De si loin que l'on revienne, ce n'est jamais que de soi-même.
Ô mes compagnons, notre histoire n'est qu'à son début, et déjà le vertige des mots me racle la peau et assèche ma langue. Je n'ai plus de salive et mes os sont fatigués. Nous sommes tous victimes de notre folie enfouie dans les tranchées du désir qu'il ne faut surtout pas nommer.
Les gens passent leur vie à encaisser les coups ; on les humilie quotidiennement ; ils ne bronchent pas, et puis un jour ils sortent dans les rues et cassent tout. L’armée intervient et tire sur la foule pour rétablir l’ordre…On creuse une grande fosse et on y jette les corps. Ça devient chronique.
"Elles parlaient toutes en même temps. Qu'importe ce qu'elles disaient, mais elles parlaient"
"J'aime jouer même si je dois faire mal. Il y a longtemps que je suis au dessus du mal."
Les gens passent leur vie à encaisser les coups ; on les humilie quotidiennement ; ils ne bronchent pas, et puis un jour ils sortent dans les rues et cassent tout. L’armée intervient et tire sur la foule pour rétablir l’ordre…On creuse une grande fosse et on y jette les corps. Ça devient chronique.
La violence de mon pays est aussi dans ces yeux fermés, dans ces regards détournés, dans ces silences faits plus de résignation que d’indifférence.
Ah ! Ce que je m’en veux à présent de ne pas avoir plus tôt dévoilé mon identité et brisé les miroirs que me tenaient éloignée de la vie. J’aurais été une femme seule, décidant en toute lucidité quoi faire avec ma solitude. Je parle de solitude comme un désir de liberté, et non la famille et le clan. Je sais, dans ce pays, une femme seule est destinée à tous les refus. Dans une société morale, bien structurée, non seulement chacun est à sa place, mais il n’y a absolument pas de place pour celui ou celle, surtout celle qui, par volonté ou par erreur, par esprit rebelle ou par inconscience, trahit l’ordre. Une femme seule, célibataire ou divorcée, une fille-mère, est un être exposé à tous les rejets.
Je fus comme dit le poète, « le dernier et le plus solitaire des humains, privé d’amour et d’amitié, et bien inferieur en cela au plus imparfait des animaux ».