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Citations sur Des arbres à abattre (7)

La plupart des gens ne nous intéressent pas vraiment, ai-je tout le temps pensé, presque tous ceux que nous rencontrons ne nous intéressent pas, ils n'ont rien d'autre à nous offrir que leur misère de masse, leur bêtise de masse, et ils nous ennuient pour cette raison et nous n`avons naturellement strictement rien à voir avec eux. Par la force des choses, ils nous sont apparus ineptes et sans intérêt, pensai-je, par milliers, par dizaines de milliers, par millions pour peu que nous remontions le
cours de l'histoire.

p. 172.
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Les époux Auersberger me haïssaient, ils avaient compris : invité dans la précipitation, j'étais le point noir de ce dîner, et ils appréhendaient seulement le grand moment : le comédien arrive, tout le monde est prié de passer à table et l'on sert le dîner. Ils le voyaient bien : je suis l'observateur, l'ignoble individu qui s'est confortablement installé dans le fauteuil à oreilles et s'adonne là, profitant de la pénombre de l'antichambre, à son jeu dégoûtant qui consiste plus ou moins à 'disséquer', comme on dit, les invités des Auersberger. Ils m'en avaient toujours voulu de les avoir toujours disséqués en toute occasion, effectivement sans le moindre scrupule, mais toujours avec une circonstance atténuante ; je me disséquais moi-même encore bien davantage, ne m'épargnais jamais, me désassemblais moi-même en toute occasion en tous mes 'éléments constitutifs', comme ils diraient, me dis-je dans le fauteuil à oreilles, avec le même sans-gêne, la même grossièreté, la même indélicatesse. Et après cela, ce qui restait de moi était encore bien moins de chose que ce qui restait d'eux, me dis-je.
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Mais que peuvent bien avoir à dire de jeunes écrivains qui croient tout savoir et sont en fait seulement capables de trouver tout ridicule, sans pouvoir dire pourquoi c'est ridicule. Cela, ils ne le comprendront que beaucoup plus tard, pensai-je ; d'abord ils trouvent tout ridicule sans savoir pourquoi, ce qui est leur cas, plus tard seulement ils sauront pourquoi, mais alors ils ne le diront plus, parce qu'ils n'auront plus alors aucune raison de le dire. Et c'est bien de ce rire tout à fait caractéristique, bête et creux et stupide, de la jeunesse des perverses et stupides et dangereuses années quatre-vingt, que je les ai tout deux entendus rire, pensai-je. Ils éclatent de rire et trouvent tout ridicule et n'ont même pas encore publié un seul livre, pensai-je, exactement comme toi il y a trente ans. Ils n'ont que leur rire, rien d'autre, et ce rire les satisfait. Ils n'ont que ce rire et toute la catastrophe de la vie encore devant eux, pensai-je. Ils n'ont que ce rire et pas la moindre raison de rire.
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Mais une telle pensée n'est pas prise au sérieux, pensé-je, bien que de telles pensées, qui ne sont pas et ne seront jamais prises au sérieux, soient des plus sérieuses, comme je le sais, et qu'il n'y ait même de véritablement sérieuses que de telles pensées qui ne sont pas prises au sérieux. Pour pouvoir survivre, il nous faut toujours penser sérieusement des pensées qui ne sont jamais prises au sérieux, pensé-je.
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la figure repoussante avait cédé la place à l’homme philosophique, la figure à l’homme tout court, donc exactement l’inverse de ce qui se passe habituellement
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[...] cette ville à travers laquelle je cours, pour effroyable qu’elle me paraisse et m’ait toujours paru, est décidément quand même la meilleure ville pour moi, cette Vienne que j’ai toujours haïe est quand même tout à coup de nouveau pour moi la meilleure, ma meilleure Vienne [...]
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Ils le voyaient bien : je suis l’observateur, l’ignoble individu qui s’est confortablement installé dans le fauteuil à oreilles et s’adonne là, profitant de la pénombre de l’antichambre, à son jeu dégoûtant qui consiste plus ou moins à disséquer, comme on dit, les invités des Auersberger. Ils m’en avaient toujours voulu de les avoir toujours disséqués en toute occasion, effectivement sans le moindre scrupule, mais toujours avec une circonstance atténuante ; je me disséquais moi-même encore bien davantage, ne m’épargnais jamais, me désassemblais moi-même en toute occasion en tous mes éléments constitutifs, comme ils diraient, me dis-je dans le fauteuil à oreilles, avec le même sans-gêne, la même grossièreté, la même indélicatesse. Et après cela, ce qui restait de moi était encore bien moins de chose que ce qui restait d’eux, me dis-je.
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