Ne partez pas tout de suite petite Béatrice, je vais vous donner quelque chose. Ce sont des mots. C'est un drôle de cadeau, juste des mots. Presque rien. Ça ne laisse aucune trace dans l'air, rien. Juste un peu de souffle. Comme la buée sur les vitres. Si vous avez un peu de temps encore, je voudrais vous offrir ces mots.
Ce n'est pas la mort qui m'intéresse, c'est la vie.Le sacré c'est ce qui relie les deux et j'ai eu beau chercher aussi bien dans la science que dans la religion, je ne trouve pas l'envers du lien. J'ai vu comment on pouvait faire du mort avec du vivant, ça oui, c'est facile, mais l'inverse , le lien dans l'autre sens, je ne l'ai jamais trouvé. Comment faire du vivant avec du mort ?
Le corps de Claire doit reverdir dans chaque arbre, dans chaque pousse de chaque printemps.
Il se rend compte qu'il a toujours aimé voir quelqu'un a l'étude, que c'est une vision reposante de l'humanité.
Mais le sacre, le vif de la vie, il est bien au cœur même du profane et moi j'ai besoin d'y aller.
Quel dieu peut entendre l battements d'un cœur que rien ne délivre.
Est-ce que la vie n'est pas la seule louve à faire entrer dans le bergerie ?
Il dit alors sa découverte de ces visages postés au bord de la mort, nus de tout désir d'être regardés par des vivants. Peints pour la tombe.
Chez chacun d'eux , la lutte solitaire, pour la vie. Et aucune religion à laquelle se raccrocher. (...) Il pense " la lutte sacrée".
...je me suis fié à l'intuition...La technique ne suffit pas. Nécessaire, pas suffisante. Il faut "sentir" au-delà. Comme si chaque geste était pris dans un geste bien plus vaste, relié au-delà du temps aux gestes des hommes, ceux qu'ils ont toujours faits, avec des outils plus ou moins sophistiqués, ou sans, à mains nues, pour retenir le vivant parmi les vivants.