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sur 184 notes

Mohamed, travailleur immigré arrivé en France dans les années soixante, apprend, après quarante années de travail, que l'heure de la retraite est arrivée. L'entraite ou plutôt la retraite est pour lui un grand malheur, il ne se sent pas vieux pourtant mais cette « mise à l'écart » est pour lui le signe de son incapacité, il veut travailler ! Ouvrier modèle de la chaîne de montage il est maintenant rejeté. C'est étonnant ! D'autant plus qu'autour de lui, ses amis, ses collègues n'attendent que ça, la retraite c'est la liberté. Une nouvelle vie qui commence ? Non pas pour Mohamed, pour lui c'est le signe de la fin, la mort qui s'approche.

Il ne sait pas quoi faire de ce temps alors en attendant d'en parler à sa femme il se prépare chaque matin et part au boulot enfin il restera à l'entrée de l'usine. La déprime le gagne, il se sent rejeté par cette France, rejeté également par ses enfants qui sont davantage « Françaouis » que marocains. Ils ne parlent plus le même langage et ne portent plus les mêmes valeurs
Seule solution, rentré au Maroc, faire le chemin inverse, repartir dans son village. Il avait quitté sa terre natale pour chercher du travail ailleurs mais il revient avec un rêve, celui de construire une maison, une grande maison avec une chambre pour chacun de ses cinq enfants. Mais même dans son village Mohamed ne se sent plus à sa place, il perd la tête et le sens de la mesure.
« Mohamed est un homme perdu, dit un de ses cousins, il souffre, la France lui a pris ses enfants, la France lui a donné du travail puis elle lui a tout pris ; je dis ça pour tous ceux qui rêvent de partir travailler à l'étranger ; là-bas, nos valeurs ne valent rien, là-bas, notre langue ne vaut rien, là-bas, nos tradition ne sont pas respectées, regardez le pauvre Mohamed, c'était un sage, un bon musulman, et le voilà aujourd'hui, misérable, abandonné, à la limite de la folie »
La Folie. Elle le gagne et le ronge, cette maison tant rêvé est démesurée, inutile mais y attendra quand même ses enfants, après leurs avoir téléphoné et demandé de le rejoindre, de venir vivre avec lui et leur mère. Il les attendra dans un vieux fauteuil, posté devant cette maison mais ils ne viendront pas, il s'enfoncera doucement dans cette terre qui l'a vu naître et disparaîtra. L'un des villageois s'écrira : « le village a son saint ! Dieu ne nous a pas oubliés ! »
Ce roman de Tahar Ben Jelloun, dont le narrateur est tout à la fois Mohamed et un élément extérieur, on passe du « il » au « je » sans réellement s'en apercevoir, est d'une écriture fluide, légère, le thème de la retraite n'est qu'un leurre car l'auteur n'a de cesse de nous parler du point initial, ce départ de la terre natale, du déchirement que cela provoque .Tout dans ce roman fait référence à l'exil, l'immigration vécue comme la solution ultime, l'immigré en France a un retour parfois difficile car il devient étranger dans son propre pays.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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C'est le premier livre que je lis de Tahar Ben Jelloun, il m'a accompagné lors d'un périple dans le sud marocain. Lire un livre dans son contexte permet une lecture plus fine.
J'ai bien aimé le personnage de Mohamed, émigré en France et qui se retrouvant à la retraite, perd tous ses repères. Ses enfants sont nés en France et ont des projets de vie qui s'éloignent radicalement de ce qu'il a toujours connu. Il se sent perdu et ses principes de vie qu'il reproduit par automatisme car c'est la tradition, l'ont éloigné de ses enfants et de sa femme. En retournant au bled pour finir une vaste maison pour sa tribu, il pense revenir dans le chemin balisé par ses ancêtres, sans penser à se tourner vers l'avenir. Il connaîtra de grandes désillusions.
Si parfois les caractères ou réflexions semblent un chouia exagérés, ce livre est une assez bonne analyse des différences culturelles entre la France et le Maroc. Si Mohamed a beaucoup de respect pour LallaFrance , il sait au fond de lui qu'il reste un Marocain immigré, qu'on tolère par nécessité.
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Magnifique roman sur l'émigration, le déracinement, les valeurs telles que la famille, la solidarité. Ce roman explique également bien le rôle qu'a l'islam dans la culture marocaine.
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Lors du mois consa­cré au Maroc, il se devait d'y avoir au moins un livre de ce grand écri­vain à la langue si belle. Ce roman corres­pond exac­te­ment au thème : il raconte la vie d'un travailleur maro­cain. La vie ou plutôt toutes les vies de ces ouvriers recru­tés dans les années 50 dans le bled maro­cain et qui restent atta­chés de toutes leurs forces à leur village dont ils sont issus. Moham­med » Limmi­gré » comme on l'appelle aussi bien au Maroc qu'en France est le symp­bole de tous ces hommes qui prennent comme iden­tité le fait d'être « Immi­gré » c'est à dire coincé en France dans des quar­tiers où il ne fait pas bon vivre et rêvant de leur village natal où ils ne reviennent que l'été. Ses seuls moments de bonheur sont ceux où ils se sent musul­man où il peut faire ses prières et respec­ter les prin­cipes d'une reli­gion qu'on lui a apprise dans sa petite mosquée de son village. Ils sont simples ces prin­cipes : « fait le bien autour de toi sur terre et tu iras au para­dis pour être heureux, fais le mal et tu ne connaî­tras que le malheur dans l'au-delà ». Alors bien sûr, il ne comprend pas grand chose aux versions violentes de l'islam, pas plus qu'il ne comprend ses enfants qui se sont mariés avec des non-​musulmans, pour son fils il l'accepte mais pour sa fille il l'a carré­ment suppri­mée de sa famille. Toute sa vie, il a travaillé à l'usine et il a aimé ce rythme, se lever tôt, sa gamelle, son retour chez lui avec une femme qui l'a toujours accom­pa­gnée. La seule chose vrai­ment posi­tive de la France qu'il retien­dra, en dehors de son salaire régu­lier, c'est l'hôpital où il est mieux soigné qu'au Maroc et aussi l'éducation que reçoit son neveu triso­mique qu'il a adopté pour qu'il puisse béné­fi­cier d'une bonne éduca­tion. Cet enfant sera son vrai bonheur car il est heureux et lui donne toute l'affection que ses enfants n'ont pas su lui témoi­gner. Mais catas­trophe ! voilà la retraite qui arrive alors que faire ? « L'entraite » comme il dit a déjà tué deux de ses amis, plus rien n'a de sens : ses enfants sont loin de lui ; on lui dit qu'il a du temps pour lui, mais il ne sait abso­lu­ment pas quoi en faire de ce temps. le roman­cier part alors dans une fable, qui a sûre­ment un fond de vérité, Moham­med construit dans son village du bled, avec toutes ses écono­mies une maison énorme et tota­le­ment absurde pour réunir toute sa famille. Ce sera fina­le­ment son tombeau.
Lien : http://luocine.fr/?p=8219
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A quelques mois de la retraite, Mohamed n'a aucune envie de quitter l'atelier où il a travaillé presque toute sa vie depuis qu'il est parti du bled. Afin de chasser le malaise diffus qui l'envahit, il s'interroge sur lui-même avec simplicité et humilité. Il pense à son amour profond pour l'islam, dont il n'aime pas les dérives fanatiques ; il se désole de voir ses enfants si éloignés de leurs racines marocaines ; il réalise surtout à quel point la retraite est pour lui le plus grand malheur de son existence. Un matin, il prend la route de son village natal, décidé à construire une immense maison qui accueillera tous ses enfants. Un retour » au pays » qui sera loin de ressembler à ce qu'il imaginait.

Je reprends ici la présentation de l'éditeur, car au final il a tout dit. Mohamed se confie – l'homme est malheureux. Depuis son départ en retraite, il tourne en rond. Il a d'ailleurs continué de se rendre à l'usine après sa mise en retraite. Ses cinq (ou six?) enfants ont fait leur vie et ne donnent que très peu de nouvelles. Il chérit sa petite dernière qui rêve d'être vétérinaire. Alors Mohamed commence à rêver : en premier du retour au pays, car Mohamed ne s'est jamais senti chez lui, au pays des « Françaouis » et il rêve de son village. Et ce projet fou : construire une maison assez grande pour y accueillir tous ses enfants (et leurs familles). Mais Mohamed va comprendre qu'il est le seul à faire ce rêve.

Mohamed – j'avoue, m'a peu à peu, ennuyé et au final énervé. C'est la première fois que j'ai lu un livre, en décidant de sauter une trentaine de pages afin de finir le livre le soir-même. Pour le reprendre le lendemain matin et lire ces trente pages. Oui.

J'ai deux interrogations : j'ai trouvé Mohamed un peu trop stéréotypé : l'image du petit homme immigré sympathique, qui parle très mal le français, travaille dur et ne fait jamais de vagues. Une image assez commune de cette génération d'immigrés des années 60-70, et j'ai eu l'impression d'avoir déjà croisé cet homme très souvent. Ce que je veux dire, c'est qu'il correspond à nos clichés et ça m'a un peu dérangé.

Au point que je me suis posée la question (après plusieurs jours),de savoir si ce n'était pas la volonté de l'auteur de présenter ici cet homme avec ses pensées conservatrices et de ne pas nous proposer une alternative. Mohamed a quitté son pays avec son épouse. Un mariage arrangé, d'ailleurs il trouve ça normal. Comme le remarque-t-il, de n'avoir jamais échangé un rire avec son épouse. Ils ne se parlent pas. D'ailleurs, il ne comprend pas ses enfants qui ont refusé cette coutume pour choisir eux-même leurs conjoints. L'ainé a même osé épouser une Française catholique, son autre fils une Espagnole et l'une de ses filles, qu'il a désavouée, a osé s'enticher d'un homme français. Depuis, ils n'ont plus de contact.

L'homme ne comprend pas pourquoi ses enfants ne lui donnent pas de nouvelles, ne sont pas tout le temps à la maison. Tout en admettant qu'après son travail à l'usine, il rentrait à la maison dormir ou ressortait boire le thé avec d'autres Marocains. Et que contrairement à ces « Françaouis », il n'a jamais lu une histoire à ses enfants ou joué avec eux. Il ne se remet jamais en question et constate simplement qu'il est un homme seul.

Honnêtement, Mohamed n'est pas un homme méchant. Il est profondément conservateur et simplement égocentrique. J'aime sa position sur le radicalisme des jeunes musulmans mais ses positions sur les droits des femmes m'ont irritées. Malgré tout, j'ai ressenti de la tristesse pour cet homme abandonné des siens. Un regard amer sur cette génération d'immigrés appelés par la France, mais jamais accueillis comme il le faut.

En ayant vécu à l'étranger, je sais que l'intégration ne peut pas être forcée. Elle doit venir des deux côtés, et là, la France a grandement raté à sa mission d'accueil. Mais en face, la première génération n'était là que de passage, pour gagner de l'argent et l'envoyer au pays. Ils ont simplement oublié que leurs enfants étaient nés en France et seraient Français et qu'au pays, on les aurait oubliés.
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J'ai passé une très bonne lecture ... Je suis fière d'être marocaine ... Tahar ben Jelloun est notre fierté et j'ai beaucoup aimé ce roman : Au pays qui décrit toute les réalités cachés par l'immigration ... J'ai aimé cette biographie réel ..Mohammed le personnage principale m'as beaucoup inspiré que ce soit dans sa manière de voir la vie autour de lui , son amour pour l'islam , j'ai aimé la description de son haine pour la retraite (lentraite) , l'idée de construire une grande maison pour réunir sa grande famille , ses histoires sur les familles immigrés ... Un voyage dans les pages de ce roman m'as marqué. Un retour au pays au bled qui sera loin de ressembler à ce qu'il imaginait ..
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À quelques mois de la retraite, Mohamed n'a aucune envie de quitter l'atelier où il a travaillé presque toute sa vie depuis qu'il est parti du bled. Afin de chasser le malaise diffus qui l'envahit, il s'interroge sur lui-même avec simplicité et humilité. Il s'interroge sur lui-même avec simplicité et humilité. Il pense à son amour profond pour l'islam, dont il n'aime pas les dérives fanatiques; il se désole de voir ses enfants si éloignés de leurs racines marocaines; il réalise surtout à quel point la retraite est pour lui le plus grand malheur de son existence. Un matin, il prend la route de son village natal, décide à construire une immense maison qui accueillera tous ses enfants. Un retour « au pays » qui sera loin de ressembler à ce qu'il imaginait…
Lien : http://latrace.wordpress.com..
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Un portrait touchant et réaliste d'un de ces immigrés que la France a accueilli mais qui ont perdu leurs racines. Un plaisir de lecture.
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Mohamed, immigré marocain, approche de la retraite ou plutôt de lentraite comme il le prononce. Ce tournant, ce changement soudain de rythme de vie l'inquiète. Que faire de tout ce temps libre ? Pourquoi ne pas continuer à travailler à l'usine ? Mohamed se projette alors sa vie : le Maroc, sa culture, l'islam, l'immigration, ses enfants nés en France, le retour au bled chaque été.
Retrouvez la suite de la critique sur Books and curiosity :
Lien : http://booksandcuriosity.blo..
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C'est l'histoire de Mohamed, c'est l'histoire d'une vie passée sur le sol français des années 60, 70, C'est l'histoire aussi de toute une génération d'immigrés maghrébins. c'est là dans ce café où ils se ressourcent : un thé à la menthe, et que des conversations autour du " Bled, le retour, tamazight, maroc ". Pour Mohamed, sa vie se résume entre l'usine de renault et sa maison. Après la retraite, son rêve est de revenir au pays et constuire une grande maison dans laquelle il accueillera tous ses enfants. Ahh, le retour à la source, une nouvelle vie au " Bled " ! Mais la réalité ? Il retournera seul. Ses enfants refusent. Ils ont fait leur vie à " França "...
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