Mais ici, la priorité n'était pas de tuer.
Il s'agissait surtout de porter des coups. De marquer des points. Voler les chevaux. Un Comanche touchait un guerrier Pawnee avec son bâton de combat: c'était un exploit! Il enlevait une jeune femme: une prouesse! Il volait un bel étalon: une victoire.
Pour le cheval espagnol, batailler au côté des Comanches ne changeait rien à l'affaire. Il allait falloir, une fois de plus, se battre contre des Indiens... Cheval Vêtu connut de nouveau le vertige de la guerre. Les cris. La vitesse. La violence!
Il ne fut d'abord qu'un point à l'horizon. Puis une silhouette sur l'océan d'herbe.
Il errait seul. Ne cherchant rien. Craignant les hommes. Fuyant les bêtes. Il était fort mais fatigué. Beau mais abîmé. Les yeux rivés au sol. Broutant quand il lui plaisait. S'abreuvant si le besoin s'en faisait sentir. Personne ne l'attendait et pourtant ils se trouvèrent dans l'immensité.
Senti par les bêtes. Aperçu par les hommes. Il aurait cent fois préféré éviter ce troupeau de mustangs gardé par quatre jeunes Comanches. Mais Trois Myrtilles était là. Et c'était la saison des amours.
Les jeunes hommes n'osaient pas s'approcher tant il avait fière allure dans sa carapace d'acier. Car il était cuirassé pour la guerre. Avec épée et arquebuse en bandoulière. Deux sacoches de cuir sautaient sur sa croupe tandis qu'il paradait devant la belle. Et les Indiens le nommèrent : Cheval Vêtu.