Citations sur Les Chevaliers, tome 1 : Thibaut ou la croix perdue (20)
Un ordre peut-être difficile à donner et plus difficile encore à réaliser si c'est au cours d'un combat.
Quand la peur tient un homme, elle le domine, elle exsude de son corps avec une odeur ignoble .
Quand deux femmes se haïssent autant que celles-là, mieux vaut pour la paix du royaume les tenir écartées l'une de l'autre.
Le baiser qu'elle lui donna le bouleversa, tout inexpérimenté qu'il était et même un peu maladroit, mais c'était le premier qu'il recevait et lui eût-il été donné par les savantes houris du paradis de Mahomet qu'il ne l'eût pas grisé davantage.
Ne rougis pas ! Ce n'est pas une honte car plus belle chose que l'amour ne se peut trouver au monde.
Dans son lit se succédaient des hommes qui n'avaient pas toujours droit au titre d'époux. Il lui suffisait qu'ils fussent beaux, vigoureux et ardents aux jeux de l'amour dont elle avait besoin comme d'une drogue. Elle ne rencontrait guère de refus. Son corps, qu'elle moulait des épaules aux hanches dans le satin ou le velours selon la saison, irradiait la sensualité et même ses pires ennemis avaient rêvé secrètement de la culbuter un jour dans un coin de galerie ou l'ombre d'un jardin, mais de préférence dans le bruit et la fureur d'une ville prise d'assaut et livrée au pillage, car c'était de bien bas instincts que cette femme éveillait.
C'était bon aussi cet amour de tous, cet orgueil de ses armes glorieuses qui leur rapportaient la paix. Une paix qu'ils espéraient fructueuse parce qu'elle signifiait le libre passage des riches caravanes, les cultures arrivant à terme dans les champs, et le droit de vaquer tranquillement à ses occupations sans qu'une mauvaise nouvelle, portée par un cavalier couvert de poussière et relayée par le tocsin, vînt annoncer une incursion ennemie à tel ou tel coin du royaume.
- En Orient, j'ai appris à soigner bien des maux. Les maisons templières ont toutes leur apothicairerie et il faut bien avouer que nous avons beaucoup appris des médecins arabes… ou juifs…
- Des infidèles ? s'écria Renaud horrifié.
- Pourquoi pas ? Ils ne sont pas que des guerriers, mais aussi de grands sages et, entre les combats, il y avait de larges ères de paix pendant lesquelles on se rapprochait. Souvent parce que chacun pouvait reconnaître la valeur de l'autre.
Avec la mort aux trousses, qui se soucie de son vêtement ou de la température ? Certes, sa situation n'avait rien d'enviable mais au moins il était vivant… Vivant ! Alors qu'il ne devrait être, à cette heure, qu'un corps inerte, sans regard et sans voix, sans douleur et sans exigences. Un peu de chair morte pendue à un bout de chanvre et promise à l'enfouissement. Au lieu de cela, la vie courait toujours dans ses veines et le poids de la terre noire ne fermait pas ses yeux à jamais… Seulement, ce n'était peut-être que partie remise. Quelle belle chose qu'être en vie !
Devant lui, c'était la masse des arbres, des taillis, des buissons où il était si facile de se perdre. Les loups aussi, dont c'était le pays, mais derrière lui, il y avait celui des hommes où le danger était tapi sous chaque visage et sous le toit de chaque maison. Le choix était facile…