie » d'Adeline Dieudonné ?
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Une explosion ! Oui, ce roman a commencé par un fait vraiment hors du commun, qui a fait pétiller mes neurones : Skender et Max, deux anciens légionnaires puis mercenaires, se retrouvent pas du tout par hasard. L'un, marié et père de deux enfants, est devenu clochard, l'autre s'est mis au service de « Madame », une bonne femme complètement allumée au passé incendiaire. Celle-ci adore la chasse, mais voudrait autre chose que l'habituel gibier : l'homme. Skender fera un bon gibier contre un contrat rémunérateur en bonne et due forme. Il lui reste six mois pour s'entrainer.

Donc une première partie explosive. Mais la suite, les six mois en question, m'ont relativement éteinte et paradoxalement énervée.
Eteinte car finalement l'auteur, en voulant décrire le changement psychologique de chaque personnage, y compris de la femme et des enfants de Skender, se répète et se répète. Ah ça oui, il connait les synonymes qui claquent. Mais à la longue…
Et puis j'ai l'impression qu'il aligne des platitudes. Oui, l'amour, les enfants, l'engagement, l'amitié, c'est important. Oui, l'être humain change.
Enervée aussi par son style : rien que des phrases très courtes, au rythme haché, presque pas de paragraphes. Heureusement que les chapitres sont courts et que le narrateur change chaque fois.
Et puis la fin…pfuit

Me voilà à la fin de cette critique d'un roman qui, somme toute, avait allumé la mèche pour un spectacle exceptionnel, et puis qui a fini en pétard mouillé.

3,5 étoiles quand même parce que je crois en l'auteur, c'est son premier roman, mais c'est un cinéaste confirmé ! (« Des hommes », « Pas son genre », « 38 témoins » etc. font partie de son excellent palmarès).
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Skender et Max ont autrefois combattu ensemble sur les théâtres d'opérations extérieures et en sont tous deux revenus profondément marqués et abîmés. Skender s'est peu à peu marginalisé, quittant à regret femme et enfants au profit de l'alcool et des cachets. Max de son côté a trouvé refuge comme secrétaire-homme à tout faire de Madame, richissime veuve.

Quand Max retrouve Skender, c'est pour lui proposer un contrat original : la fortune, immédiate et durable contre sa vie, à travers une dernière mission des plus inédites. Mais chut… Une occasion unique pour Skender de se racheter auprès des siens et de leur offrir une vie rêvée.

Ma lecture de Les Tourmentés de Lucas Belvaux avait mal débuté, incapable de m'enlever de la tête les références à Rafael derniers jours, de Mcdonald ou Goat Mountain de Vann. Et puis, petit à petit, le livre a su s'imposer et chasser ces pensées polluantes.

Car ce roman choral à quatre voix (Skender, sa femme, Max et Madame) monte progressivement en puissance, s'appuyant sur la psychologie des protagonistes qui vont tous voir en quelques mois, leur vie basculer et leurs certitudes questionnées.

Lucas Belvaux explore ainsi le thème de la rédemption et de la deuxième chance, questionnant tour à tour les notions de libre arbitre, de sacrifice, de contrat moral et des pouvoirs comparés de l'argent, qui délivre et libère, face à la famille, qui aime et pardonne.

« Tout le monde n'a pas la chance de se voir offrir une nouvelle vie. Je dois leur dire. Qu'ils sachent qu'ils n'ont rien à se reprocher, que je n'ai aucun mérite, juste la chance d'avoir aimé un type étrange capable de revenir pour réparer ce qu'il avait détruit ».

Une bonne découverte donc, toute en tension et en humanité, qui signe l'entrée en littérature d'un grand cinéaste belge que j'espère relire rapidement.
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Au plus j'avance dans ma découverte d'auteurs belges, au plus je suis étonnée du nombre de belles trouvailles. Il faudra que je lève un peu le pied car ma PAL en souffre et beaucoup d'autres livres d'autres pays m'attendent.

Le titre est très bien choisi pour chaque protagoniste car chacun s'interroge, analyse sa situation, croit trouver les réponses. Surtout lorsqu'il s'agit d'une chasse à l'homme. J'en entend parmi vous qui disent « Aïe, encore de la violence... », d'autres « Chouette, j'espère qu'elle sera bien sanglante ! ». Et bien si je vous disais que chasse à l'homme, il y a et violence, non. Ou d'une autre sorte que celle que l'on peut imaginer dans ce cas.

Skender est un ancien légionnaire, les guerres, il connaît et les souffrances psychologiques se répercutent dans son foyer. Sa femme, Manon et leurs deux fils, Dylan et Jordi, ont peur à présent. Les cauchemars et les hurlements nocturnes deviennent invivables et la séparation, inéluctable. Devenu l'ombre de lui-même, tombant au plus bas de l'échelle sociale,
Skender est accosté dans la rue par Max, son ex-sergent et ami de guerre. Max, lui, s'en est bien sorti en travaillant pour Madame, une riche veuve. Il est son homme à tout faire et leur relation est liée par le respect et les silences. Madame est une grande chasseresse : buffle, sanglier, éléphant, tout y passe. Que sait-on d'elle ? A t-elle tué son mari pour hériter d'une immense fortune ?

Voilà les protagonistes de ce roman époustouflant. Chacun leur tour (à part le petit Dylan) sera narrateur dans de courts chapitres et nous passons de l'un à l'autre au fur et à mesure des semaines qui passent. Des semaines qui approchent de l'heure fatidique de l'épreuve finale.
Les premiers chapitres dont Skender et Max sont les narrateurs sont composés de phrases courtes. Très courtes. Il faut aller vite. Aller à l'essentiel. Et puis, au moment où j'ai ressenti une certaine lassitude de ces phrases incomplètes, tout commence à s'étoffer en même temps que les autres protagonistes entrent dans l'histoire et là, j'ai goûté à une plume alerte, aux descriptions de sentiments multiples, qu'ils soient aiguisés, ambivalents ou basiques.
Inutile de vous dire que la psychologie des personnages est fouillée, élaborée, sans que l'on ait aucune difficulté à lire. La lecture est toujours aussi rapide et délibérée, car j'étais prise dans l'engrenage et voulais connaître la suite et parfois, je me disais « va moins vite » pour apprécier la plume. En fait, j'ai adoré autant cette histoire que ses personnages.
Bref, suspense et psychologie sont au rendez-vous.

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Skender est un ancien légionnaire, devenu mercenaire. Mais, celui qui a vendu ses services aux plus offrants, fait la guerre de part le monde, tué de sang froid, est désormais un homme brisé, qui n'a plus rien. Il vit dans une tente, en périphérie de la ville, hanté par ses fantômes, tentant de les fuir dans l'alcool, observant, de loin, ce qu'il reste de sa famille, honteux de n'être plus que le pâle reflet de ce qu'il a été, à peine un homme, tout juste une ombre.
Alors, quand Max, son mentor et ancien partenaire de missions, vient à sa rencontre pour lui proposer un étrange marché, Skender n'hésite pas une seconde. Madame est richissime. Madame adore la chasse, mais elle a déjà tout traqué... Seul manque à son palmarès un gibier de nature humaine, plus prédateur que proie afin de pimenter la partie... Alors, combien vaut la vie d'un homme qui n'a plus rien, qui a tout perdu et à qui l'on donne la possibilité d'offrir aux siens un avenir meilleur ? Comment résister à une telle proposition? Skender a six mois pour se remettre en conditions et se préparer à cette partie de chasse de haut niveau...



Découvert dans le cadre du Prix des libraires organisé par les éditions Folio, je dois dire que ce premier roman s'est révélé être une vraie belle découverte! le sujet, qui n'a rien de politiquement correct, est pour le moins intriguant et ferre très vite le lecteur dans un scénario dont l'issue semble jouée d'avance… Et pourtant…

Lucas Belvaux fait preuve d'un véritable talent dans l'art de dépeindre ses personnages, sculptant leurs traits, soulignant leurs failles, dévoilant leur passé pour établir, petit à petit, la complexité de leur psychologie. A tour de rôle, nos trois tourmentés font entendre leur voix dans ce roman choral addictif, révélant leurs pensées, leur vision, parfois terriblement lucide, parfois complètement erronée, sur ce qui les lie et ce qui les pousse à agir. Spectateur muet, le lecteur se prend au jeu de l'introspection de ces êtres hors normes. On s'attache et s'inquiète du sort qui les attend, fébrile à l'idée de découvrir l'issue de la partie. le texte évolue en même temps que ses personnages, changeant d'orientation au gré des décisions, gagnant en intensité au fil des réflexions et des révélations.

La tension monte rapidement, grâce à des chapitres courts, elliptiques et bien rythmés. L'auteur nous entraîne où il veut, pas toujours où on l'attend, ménageant son effet de surprise à mesure que l'on approche de la fin. Un premier roman qui révèle une grande maîtrise narrative et qui fait la part belle à la psychologie de ses personnages, les rendant terriblement attachants et ce, malgré un sujet de départ qui laissait entendre l'inverse. Un roman prenant et bourré d'humanité, qui ne laisse pas indifférent!
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Un excellent moment de lecture.
Belvaux écrit bien, son récit coule.
Le sujet est pourtant éloigné de mes intérêts,
la dramaturgie va enflant et emporte très vite.
Je redoutais le dénouement dès le départ,
mais le scénariste Belvaux sait surprendre
Une histoire de mercenaire qui n'a plus rien
sauf peut-etre ....sa vie à monnayer.
Son ami Max, s'est sorti de ses cauchemars
de combats grâce..... à la culture.
Il devient le majordome d'une jeune veuve
friquée , esseulée et désoeuvrée
qui organiserait bien une chasse à l'homme
pour se changer les idees..
Les portraits sont ciselés,
une part de mystère plane toujours
C'est un récit choral très prenant.
La vie, la mort, l'amour maltraités par ces personnages.
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Skender a une chance de repartir entièrement à zéro dans sa vie, de quitter la rue, de retrouver la confiance de ses enfants et de sa femme et en plus de les mettre à l'abri du besoin pour toujours. ….mais au prix de sa propre vie.

Thriller psychologique qui tient en haleine du début à la fin et qui osculte l'âme humaine dans tous ses recoins ! le cinéaste Lucas Belvaux auteur de bons films sociétaux réussit son virage dans la littérature
Lien : http://www.baz-art.org/2024/..
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J'étais clochard quand Max m'a retrouvé. Max, mon sergent quand on était mercenaires, Max au service de 'Madame' qui m'a proposé le contrat: trois millions pour une partie de chasse en Roumanie avec Madame et les chiens. le gibier, ce sera moi.
J'ai six mois pour me préparer, acheter des fringues, tenter de renouer avec mes gosses et ma femme, mais éviter de parler de leur futur héritage.

Au fur et à mesure que Lucas Belvaux donne la parole à chacun, (même au fils Jordi qui retrouve un père bien sapé), le livre prend de la densité jusqu'à un dénouement de dingue.

Un coup de coeur, d'autant plus que les scènes de survie retrouvaient un écho dans mes souvenirs de para.
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Voilà une lecture que j'ai vécue comme une baignade en mer du Nord.
C'est fort tentant mais l'entrée dans l'eau est plutôt désagréable. Elle est agitée, pas bien chaude ni bien claire. On ne voit pas le fond, impossible de deviner ce qui s'y cache, ça fait un peu peur. Puis on s'habitue, et le bain devient un vrai plaisir même si des petits courants glacés viennent parfois le refroidir. Et finalement, on en sort réchauffé et ravi d'avoir passé un si bon moment.
Merci Marina53 de m'avoir incitée à me plonger dans les eaux troubles de ce roman aussi original que captivant.
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