À samedi !

Un superbe roman graphique dans les tons noir, gris, rouge et blanc uniquement. Pas de doute c'est bien un roman et non une BD puisque le texte est en prose, illustré par des images plus ou moins grandes, et aucune bulle n'apparaît.

Pendant quatre jours, on suit alternativement 6 personnages (dont un seul adulte) dans les méandres des sentiments amoureux. Comment faire sa déclaration en s'assurant du succès? Comment savoir si c'est bien l'amour de notre vie? Comment réparer une erreur du passé?
Au rythme des doutes, des interrogations, des certitudes de chacun, l'auteur nous entraîne dans leur quotidien dans un milieu urbain. Samedi tout aboutira avec plus ou moins de bonheur.

J'ai aimé la double page de départ qui donne le lieu de l'action, puis la série de portraits des personnages. Les images de Zaü sont expressives: les traits des personnages sont justes esquissés cependant il joue beaucoup avec les ombres grises qui donnent de la force au dessin. La mise en page est originale et singulière.
Le texte d'Hubert Ben Kemoun alterne entre une langue soutenue et agréable puis le langage «titi parisien» et argot dans certains dialogues. Chaque personnage est bien caractérisé et crédible; ils en deviennent touchants.

Plusieurs thématiques ressortent: les sentiments, la relation à l'autre, l'expression de soi, la relation parent-enfant, le racisme aussi.

De belles histoires, plus ou moins heureuses, mais qui nous pousse à réfléchir. Une réussite!

Damien, Mélody, Malo, Bettina, Jérémy, Myriam, Mounir,... On suit les premières amours d'adolescents dans une grande ville aujourd'hui.
Damien est fou d'amour, et cherche le cadeau parfait pour Mélody.
Malo est amoureux de Bettina, mais ne sait pas comment se déclarer à elle qui est si différente.
Myriam regrette son amour de jeunesse à qui elle n'a jamais su le dire.
Mélody hésite entre Damien si amoureux et Jérémy, si tentant.
Et Jérémy, sûr de lui, tente sa chance.
Mounir et sa mère , eux, tentent de vivre le plus dignement possible dans ce quartier qui scande des phrases de haine.
Ces vies sont croisées, parfaitement servies par les illustrations de Zaü, modernes en gris, noir et blanc avec quelques touches de rouge/bordeaux.

Mercredi
C'est une jolie ville blanche et grise et noire et rouge, comme le reste. Un parc. Un banc. Et puis Damien et Mélodie. Douceur et langueur.
Jeudi
Le dessin de Zaü est splendide, riche de sentiments et d'émotions. Fort. Beau. Comment diable quelques traits, quelques aplats de couleurs peuvent en dirent autant ?
Et puis il y a le texte sublime d'Hubert Ben Kemoun pour envelopper tout l'ensemble. Pour nous conter l'histoire d'une poignée de héros ordinaires. Pour conter la vie qui ne se déroule jamais tout à fait comme on aimerait.
Vendredi
Et puis il y Malika et Mounir, ainsi que Malo et Bettina. Il y a aussi Kevin et Myriam, le beau Lionel et Noémie, ainsi que Fatoumata et Jérémy. Jérémy qui ne prévient pas pour débarquer soudain au beau milieu du jeu. Comme un chien dans un jeu de filles.
Samedi
Samedi qui finit par arriver. Quatre jours ont passés comme quatre années ou bien quarante. Il y a les choses prévisibles. Et toutes les autres. Et parmi les autres, il y a un paquet de mauvaises nouvelles et d'autres, excellentes. Pas moins nombreuses…
Cet album, par exemple, est une excellente chose.