Mission à peu près réussie pour l'auteur : nous faire quitter nos lunettes d'occidentaux, et voir l'Inde avec des lunettes d'Indien. Nous faire partager son expérience de journaliste installé à New Delhi. Son héros, Goran Borg, tombe rapidement malade au cours du voyage organisé en Inde par son ami Erik, et se trouve hébergé chez Yogi, un ami Indien, et sa mère. Pour séduire la belle indienne qui lui a fait une manucure, il s'engage à réaliser l'interview promise d'une star bollywoodienne, et reste finalement plusieurs mois à New Delhi. Grâce à ses pérégrinations, nous voyons quelques aspects de la véritable identité de New Delhi : l'administration kafkaïenne, le parc des amants cachés, la fête de Holi, le culte des animaux divinisés et celui de l'argent, les bidonvilles et les quartiers ultra chics, la mendicité forcée et l'esclavage des enfants au travail.
Par contre l'écriture… descriptive, plate, convenue, appliquée. Comment est-il possible de ressentir aussi peu d'émotions lorsqu'il s'agit a priori de s'immerger dans un pays aussi contrasté ? L'auteur fait dire à son héros à propos de son ami guide Erik « A mon sens, il ne sortait que des phrases toutes faites. » Hélas, c'est le même sentiment qui m'a habitée tout au long de cette lecture. Quel ennui… J'ai plusieurs fois failli abandonner, tant les 440 pages m'ont parues longues, bien que les chapitres très courts se lisent vite. Les cent premières pages (avant l'installation chez Yogi) sont particulièrement lourdes.
Bref, malgré les quelques informations et avertissements intéressants et utiles si je devais un jour voyager en Inde, je ne pense pas que ce roman soit celui qui nous fasse le mieux ressentir l'essence de ce pays. Mais peut-être n'est-ce pas possible, et que seule vaut l'expérience personnelle. Et clairement, dans le style description pittoresque réaliste et affectueuse, je préfère largement le travail de
Guy Delisle.