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Ce livre que je viens de refermer est limpide et beau et grave. C'est le livre de l'amitié, la vraie, la totale, celle qui se joue des années... Celle bâtie dans les expériences communes de joie et de douleurs. Celle qui dépasse tout.
Mamed partira en Suède et Ali restera au Maroc. L'un connaîtra le mal du pays et l'autre ses mille tracas!
Ce livre d'écriture superbe et maîtrisée, va comme une rivière avec ses rapides, ses chutes et ses havres de tranquillité.
Et puis, et puis il y a la mort, tellement effrayante dans une longue agonie qui s'annonce.
Le livre se clôt par une lettre, annoncée avant le premier chapitre. Et tout est dit.
Un beau livre, pour une belle histoire.

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Une forte et belle amitié lie Mamed et Ali. Depuis l'adolescence, depuis 30 ans.
On redécouvre, le Maroc, Tanger, les repressions militaires, les désillusions qu'elles provoquent.
Comme toujours, Tahar Ben Jelloun réussit à retranscrire les contradictions de son pays et les sentiments humains.
Encore une belle lecture
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Ali et Mamed se sont connus au lycée et cultivent une amitié comme il en existe peu, une amitié complice, intellectuelle, paillarde, renforcée par un long séjour, ensemble, dans les prisons du roi Hassan II.
Lorsqu'ils se marient, leur amitié triomphe de la jalousie de leurs femmes.
Mais un jour, Mamed met fin à cette amitié de façon aussi cruelle qu'incompréhensible...
Le roman est articulé autour de 3 parties : le récit d'Ali, le récit de Mamed et celui de Ramon pour terminer, ami des 2 qui donne un éclairage final à leur relation.
Pourquoi cette rupture ? Pourquoi cette cruauté ?
Tahar Ben Jelloun signe ici une histoire extrêmement sensible et pudique et nous donne une conception de l'amitié assez extrême, aussi pure et virile qu'elle soit.
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"Il avait l'habitude de dire:'Les mots ne mentent jamais; ce sont les hommes qui mentent; moi je suis comme les mots!' "
Il c'est Mohamed,petit et complexé, qui se fait appeler Mahmed au grand dam de son père,qui lit Marx et Lénine.
Son alter égo, c'est Ali, dit "Al Fassi le Juif" au lycée, un "fils de bonne famille" à la "belle gueule, anticolonialiste et militant.
Ils ont tous partagé:les cours en 1960,les filles,les excés sans tabou,les blagues salaces, la prison par la suite en 1966,puis le camp disciplinaire;ils se sont sauvés la vie mutuellement et malgré des orientations différentes la médecine pour l'un et l'enseignement pour l'autre,leur amitié n'a pas failli, elle est même passé avant leurs épouses respectives.
Alors où est la faille? D'où vient la rupture sans appel?
Tahar Ben Jelloun (prix Goncourt 1987 pour La nuit sacrée) évoque l'amitié dans le dernier ami,une amitié au risque de la mort et une cassure basée sur un mal-entendu.
Là où le premier n'y verra que protection, l'autre interprètera trahison et volonté de détruire.
Le talent de Tahar Ben Jelloun; qui situe le thème central de ce roman sur la page d'histoire de la guerre d'Algérie qui dénonce les abus, les arrestations intempestives,tortures et lavages de cerveaux, qui évoque aussi les graves manques (misère et conditions de soins médicaux déplorables) et le système archaïque des pays du Maghreb; est, comme au tribunal, de présenter au lecteur les versions des faits de chacun. Un troisième larron Ramon, rencontré lors de leur emprisonnement servira de témoin neutre.
Trois récits (la version d'Ali, celle de Mahmed et la vision plus neutre de Ramon) en un roman qui donnent à réfléchir sur les notions d'amitié et de rivalités, car les faits relatés sont-ils bien objectifs? Chacun n'a-t-il pas sa part de responsabilité dans l'échec d'une relation?
Des portraits criants de vérité, car les mots de Tahar Ben Jelloun, eux, ne mentent jamais!
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Petit roman qui se dévore.
J'ai beaucoup aimé le retournement de situation.
Lorsqu'on lit l'histoire racontée par Ali on apprend que Mamed met fin à leur très belle amitié de façon très brutale et cruauté. On s'interroge. Pourquoi tant de méchanceté après tant d'amour?
Et puis vient l'histoire de Mamed, et on comprend : c'est un sacrifice.
Mamed sacrifie sa plus belle histoire d'amour (car c'est bien d'amour dont il s'agit) avec son meilleur ami pour le protéger. Il préfère qu'Ali lui en veuille et se mette à le détester plutôt que de le voir souffrir en le regardant mourir.
Une histoire très juste, et très touchante.
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C'est avant tout l'histoire d'une amitié entre deux marocains s'étant rencontrés dans un lycée français de Tanger, à l'aube de la guerre d'Algérie. L'un s'appelle Mohamed (mais tous ses amis l'appellent Mamed au grand désespoir de son père) et l'autre s'appelle Ali. le courant passe tout de suite entre les ados qui croquent la vie à pleines dents, additionnent les conquêtes et mènent une vie plutôt paisible. Partis étudier à l'étranger, Mamed - à son retour au pays - est repéré comme étant communiste et arrêté, Ali est lui-aussi repéré comme étant son ami et emprisonné avec son ami. 15 ans de galères commencent pour les deux compères, d'abord la prison, puis le redressement dans un camp militaire. Ensuite, remis en liberté, Mamed part exercer sa profession de médecin en Suède avec sa femme marocaine. Ali se sent seul, les courriers échangés ne suffisent pas et puis Mamed fait part de son désir de disposer d'un pied-à-terre au Maroc et le beau-père d'Ali se fait un plaisir de lui vendre un appartement beaucoup moins cher que le prix du marché. Ali s'occupe des travaux de rénovation, avant que leur relation dégénère au motif d'une prétendue histoire d'argent. À moins que cela ne soit qu'un prétexte inventé par Mamed qui cache en réalité quelque chose de bien plus grave…

« le dernier ami » convoque beaucoup de thèmes sur l'amour, l'amitié et le temps qui passe. Ce serait une histoire presque banale si elle n'avait pas subi un traitement littéraire de grande tenue.

On dirait qu'ils ont tout vécu ensemble : les émois, l'éveil à la sensualité, la drague, la découverte du cinéma, puis de la politique et de l'engagement, le service militaire et les prisons de la monarchie, les études et le mariage. Entre les deux jeunes gens, l'amitié s'apparente à une histoire d'amour qui tourne mal. La jalousie s'en mêle, alimentée de rumeurs et de malentendus. Puis un jour, l'un décide de rompre les ponts. de ne plus voir l'autre. Sans lui fournir la moindre explication. du moins est-ce ce que l'on croit.

L'originalité de ce court roman (148 pages) tient dans la construction du récit : la première partie est constituée du récit de l'un, la deuxième du récit de l'autre, et la troisième de la synthèse faite par Ramon, un ami commun. Grâce à ce procédé du roman à trois voix, l'auteur parvient à nous immiscer au coeur de cette amitié forte et en même temps tourmentée. Quand on écoute la version d'Ali, on se dit que Mamed est un ingrat. Mais quand on découvre ensuite celle de Mamed, on a une explication: il se mourait d'un cancer et ne voulait pas imposer le spectacle dégradant de cette mort lente à son dernier ami.

Jusqu'au coup de théâtre final, on comprendra que cette "trahison" n'en était pas une. Mamed meurt en laissant à son ami une lettre posthume qui constitue l'ultime chapitre.

Roman cruel et fort sur l'amitié, dans tout ce qu'elle représente de plus beau mais aussi de plus douloureux. Grâce à une écriture percutante et sans fioriture, cette histoire d'amitié tourmentée n'a rien à envier aux histoires d'amour les plus dramatiques. Prenant de bout en bout !
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le dernier ami est une lecture scolaire sur le thème de l'Autre et l'Ailleurs. Ce livre ne me tentait pas plus que ça du fait de sa couverture et de son résumé. J'ai eu un peu de mal à le lire et malgré un avis un peu mitigé, j'ai trouvé ce livre beau et intéressant.

On découvre Ali et Mamed,deux amis inséparables. le roman est divisé en quatre parties : le point de vue d'Ali, puis de Mamed, celui d'un ami commun et enfin une lettre posthume. Chacun des deux principaux protagonistes nous raconte leur rencontre et leur vie à travers leur lien pendant près de trente ans. On les voit devenir adultes, mûrir mais aussi ressentir de la lassitude ou bien de la nostalgie, celles de leur quotidien.

J'ai été pas mal agacée par le personnage de Mamed que j'ai trouvé parfois trop cru (surtout au début avec ses jeux pervers) et dont les pensées m'ont le plus gênées. Je n'ai réussi à m'attacher ni à lui ni à Ali, peut-être à cause du jugement porté sur ce dernier par Mamed. Ils sont de même des personnages profonds car leurs émotions sont humaines et que ce récit est assez réaliste.

L'histoire en elle-même et son but sont plus qu'intéressants. J'ai aimé suivre le regard des personnages sur leur pays, son système, ses tares comme ses qualités. le récit démontre une société étrange et dure où il est difficile de vivre en pensant librement. L'auteur étudie aussi de la même façon les individus, que l'on pourrait juger aussi complexes que leur pays.

le style de l'auteur est particulier et il mène son récit d'une main de maître. L'atmosphère est lourde et j'ai parfois été mal à l'aise à cause de certains passages. le vocabulaire est riche et je n'ai pas toujours réussi à comprendre tous les mots ou une idée.

Ce fut une lecture cérébrale : émouvante, sombre et intense. L'auteur veut nous montrer les émotions des gens et démontrer que l'on ne retient que ce que l'on veut entendre. ça m'a d'ailleurs beaucoup surpris, de voir des choses complètement différentes d'un point de vue à l'autre.
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Etonnant et incroyable !
4 étoiles...
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C'est l'historie d'une amitié entre deux hommes d'origine marocaine, qui demeure malgré l'éloignement géographique et l'hostilité de leurs épouses; j'ai aimé les deux points de vue des deux amis l'un sur l'autre et sur leur amitié, et il y en a un troisième plus court à la fin. Ali est le premier narrateur, il est sincère et honnête, et il va être très choqué (et le lecteur aussi) que son ami Mamed le rejette d'un coup en l'accusant d'intérêt et d'hypocrisie.Il faudra lire le second point de vue pour comprendre. C'est réaliste mais j'ai eu du mal à croire à la fin même si elle est émouvante.
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Déjà une dizaine de livres lus de Tahar Ben Jelloun. Donc, je ne pouvais que m'intéresser à ce livre LE DERNIER AMI qui évoque en priorité la thématique de l'amitié masculine (de l'enfance à la maturité / attraction-répulsion / relation dominant-dominé / image donnée-image réelle / Jalousie potentielle / fidélité malgré l'éloignement). Mais pas seulement.

Au travers de cette histoire qui raconte l'histoire de l'amitié entre Ali et Mamed, sur une période de quarante ans, sont également explorés les thèmes suivants : le rapport aux femmes (sexualité adolescente, mariage (fidélité / adultère), rapports de couple / jalousie / avoir ou ne pas avoir des enfants) ; la situation du Maroc qui, à cette période, faisait "disparaître" ses opposants politiques (pas de démocratie, arrestations arbitraires, camps de redressement, surveillance généralisée) ; les avantages et difficultés de l'expatriation lorsqu'on vient du Maghreb (démocratie et respect de l'individu / perte de repères et isolement / nostalgie de son pays d'origine) ; la maladie, la peur de mourir et la mort ; les clivages de classes dans la population marocaine (les jeunes éduqués, formés, aisés, ouverts par rapport aux autres quasi illettrés et sectaires) ; et accessoirement les aspects liés à la spiritualité et à la religion (athéisme / croyance, respect ou non du dogme et des interdits).

Bien sûr, le fond a toute son importance, mais c'est la forme particulière de ce roman qui a retenu toute mon attention, car elle m'a semblé ici originale.

1/ le livre commence et se termine par une lettre. Par un jeu de miroirs, s'opposent ainsi deux points de vue. Celui d'Ali qui exprime son ressenti à la réception d'une lettre de rupture, très courte et sèche qui lui est envoyée par son ami Mamed (à un instant T non défini). Et à la fin, on prend connaissance des mots exprimés par Mamed, au travers d'une lettre d'explication et de réconciliation, très longue et émouvante, qu'il adresse à son ami Ali, trois ans après la rupture.

2/ entre ces deux lettres, le livre est découpé en trois parties dont deux se veulent encore une fois des miroirs. On a le récit de cette période de vie amicale (de 1960 au début des années 2000) une fois du point de vue d'Ali et l'autre fois du point de vue de Mamed. Il est fort intéressant de découvrir ce que chaque enfant/homme a voulu trouver dans cette amitié, a trouvé, a rejeté et comment chacun d'entre eux a ressenti les mêmes événements. Chacune de ces parties donne à voir des traits (négatifs et positifs) de la personnalité du narrateur, mais aussi de son alter-ego. D'emblée, on croit percevoir qui, dans cette amitié, se révèle être un être sincère et qui semble n'être qu'un manipulateur pervers. Il est intéressant de constater, dans ces deux parties, que les non-dits de l'un sont souvent compensés par les dits de l'autre. En cela, le lecteur semble prendre connaissance de l'entièreté des personnages, avec ses atouts et ses failles.

Une troisième partie, très courte, a son importance. le narrateur en est Ramon, le bon copain du duo, qui - par la force des choses car il n'a jamais eu la place qu'il aurait voulu à leurs côtés - a été le témoin extérieur attentif de cette relation amicale particulière. Ramon qui trouve enfin une place, après l'éviction d'Ali, pour accompagner Mamed dans ses derniers instants. Il témoigne ainsi, avec son oeil extérieur, de la façon dont se sont déroulés ces derniers moments tout en rendant compte de la souffrance d'Ali, toujours dans l'incompréhension et dans la méconnaissance de la situation.

Après la forme, il y a le style de l'écriture de Tahar Ben Jelloun. Pas de fioritures ni de figures de style ampoulées. Un style simple, concret, coloré, sensible, parfois très cru, à la fois descriptif et introspectif qui confère à cette histoire des accents de vérité. Petite innovation un peu gênante au départ, mais à laquelle on s'habitue par la suite : la façon dont, sans transition formelle avec la narration (ex : deux points, ouvrez les guillemets pour montrer qu'il y a dialogue ou pensée), chacun des narrateurs est amené à exprimer, ici ou là, les pensées ou les dires de la personne dont il est question, avec ses propres mots, avec son propre style ( ex : Ali évoquant Mamed ; Mamed évoquant Ali ; les deux évoquant les militaires et matons du camp de redressement dans un sabir qui témoigne de leur manque d'érudition et de culture ; Ramon évoquant Ghita la femme de Mamed). Très peu de ponctuation aussi (seules des virgules séparent des phrases qui auraient mérité un point).
Mais, cela a l'avantage d'imprimer à l'ensemble une fluidité, un rythme rapide qui fait que ce livre est lu en à peine quelques heures.

Ce seront les quelques pages de la lettre finale qui m'auront le plus émue (je n'en dirai pas la teneur). Au point qu'il m'a fallu les relire pour en mieux percevoir et comprendre toutes les implications affectives et émotionnelles de la part de l'expéditeur. Je ne sais si cette histoire - et celle lettre en particulier - correspond à une réalité vécue par l'auteur (soit en tant qu'envoyeur de la lettre ou récepteur de ladite lettre) dont il aurait pu s'inspirer, ce qui expliquerait toute l'émotion qui s'en dégage. Néanmoins, si ce livre, et cette lettre en particulier, n'avaient aucune portée autobiographique, alors ceux-ci ne feraient que souligner la grande maestria de l'auteur, pour nous faire vivre et ressentir au travers son écriture, autant de réflexions et d'émotions.

Donc, un livre à lire si vous aimez Tahar Ben Jelloun ; si vous vous intéressez à l'histoire du Maroc et au mode de vie de ses habitants ; si vous souhaitez avoir un aperçu de ce qui se joue dans les amitiés masculines dès lors que l'on fait tomber les masques des apparences et que l'on fait fi de sa pudeur.










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