AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,85

sur 150 notes
5
9 avis
4
6 avis
3
5 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre que je viens de refermer est limpide et beau et grave. C'est le livre de l'amitié, la vraie, la totale, celle qui se joue des années... Celle bâtie dans les expériences communes de joie et de douleurs. Celle qui dépasse tout.
Mamed partira en Suède et Ali restera au Maroc. L'un connaîtra le mal du pays et l'autre ses mille tracas!
Ce livre d'écriture superbe et maîtrisée, va comme une rivière avec ses rapides, ses chutes et ses havres de tranquillité.
Et puis, et puis il y a la mort, tellement effrayante dans une longue agonie qui s'annonce.
Le livre se clôt par une lettre, annoncée avant le premier chapitre. Et tout est dit.
Un beau livre, pour une belle histoire.

Commenter  J’apprécie          562
"Il avait l'habitude de dire:'Les mots ne mentent jamais; ce sont les hommes qui mentent; moi je suis comme les mots!' "
Il c'est Mohamed,petit et complexé, qui se fait appeler Mahmed au grand dam de son père,qui lit Marx et Lénine.
Son alter égo, c'est Ali, dit "Al Fassi le Juif" au lycée, un "fils de bonne famille" à la "belle gueule, anticolonialiste et militant.
Ils ont tous partagé:les cours en 1960,les filles,les excés sans tabou,les blagues salaces, la prison par la suite en 1966,puis le camp disciplinaire;ils se sont sauvés la vie mutuellement et malgré des orientations différentes la médecine pour l'un et l'enseignement pour l'autre,leur amitié n'a pas failli, elle est même passé avant leurs épouses respectives.
Alors où est la faille? D'où vient la rupture sans appel?
Tahar Ben Jelloun (prix Goncourt 1987 pour La nuit sacrée) évoque l'amitié dans le dernier ami,une amitié au risque de la mort et une cassure basée sur un mal-entendu.
Là où le premier n'y verra que protection, l'autre interprètera trahison et volonté de détruire.
Le talent de Tahar Ben Jelloun; qui situe le thème central de ce roman sur la page d'histoire de la guerre d'Algérie qui dénonce les abus, les arrestations intempestives,tortures et lavages de cerveaux, qui évoque aussi les graves manques (misère et conditions de soins médicaux déplorables) et le système archaïque des pays du Maghreb; est, comme au tribunal, de présenter au lecteur les versions des faits de chacun. Un troisième larron Ramon, rencontré lors de leur emprisonnement servira de témoin neutre.
Trois récits (la version d'Ali, celle de Mahmed et la vision plus neutre de Ramon) en un roman qui donnent à réfléchir sur les notions d'amitié et de rivalités, car les faits relatés sont-ils bien objectifs? Chacun n'a-t-il pas sa part de responsabilité dans l'échec d'une relation?
Des portraits criants de vérité, car les mots de Tahar Ben Jelloun, eux, ne mentent jamais!
Commenter  J’apprécie          82
Petit roman qui se dévore.
J'ai beaucoup aimé le retournement de situation.
Lorsqu'on lit l'histoire racontée par Ali on apprend que Mamed met fin à leur très belle amitié de façon très brutale et cruauté. On s'interroge. Pourquoi tant de méchanceté après tant d'amour?
Et puis vient l'histoire de Mamed, et on comprend : c'est un sacrifice.
Mamed sacrifie sa plus belle histoire d'amour (car c'est bien d'amour dont il s'agit) avec son meilleur ami pour le protéger. Il préfère qu'Ali lui en veuille et se mette à le détester plutôt que de le voir souffrir en le regardant mourir.
Une histoire très juste, et très touchante.
Commenter  J’apprécie          60
Déjà une dizaine de livres lus de Tahar Ben Jelloun. Donc, je ne pouvais que m'intéresser à ce livre LE DERNIER AMI qui évoque en priorité la thématique de l'amitié masculine (de l'enfance à la maturité / attraction-répulsion / relation dominant-dominé / image donnée-image réelle / Jalousie potentielle / fidélité malgré l'éloignement). Mais pas seulement.

Au travers de cette histoire qui raconte l'histoire de l'amitié entre Ali et Mamed, sur une période de quarante ans, sont également explorés les thèmes suivants : le rapport aux femmes (sexualité adolescente, mariage (fidélité / adultère), rapports de couple / jalousie / avoir ou ne pas avoir des enfants) ; la situation du Maroc qui, à cette période, faisait "disparaître" ses opposants politiques (pas de démocratie, arrestations arbitraires, camps de redressement, surveillance généralisée) ; les avantages et difficultés de l'expatriation lorsqu'on vient du Maghreb (démocratie et respect de l'individu / perte de repères et isolement / nostalgie de son pays d'origine) ; la maladie, la peur de mourir et la mort ; les clivages de classes dans la population marocaine (les jeunes éduqués, formés, aisés, ouverts par rapport aux autres quasi illettrés et sectaires) ; et accessoirement les aspects liés à la spiritualité et à la religion (athéisme / croyance, respect ou non du dogme et des interdits).

Bien sûr, le fond a toute son importance, mais c'est la forme particulière de ce roman qui a retenu toute mon attention, car elle m'a semblé ici originale.

1/ le livre commence et se termine par une lettre. Par un jeu de miroirs, s'opposent ainsi deux points de vue. Celui d'Ali qui exprime son ressenti à la réception d'une lettre de rupture, très courte et sèche qui lui est envoyée par son ami Mamed (à un instant T non défini). Et à la fin, on prend connaissance des mots exprimés par Mamed, au travers d'une lettre d'explication et de réconciliation, très longue et émouvante, qu'il adresse à son ami Ali, trois ans après la rupture.

2/ entre ces deux lettres, le livre est découpé en trois parties dont deux se veulent encore une fois des miroirs. On a le récit de cette période de vie amicale (de 1960 au début des années 2000) une fois du point de vue d'Ali et l'autre fois du point de vue de Mamed. Il est fort intéressant de découvrir ce que chaque enfant/homme a voulu trouver dans cette amitié, a trouvé, a rejeté et comment chacun d'entre eux a ressenti les mêmes événements. Chacune de ces parties donne à voir des traits (négatifs et positifs) de la personnalité du narrateur, mais aussi de son alter-ego. D'emblée, on croit percevoir qui, dans cette amitié, se révèle être un être sincère et qui semble n'être qu'un manipulateur pervers. Il est intéressant de constater, dans ces deux parties, que les non-dits de l'un sont souvent compensés par les dits de l'autre. En cela, le lecteur semble prendre connaissance de l'entièreté des personnages, avec ses atouts et ses failles.

Une troisième partie, très courte, a son importance. le narrateur en est Ramon, le bon copain du duo, qui - par la force des choses car il n'a jamais eu la place qu'il aurait voulu à leurs côtés - a été le témoin extérieur attentif de cette relation amicale particulière. Ramon qui trouve enfin une place, après l'éviction d'Ali, pour accompagner Mamed dans ses derniers instants. Il témoigne ainsi, avec son oeil extérieur, de la façon dont se sont déroulés ces derniers moments tout en rendant compte de la souffrance d'Ali, toujours dans l'incompréhension et dans la méconnaissance de la situation.

Après la forme, il y a le style de l'écriture de Tahar Ben Jelloun. Pas de fioritures ni de figures de style ampoulées. Un style simple, concret, coloré, sensible, parfois très cru, à la fois descriptif et introspectif qui confère à cette histoire des accents de vérité. Petite innovation un peu gênante au départ, mais à laquelle on s'habitue par la suite : la façon dont, sans transition formelle avec la narration (ex : deux points, ouvrez les guillemets pour montrer qu'il y a dialogue ou pensée), chacun des narrateurs est amené à exprimer, ici ou là, les pensées ou les dires de la personne dont il est question, avec ses propres mots, avec son propre style ( ex : Ali évoquant Mamed ; Mamed évoquant Ali ; les deux évoquant les militaires et matons du camp de redressement dans un sabir qui témoigne de leur manque d'érudition et de culture ; Ramon évoquant Ghita la femme de Mamed). Très peu de ponctuation aussi (seules des virgules séparent des phrases qui auraient mérité un point).
Mais, cela a l'avantage d'imprimer à l'ensemble une fluidité, un rythme rapide qui fait que ce livre est lu en à peine quelques heures.

Ce seront les quelques pages de la lettre finale qui m'auront le plus émue (je n'en dirai pas la teneur). Au point qu'il m'a fallu les relire pour en mieux percevoir et comprendre toutes les implications affectives et émotionnelles de la part de l'expéditeur. Je ne sais si cette histoire - et celle lettre en particulier - correspond à une réalité vécue par l'auteur (soit en tant qu'envoyeur de la lettre ou récepteur de ladite lettre) dont il aurait pu s'inspirer, ce qui expliquerait toute l'émotion qui s'en dégage. Néanmoins, si ce livre, et cette lettre en particulier, n'avaient aucune portée autobiographique, alors ceux-ci ne feraient que souligner la grande maestria de l'auteur, pour nous faire vivre et ressentir au travers son écriture, autant de réflexions et d'émotions.

Donc, un livre à lire si vous aimez Tahar Ben Jelloun ; si vous vous intéressez à l'histoire du Maroc et au mode de vie de ses habitants ; si vous souhaitez avoir un aperçu de ce qui se joue dans les amitiés masculines dès lors que l'on fait tomber les masques des apparences et que l'on fait fi de sa pudeur.










Commenter  J’apprécie          30
J'ai adoré ce livre. J'ai eu très peur au début car sa construction ressemblait de façon assez similaire à "Ce que le jour doit à la nuit" à ceci près que le livre aborde une amitié et non une histoire d'amour. La première partie est constituée du récit d'Ali, la deuxième du récit de Mamed, et la troisième de la synthèse faite par leur ami commun Ramon. Quand on écoute la version d'Ali, on se dit que Mamed est un ingrat. Mais quand on découvre ensuite celle de Mamed, on comprend: il se mourait en silence et ne voulait pas imposer le spectacle dégradant de cette mort lente à son dernier ami. C'est un magnifique livre sur l'amitié, la sincérité, la générosité. Tahar Ben Jelloun est un véritable magicien humaniste et un poète
Commenter  J’apprécie          30
D'après la première de couverture du livre de l'édition "Livre de poche",on peut déduire que l'amitié qui réunissait Ali et Mamed serait accablée par des souffrances..."Le dernier ami"est écrit en rouge qui est le symbole du danger,de la peine,des sacrifices...
C'est une histoire émotionnelle que j'ai vraiment appréciée.L'amitié entre Ali et Mamed est singulière,cimentée par la transparence,la fidélité,la confiance et même un peu de jalousie qui s'emparait parfois de Mamed mais qui n'a jamais omi l'amour qu'il ressentait envers son meilleur ami avec lequel il a partagé les arrêts dans les camps disciplinaires à cause de leurs activités politiques et de leurs espérances de libèrer leur pays des cordes de l'injustice.Bien qu'ils ont partagé des moments de tristesse,ils ont aussi partagé ceux du bonheur et de l'euphorie.
En lisant la version de Ali,on comrend que Mamed est un mal reconnaissant,mais en réalité, il a préféré s'éloigner de son meilleur ami pour ne pas voir ses larmes qui brûleront son coeur.
Je vous conseille vivement de le lire.
Commenter  J’apprécie          31
Coup de coeur. Lu cet été, je n'en ai fait qu'une bouchée. le concept est excellent : la moitié narrée par Ali, l'autre moitié narrée par Mamed. D'une écriture sans fioritures, très poétique et indubitablement touchante, Tahar Ben Jelloun parle avec justesse de l'amitié, celle avec un grand A, celle que nous connaîtrons peu dans notre vie, pauvre humain.e que nous sommes. Un classique. Je recommande ce livre à tous ceux qui ont un.e ami.e (pour se reconnaître) et à ceux qui n'ont pas d'ami.e (pour rêver).
Commenter  J’apprécie          20
Quelle évolution dans l'écriture de TBJ depuis ses premiers romans ! D'un style initial foisonnant, presque hermétique, il parvient à écrire ici un roman intimiste, tout en sobriété, autour de l'amitié indéfectible de deux hommes que nous suivons sur une trentaine d'années. C'est aussi l'occasion d'évoquer l'expatriation et l'amour du pays natal, le Maroc en l'occurrence, malgré ses tares qu'un étranger pourrait trouver repoussantes. Un vrai coup de coeur !
Commenter  J’apprécie          20
Deux amis. Chacun nous parle de leur relation, la façon dont ils l'ont vécu, perçu. l'intérêt du livre réside dans le fait que chacun des deux se targue de parfaitement connaître l'autre, et pourtant on se rend compte que ce n'est pas forcément vrai. En dépit d'une longue et sincère amitié, chacun a conservé une part de mystère que personne ne peut percer à jour.
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (362) Voir plus



Quiz Voir plus

Tahar Ben Jelloun

De quelle nationalité est Tahar Ben Jelloun?

Tunisienne
Marocaine
Algérienne
Egyptienne

10 questions
139 lecteurs ont répondu
Thème : Tahar Ben JellounCréer un quiz sur ce livre

{* *}