Un livre qui pourrait presque paraitre banal : Une femme, Sophie (quel beau prénom ;-) ) écrit à son fils, Martin. Elle lui raconte leur vie à deux, depuis la tragédie qu'elle a vécu, à 18 ans et la période de vie dissolue qui s'en est suivie, période dont elle émerge à l'annonce de sa grossesse, jusqu'au présent.
Le présent, c'est 2010. Martin va avoir 20 ans. Et ce qui devient beaucoup plus intrigant et surtout émouvant tout à la fois, ce sont ces courts extraits du temps présent, dans un style très différent, presque télégraphique par moments, poétique à d'autres, souvent constats brutaux d'une santé qui se détériore, inexorablement.
Et c'est ce présent qui va décider Sophie à écrire à son fils, un fils qu'elle aime passionnément, avec qui elle a vécu dans une relation quasi fusionnelle. Elle décrit leur vie à deux, les étapes de la vie de Martin.
Et une troisième voix apparait dans ce récit, celle de Mamie Madeleine, voisine providentielle qui en dépit de divergences de vues sur la façon d'éduquer les enfant et de tenir un foyer, va être un soutien indéfectible pour Sophie et Martin, Malgré toute sa rigidité d'esprit, l'amour et la tendresse qu'elle n'a pas su exprimer à ses propres enfants, toute engluée dans ses principes rigides, oubliant toute spontanéité, toute empathie, elle les reportera sur cette petite famille, même si son désir de bien faire peut se révéler quelquefois un peu trop envahissant. Elle m'a exaspérée cette Madeleine, mais émue aussi. J'aurais voulu lui faire comprendre que l'amour, l'écoute, le partage d'un bon moment sont plus importants que l'argenterie sur une table et un diner aux petits oignons. Elle avait pourtant été une femme libre, gagnant sa vie, elle est devenue par son mariage, une épouse, une mère qu'elle voulait parfaites. Et ses souvenirs d'enfance, pendant la guerre et après, dans une famille pauvre, contribuent à la rendre attendrissante.
J'ai trouvé particulièrement beaux et émouvants tous les extraits au présent. Ils racontent sobrement le quotidien imposé par la maladie et la lutte contre celle-ci. Ils ponctuent le récit jusqu'à ce que celui-ci rejoigne ce présent.
Et les derniers extraits seront bouleversants, poignants. Des larmes me reviennent aux yeux en écrivant ces lignes.
Je demande avant toute chose à une lecture de me procurer de l'émotion. Mission parfaitement remplie ici, sans que cela ne devienne ni morbide, ni mélo.
Merci encore à Babelio, aux éditions de l'ArtBouquine et à
Blandine Bergeret pour cet envoi dans le cadre de la Masse Critique de Janvier
Un dernier mot pour saluer la couverture, magnifique photo en clair obscur d'un visage de femme.