Citations sur Bellevue (40)
C'est donc cela, la trentaine. Une fêlure sans éclair, un empoisonnement discret, un meurtre sans préméditation.
Créer de nouvelles habitudes, c'est déjà faire face. C'est décider de se remettre à exister quelles que soient les circonstances.
Tu es une femme de trente ans.
Tu votes à gauche par réflexe .
Tu ne votes plus s gauche.
Tu n'as jamais voté .
Tu as toujours voté comme tes parents.
Avant d'avoir trente ans,ton âge n'avait aucune importance.
Est-ce que quelque chose a changé à l'approche de mes trente ans ? (...) Je me suis mise à dire spontanément quand j'étais jeune, et non plus quand j'étais petite. Je me suis mise à remarquer les filles de vingt ans avec une tendresse ambigüe, une vague envie, et j'ai senti l'éclosion mordante d'une menace. (p.42)
Ici les gens n'ont plus d'âge. Nous marchons comme des zombies, comme si nos pieds étaient chaussés d'ouate. Je souris béatement à tous ces visages que je croise. De temps en temps une dispute éclate. L'un d'entre nous qui pète les plombs. Alors on augmente la dose de ses médicaments et la ronde reprend. C'est la danse des canards.
Je ne peux pas perdre le fil de mon ivresse, s'il m'échappe je serai obligée de me réveiller à mon angoisse, parce qu'en la laissant me dominer, je peux encore jouir en elle et pas juste souffrir sans motif.
Je n'aime plus rien, ni ce corps, ni ce visage, ni les postures qui en découlent naturellement, ni l'espace que ce corps occupe, ni la salle de bains tout autour de cette occupation maladroite de l'espace.
On peut couper le souffle, couper court, un brouillard au couteau, les ponts, la chique, le sifflet, les cheveux en quatre, à travers champs, l'herbe sous le pied. Mais on ne coupe pas le cœur, on le brise.
Quand tu as eu trente ans (...) des questions sont devenues tranchantes: Faut-il avoir un enfant maintenant ? Est-ce-que mon travail est intéressant ? Est-ce-qu'il est enviable ? Suis-je séduisante ? Suis-je drôle ? Fiable ? Généreuse ? Connectée ? Autonome ? Prête ? Amère ? Grosse ? Implacable ?
J'ai toujours imaginé que chacun possède une fenêtre dans la tête, une fenêtre avec vue, mais hermétiquement fermée. Sa seule présence est décisive, car son existence contient de l'autre côté la folie, qui reste alors une idée et un fantasme.