❤️🌹Quelle destinée incroyable que celle de cette peintre mexicaine avant-gardiste devenue icône.
De la flamboyante et vibrante
Frida Kahlo, de son extraordinaire personnalité et de sa trajectoire tragique et colorée je ne connaissais finalement pas grand chose. Sa peinture oui, enfin une partie de ses oeuvres. Et un visage dont la singularité marque la mémoire.
Claire Berest dans cette biographie romancée place la focale sur le couple mythique et tumultueux qu'ils formèrent avec le célèbre peintre muraliste mexicain
Diego Rivera et polarise sur l'immense et épidermique passion qu'elle lui portait.
De sa plume enflammée elle se met dans la peau de Frida et nous relate une partie de sa vie de façon passionnante.
Or se mettre dans la peau de Frida s'est s'introduire dans un corps meurtri et polytraumatisé.
Un corps enfermé très tôt et pour toujours, suite à un très grave accident de bus, dans des prisons de corsets et d'appareils orthopédiques de cuir de plâtre et d'acier qu'elle décorera et mettra en valeur ou camouflera sous des robes traditionnelles chatoyantes. Les vêtements, sa seconde peau.
Le tissu et le style comme rempart à l'invalidité.
Sa colonne vertébrale est émiettée, son corps fracturé, ses jambes « rouillées...bois mort ».
Immobilisée pendant plusieurs mois, contrainte d'abandonner ses études de médecine, elle commence à peindre des autoportraits depuis son lit aménagé.
Sanglée à ses appareils, clouée à son lit, assujettie aux autres, la peinture sera libératrice.
Cette féministe anticonformiste, n'a pourtant rien perdu de son appétit de vivre et de son esprit libre et provocateur. Son énergie, sa force mentale sont débordantes.
C'est alors que Frida l'effrontée provoque la rencontre avec « El gran pintor ».
Diego deviendra son amour absolu, « l'autre accident » de sa vie. Cet énergumène de 21 ans son aîné, au corps pantagruélique, au faciès de crapaud, à la voix tonitruante et aux colères légendaires a un appétit de jouissances insatiable. Diego fascine autant qu'il irrite.
Dévoreur de femmes, l' « éléphant » tombera sous le charme de cette impétueuse « colombe ».
Il deviendra l'« homme que j'aime plus que ma peau ».
Ces deux personnalités volcaniques en plus de leur passion ont en commun une admiration réciproque et le militantisme communiste.
Au gigantisme de l'oeuvre sociale et engagée de Diego s'oppose la peinture plus intime et autobiographique de Frida qui transcrit la douleur physique et existentialiste.L'Ecriture de
Claire Berest est très rythmée, imagée, chantante, on sent la passion que voue l'auteure à
Frida Kahlo.
Elle retrace, en couleurs, leur parcours durant une décennie de Mexico à Détroit en passant par San Francisco et Paris, de soirées mondaines en rencontres intellectuelles, artistiques et politiques.
Elle dépeint avec verve cette relation houleuse jalonnée de ruptures et réconciliations, fausses couches, d'un divorce et remariage et d'un soutien créatif mutuel. Elle parvient à nous rendre Frida intime, on compatit, on l'accompagne et on a l'étrange impression de la connaître.
Souffrant des infidélités de Diego, elle enchaîne à son tour par dépit les adultères.
Frida l'excentrique à l'humeur fluctuante et l'humour incisif aspirait pourtant à « n'être que deux et recouverts de peinture ».
« Diego y Frida. Indissociables. »
A sa fin, son corps, cette tombe, sera réduit selon sa volonté en cendres. Dorénavant il est particules fines et volatiles comme le fut son esprit, enfin libre.
« ...Et tout ça n'est pas triste, mi amor, parce que
rien n'est noir, absolument rien ».
Passionnant et brûlant.