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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un petit livre. L'impression d'un petit rien, d'un en-cas littéraire qui sera consommé entre les heures où le soleil est à son zénith et le doux crépuscule d'été. Pourtant, je sais que ce roman va me hanter longtemps. Rachid Benzine met des mots, un visage et un corps sur la révolution des pays arabes, sur leur asservissement à un pouvoir toujours plus corrompu et tout particulièrement à l'écrasement du peuple, celui dont la foi n'est pas vindicative.
La femme, c'est elle qui trinque. La victime d'un gouvernement, des gouvernés et de la violence de tout un état.
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C'est un roman court et épuré, dont la lecture m'a ébranlée. L'auteur nous donne à voir le printemps arabe de l'intérieur, à travers les yeux de Nour, prostituée de mère en fille. La violence humaine, l'hypocrisie, l'injustice, tout est décrit très frontalement. Ce réalisme peut être très dur à certain moment de la lecture mais il paraît aussi terriblement nécessaire.
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Nour est une pute, fille de pute, elle essaie tant bien que mal d'élever sa fille avec dignité, espérant lui offrir un autre avenir que le trottoir. Dans un pays musulman, à l'aube du printemps arabe, elle raconte à travers ses passes, la condition de la femme et la révolte naissante.

Accompagnée de Slimane, jeune étudiant qui aime les hommes, mais surtout poète engagé, Nour aspire à un monde meilleur, empreint de liberté, ou chacun pourrait s'épanouir à sa guise.

« Un corps de femme, même le plus beau du monde, c'est toujours une forteresse assiégée. Qu'il soit contraint dans un vêtement à la pudeur pathologique, ou révélé par un déshabillé suggestif. Les hommes l'ont réduit à cela. Une prison qui enferme nos désirs, nos passions, notre fragilité, notre créativité. Qui enferme notre honte. Si souvent. »

Un court roman audacieux, puissant, écrit avec justesse et brio. Un véritable cri du coeur et du corps.
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Un livre percutant, dérangeant, bouleversant, et partisan, à l'écriture incisive.
Ce court roman est un pamphlet contre l'obscurantisme et les dérives de l'islam radical, situé pendant le printemps arabe bien que l'auteur pense que cet terme est un néologisme: les Arabes ne connaissent que l'été et l'hiver.
A travers la vie de Nour, prostituée comme sa mère et sa grand-mère, se bat pour que sa fille ait une éducation et puisse sortir du carcan où les hommes veulent enfermer tous les individus de sexe féminin, représentantes du démon.
Elle se prend d'amitié pour un jeune poète homosexuel et tous les deux s'aident et s'apportent de la douceur et du rêve. Ils puisent aussi leurs forces l'un dans l'autre. Au fil des pages, on assiste à toutes les exactions qu''on commises ces assassins, agissant au nom d'Allah, les lapidations et tortures en tout genre: les tortionnaires ayant tous les droits.
Un livre éprouvant mais combien utile par sa dénonciation du sectarisme.
En arrière fond les cris de révolte de tous ceux qui réclament la liberté de vivre leurs différences, celle de s'exprimer, de s'émanciper, d'être en bonne intelligence, hommes et femmes apaisés.
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C'est le deuxième livre que je lis de cet auteur, et encore une fois un livre dur mais puissant par le message qu'il délivre.

L'auteur nous plonge dans le Printemps arabe avec le personnage de Nour, cette prostituée qui se bat pour sa vie et celle de sa fille. J'ai retrouvé sa plume pleine de réalisme, politique et directe. En décrivant la vie et les combats, les peurs, les questionnements de cette femme, il ne s'embarrasse pas de fioritures. Il ne cherche pas à embellir ou adoucir la réalité de la vie de cette femme. On découvre un quotidien ponctué de violence, de peur, d'humiliation, de machisme, d'homophobie.
Dans un pays où les femmes doivent se battre chaque jour pour leurs libertés, certaines scènes montrent la limite fragile entre l'objectivation de cette femme, tantôt "humaine" tantôt "jouet" dans les mains de certains hommes.

Un livre qui pousse un cri de liberté, celui d'une femme, mais aussi de toute une génération, qui s'est battue pour sa liberté, pour la liberté.
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Nour est une femme égyptienne, la mère d'une adolescente de 13 ans, mais aussi une prostituée comme sa mère avant elle. Elle est prête à tous les sacrifices pour que sa fille puisse faire des études et qu'elle ne connaisse pas le même sort qu'elle. Au travers de sa vie et de son travail, elle nous livre un regard sur l'Egypte du début des années 2010, à l'aube de la révolution du Printemps arabe. C'est à la fois un véritable miroir d'une société embrasée et le cri de douleur d'une femme. Un cri qui exprime sans détour les souffrances, les espérances, les avancées mais aussi les retours en arrière. Une révolution permet-elle toujours d'évoluer vers une société meilleure ?

Rachid Benzine nous offre un roman sans concession habité par une écriture fluide et forte, une histoire à la fois mélancolique et lucide. Il ne s'agit pas de regretter un passé atroce mais de se méfier et de redouter un futur qui pourrait l'être bien plus.

Nour est sincère, parfois un peu naïve mais tout à fait entière. Elle assume parfois ses limites mais aussi ses réticences face à certains événements. Elle tente de prendre du recul mais ne peut échapper aux torrents d'émotions que le contexte révolutionnaire va provoquer. Elle est aussi humaine jusque dans ses imperfections, elle ne prend pas toujours les bonnes décisions mais en mesure souvent les conséquences avec lucidité.

C'est aussi et surtout un regard sur la place des femmes, mais également de toutes les personnes n'ayant pas la place dominante dans la société égyptienne (et dans bon nombre d'autres sociétés d'ailleurs). Quel sort subissaient dans l'ancien régime toutes les personnes opprimées ? Qu'est-ce qui les attend dans le régime post-révolutionnaire ? C'est au fond une constatation cruelle de réalisme : bien souvent les opprimé·e·s d'hier seront les mêmes opprimé·e·s de demain.

« Un corps de femme, même le plus beau du monde, c'est toujours une forteresse assiégée. » (p.11)
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Ce texte est présenté comme roman mais au début, il n'y a pas vraiment de narration. C'est plus un cri, comme sa couverture que je n'aimais pas du tout au premier abord. Puis, on avance finalement ; on suit Nour et à travers elle toute la société de ce pays arabe en pleine révolution. La politique, l'actualité vues de l'intérieur, vues dans les yeux des gens les plus "invisibles", "anonymes", c'est toujours très instructif et intéressant.

Ici, c'est un écrivain qui parle pour une prostituée. J'ai beaucoup aimé qu'un homme parle pour une femme, comme une marque de respect incroyable de l'écrivain pour ces femmes.

Pour le style, c'est difficile à lire, brut, cash et la fin est révoltante, d'une injustice folle ! Un roman marquant, à la couverture finalement parfaite !
Lien : https://lecturesdeflo.fr/202..
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Rachid Benzine fait ici un très beau portrait: celui de Nour, une prostituée au grand coeur. Elle a subi toutes les avanies possibles et fait tout pour que sa fille ne soit pas obligée d'exercer le même métier, plus tard. Nour est amie d'un poète homosexuel (prostitué aussi). Il faut être très fort pour supporter au quotidien la bestialité de la clientèle; le lecteur lui-même est souvent dégoûté par des situations évoquées d'une manière très crue. Ces deux vies se déroulent dans un pays du Maghreb (vraisemblablement la Tunisie), placé sous l'emprise d'un Etat policier. Ici, tout le monde surveille tout le monde: il faut être très prudent. Mais le printemps arabe va balayer la dictature; les islamistes prendront le dessus, avec leur démagogie et leur hypocrisie. Tout ça finira mal…

Rachid Benzine porte un regard très acéré sur les sociétés arabes, qui sont terriblement mal dans leur peau et incapables prendre leur destin en main. Malgré sa brièveté, ce livre pose des questions importantes. Toutefois, il me laisse une impression assez décourageante, malgré la belle lumière qui émane de Nour.
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Encore un roman court et percutant dans cette sélection du Meilleur Roman Points 2022 décidément pleine de jolies surprises ! Dans les yeux du ciel, de Rachid Benzine.
« Ma mère a été dès sa naissance frappée d'une double peine : être belle et être pauvre. Et tout ça dans un pays lui-même frappé d'une double malédiction : être pauvre et être colonisé. » La voix de Nour sonne haut et clair lorsqu'elle prend la parole sous la plume sans concession ni angélisme de Rachid Benzine. En nous regardant dans les yeux, sans détourner le regard, même dans les moments les plus douloureux, même dans les moments les plus crus, sans agressivité mais avec une pointe d'insolence bravache, elle va, Shéhérazade de temps douloureux et perturbés, nous faire le récit des mille et une vicissitudes auxquelles sa vie l'a contrainte. Prostituée fille de prostituée dans un pays prêt à basculer d'un régime vicié par l'argent à un régime vrillé par la religion, elle nourrit ses rêves de l'amour tendre du seul homme qui ne veut pas de son corps et de l'espoir farouche que sa fille, elle, échappera au sort qui lui est promis pour se construire un destin.
Dans le pays sans nom où nous entraîne Rachid Benzine (et qui ressemble malheureusement à tant d'autres bien trop réels), nul ne saurait se soustraire à l'oeil inquisiteur et despotique du monstre tentaculaire qui fait office de gouvernement. Peur, suspicion, méfiance sont le lot quotidien de tous et malheur à celui ou celle qui oserait affirmer sa différence de quelque nature qu'elle soit et c'est justement l'angle que choisit l'auteur pour proposer à ses lecteurs une vue plongeante sur l'intenable. Ne cherchez ni lunettes roses ni filtre aux nuances exotiques pour atténuer la lumière crue posée sur les vies de Nour, Selma ou Sliman, sur les régimes abusifs ou les espoirs sans suite de toute une nation, dans un style tenu, dépouillé, d'une sobriété toute entière tournée vers l'essentielle, Rachid Benzine plante ses yeux Dans les yeux du ciel pour les tenir, comme les nôtres, grands ouverts sur ceux dont il s'est détourné. C'est poignant, douloureux, mais d'une étrange beauté.
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Ce court roman se lit comme une longue métaphore. Passé l'ancrage biographique des premiers chapitres, dès lors que les événements passent de toile de fond à fil conducteur, je n'ai eu de cesse de prendre de la hauteur, sous l'impulsion de la plume directe de R. Benzine.
Alors, Nour est devenue Tunis, puis la Tunisie, puis le monde arabe. Son corps de prostituée a incarné symboliquement un peuple tout entier, vivant de ce qu'il peut, jouant avec le feu pour survivre, la peau souillée mais le coeur pur et la tête pieuse. Ses clients, tour à tour brutaux, sentimentaux, dominants toujours et souvent perdus dans leur identité sexuelle, sociale, spirituelle, des apparatchiks corrompus, de pauvres hères habitués au joug de la dictature, des opportunistes libertaires le lundi, intégristes le mardi, aimant les hommes la nuit et homophobes le jour, sont autant de facettes de ce peuple phallocrate.
Et Nour s'éprend de Slimane, le poète homosexuel, prostitué lui aussi et étendard de la révolution. Mais leur amour, pour sincère et profond qu'il soit reste platonique, comme si ce pays ne pouvais encore que rêver sa liberté, la caresser chastement sans jamais la consommer vraiment. Car ici le printemps demeurera infécond et la révolution s'en tiendra à son sens céleste de retour du même. Pourtant, le mouvement est amorcé et bientôt peut-être se changera-t-elle en évolution.
La langue de Benzine est crue et poétique, les personnages pathétiques et flamboyants, les actes, tristes et plein d'espoirs. Il nous offre une lecture violente lucide, sans jamais sombrer dans la désespérance.
Bref, je recommande +++ cette lecture aussi puissante dans le fond que facile dans la forme.
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