Lisbeth se dit qu’elle ne pouvait pas repartir tout de suite. Ne sachant où chercher, elle marcha sur la plage de long en large jusqu’à ce que la tête lui tourne. Puis, fatiguée, elle s’arrêta au pied d’une dune, déplia le petit auvent de toile qu’elle emportait partout avec elle et le planta dans le sable.
Rejoindre les Brumes, être emporté par les courants.
C’est la destinée de tous les gens de ma famille.
Une crainte atavique.
Une sorte de malédiction.
Dire que nous avions imaginé toutes les apocalypses possibles.
Réchauffement climatique, désertification, montée des eaux, nouvelle ère glaciaire, guerre nucléaire, extinction de masse.
Finalement, le ciel aura décidé d'abréger nos angoisses en accélérant les choses.
- Donc, ta mère t'a laissé un mot avant de disparaitre dans les Brumes et c'est juste ça : Où est la nuit? Rien d'autre ?
- Oui, cette seule question est incompréhensible, n'est ce pas? La Nuit n'existe plus puisque les Aveugles la contiennent dans leur corps, non?
"Où est l'Amérique ? A brusquement hurlé Anton. Putain! Je vois plus l'Amérique!''
Plus personne ne voyait l'Amerique parce qu'elle était sous une hauteur d'eau monstrueuse, écrasant tout sur son passage. Ensuite, ça a été le tour de l'Europe. Sous l'eau. Puis de l'Asie. Sous l'eau. Enfin de tout le globe.
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme.
Sensations, poème de A. Rimbaud
Cité par Nathalie Bernard dans "Les nuées"
Un monde limité est un monde plus facile à contrôler
Nous étions si fragiles.
Nous sommes si fragiles.
Dire que nous avions imaginé toutes les apocalypses possibles.
Réchauffement climatique, désertification, montée des eaux, nouvelle ère glacière, guerre nucléaire, extinction de masse.
Finalement, le ciel aura décidé d'abréger nos angoisse en accélérant les choses.
Au-delà des Brumes, il n'y a que la nuit.
Nous n'en voulons pas pour Nils, ni pour aucun de nos futurs nés dans la lumière.
Alors cette nuit, je la garderai.
Elle se tapira en moi.
Elle sera mon fardeau.