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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
MA-GI-STRAL !

Comme ça fait du bien d'avoir entre les mains un roman qu'on n'a pas envie d'abandonner ou de voir se terminer ! Avec quelle douce force ce sentiment de plénitude nous ramène aux basiques de notre passion pour la lecture ! Qu'il est bon de reprendre goût et espoir en la littérature quand on se délecte d'une narration bien structurée, d'un sujet bien maîtrisé, de personnages bien typés et d'un style riche de talent !

Oui, c'est vrai, je suis d'accord avec vous, tout ça fait pas mal de points d'exclamation, ponctuation que personnellement je n'aime pas tellement voir rythmer les chroniques mais en la circonstance, ils sont bien à leur place car vous l'aurez compris, "La mandoline du capitaine Corelli" est un très grand coup de coeur littéraire, de ceux qui vous font trouver les journées bien longues, et d'intérêt pour l'existence dans le seul instant - aussi précieux que privilégié - où vous pourrez enfin vous emparer de votre roman et vous y engloutir corps et âme, oubliant le monde qui vous entoure.

Pourtant, soyez prévenus, le roman est fort, violent, ses thèmes sont durs, parfois insoutenables. Mais si les larmes coulent, les lèvres sourient aussi très souvent ; une multitude d'émotions vous traversent et pendant que votre petit coeur bat fort, votre esprit s'ouvre avec intérêt et curiosité au contexte bien retranscrit et étayé par une documentation et une méthodologie rigoureuses.

Au départ, j'ai été attirée par ce roman parce qu'il fait partie de la sélection BBC des oeuvres préférées des Anglais, et ensuite parce que je gardais un vague souvenir de l'adaptation cinématographique. Mais combien le roman est plus puissant que le film ! (Tiens, encore un point d'exclamation, décidément...)

Dans mon enthousiasme, je me rends compte que je vous ai à peine parlé du roman mais c'est aussi bien ainsi ; que cet acte manqué suscite en vous l'envie d'aller vous renseigner par vous-mêmes, votre seul risque étant de vous laisser séduire.


Challenge BBC
Challenge PAVES 2019
Challenge MULTI-DÉFIS 2019
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Il y a quelques années, adolescente, je me rappelle avoir vu à la télévision le film de John Madden, « Capitaine Corelli » et d'en avoir été déçue. Alors qu'il semblait correspondre en tous points à mes idéaux romanesques (et d'autant plus qu'il était signé John Madden, celui-là même qui nous a offert mon adoré « Shakespeare in love »), je l'avais trouvé fade. Long. Mièvre. Chiant. Exit donc Capitaine Corelli, Pélagia et compagnie. On ne m'y prendrait plus.
Oui, mais ces temps-ci, j'ai soif de grands romans, de veine romanesque, de sagas historiques, de souffle, de beau. D'eau et de soleil aussi. Je traînais ma peine en même temps que mon projet d'échappée crétoise cet été quand on m'a conseillé « La Mandoline du Capitaine Corelli ». Juste quand je prenais mes billets, rêvant au bleu et à la lumière de l'île de Minos. Comme il m'arrive d'être mystique (ou pas !) j'ai pris ça pour un signe et j'ai lu.
Si le film n'est qu'un ersatz, un plat sans saveur, ni couleur ; sans force ni lyrisme, le roman de Louis de Bernières est quant à lui un festin plantureux, généreux dont l'opulence n'a d'égale que la virtuosité. Je me suis délectée de ce roman -soleil et ténèbres, joie et désespoir- avec un plaisir fou. « La Mandoline du Capitaine Corelli » est de ces romans qui vous rendent heureux, pas parce qu'ils ne racontent que la grâce et la lumière (au contraire !), mais parce qu'ils nous font renouer avec la joie absolue mais toute simple que des années de lectures et d'exégèses vous font parfois oublier procurée par le fait de lire simplement, de se laisser porter et emporter par une histoire au point d'en oublier tout le reste.
Je pourrais écrire -et d'autres ici l'ont fait bien mieux que je ne saurais le faire- que ce texte grandiose mêle habilement l'Histoire dans ce qu'elle a de plus barbare et les destinées individuelles des habitants de l'ile de Céphalonie. Qu'il exhale pour nous les parfums de l'origan et de la Méditerranée et qu'il nous laisse avec le gout du sel. Qu'il dénonce la barbarie et toutes les tortures, qu'il fait résonner le bruit des bottes et le chant de la mandoline, qu'il parle de haine et d'amour fou. Qu'il fait couler les larmes et le sang, l'espoir et les souvenirs. Mais ce serait trop peu, si vide et si vain.
Parce qu'il faudrait dire encore cette extraordinaire narration et cette multiplicité des points de vue qui convoque de vrais salauds et des personnages qui ressemblent à des héros ; la truculence et la verve de certaines pages comme pendant à des passages complètement insoutenables ; la richesse et l'opulence de la langue et ses digressions comme autant de mythes et de légendes. Evoquer les monologues intérieurs, un peu à la Cohen, les récits enchâssés, les vraies fausses lettres et l'intrigue qui se noue se parant de cent chatoiements.
Il faudrait dire le rayonnement baroque et fou du début de l'ouvrage qui laisse peu à peu la place à la douleur, comme le jour laisse la place à la nuit après un crépuscule qui incendie.
Il faudrait ajouter ce sentiment doux amer qui poignarde à la fin de la lecture, comme une aurore fragile, cette mélancolie sourde qui point, comme à chaque fois que meurt un monde.
Il faudrait peut-être se risquer à parler de la dimension presque théâtrale de l'oeuvre qui commence un peu comme une farce par le conte du petit pois et de l'oreille et qui se mue en tragédie.
Il faudrait rendre hommage aux personnages : au beau capitaine musicien c'est certain et à l'ardente Pelagia ; au docteur Yannis bien entendu mais à tous les autres aussi, insulaires attachants et singuliers qui réussissent le pari d'être tout à la fois complexes et créatures de contes, colorés et atypiques : Vélissarios -le Héraclès local-, Arsénios le pope qui passe de la bouteille à la prophétie, Mandras au coeur brisé, le duo Kokolio et Stamatis -le royaliste et le communiste, les Peppone et Don Camillo grecs, le très touchant Guercio, la petite martre sauvée des épines, la chèvre bibliophile et puis Antonia, la douce Antonia.
Il faudrait saluer la rigueur historique de Louis de Bernières qui ne nous épargne rien du destin tragique de Céphalonie, de la seconde Guerre Mondiale et du traitement barbare des soldats italiens par un Mussolini aveuglé par le pouvoir à l'occupation de l'île par ses derniers à l'invasion allemande ; des massacres nazis aux horreurs de la guerre civile ; du séisme de 1953 à l'ère des touristes. Saluer sa rigueur historique et sa clairvoyance, son humanité, la profondeur de sa réflexion presque désenchantée.
Il faudrait enfin rendre hommage à Céphalonie, si belle et attirante dans ce presque conte aux quatre générations et à plus de mille-et-une nuits.
Et même après tout ça, ce ne serait pas assez.
Le mieux finalement, c'est de la lire « La Mandoline du Capitaine Corelli ».
Et puis de frémir comme les cordes d'Antonia.

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Le docteur Yannis, médecin de Céphalonie, veuf et charitable, vivant avec sa fille Pélagia, tache à ses heures perdues d'écrire une histoire de cette contrée insulaire de la Grèce, riche d'événements, de légendes et de mythologie, carrefour et territoire d'invasions millénaires. Cette histoire écrite avec passion et emportement s'intercale judicieusement avec la chronique, sur quatre générations, des événements du village où il vit comme une figure centrale respectée de tous.

le roman s'ouvre sur la désincarcération loufoque d'un vieux petit pois coincé dans l'orifice auriculaire d'un vieux monsieur chenu… on pense être plongé dans une farce décousue et réjouissante avec l'évocation drolatique d'une vaste galerie de personnages colorés et folkloriques tels le colosse à la force cyclopéenne Mégalos Vélissarios, ou Arsénios pope ivrogne qui se transfigurera en prophète halluciné et tonnant, mais aussi les deux vieux amis, Kokolio, le communiste et Stamatis le monarchiste, refaisant le monde au café du village, ou encore Carlo Pietro Guercio soldat homosexuel italien, Mandras, pêcheur et prétendant malchanceux de Pélagia, et sa mère Drossoula la “turque”, femme de tête et de principe, et surtout, last but not least, le personnage éponyme du roman, le capitaine Antonio Corelli, mélomane du 33 ème régiment d'infanterie de l'armée d'occupation italienne, et sa fidèle moitié, prolongement de sa personnalité, Antonia, la divine mandoline. A cette liste non exhaustive de personnages attachants s'adjoint une chèvre friande de littérature, sous l'exclusive forme de papier à mâcher et une odorante et douce martre. Ce microcosme représentatif de cette société insulaire, avant la tragédie du second conflit mondial, est encadré par les figures historiques et publiques de Mussolini ou Metaxas; la grande histoire encadre la petite, lui donne toute sa profondeur humaniste et psychologique, et introduit les profonds changements et les bouleversements dans la vie des personnages. Ainsi à mesure que la lecture se développe, les épisodes comiques narrés à la troisième personne du singulier, alternent avec des épisodes sérieux sous d'autres formes de narration, comme des monologues intérieur, des lettres du front ou de brochure de propagande anti-mussolinienne. C'est le grand mérite de cette oeuvre, débutant comme une bouffonnerie grandiloquente, elle bifurque progressivement et insensiblement sur la tragédie la plus noire et la plus atroce, pour finir sur une note douce et attendrissante de mélancolie; image d'une société et d'un pays bouleversés maintes fois dans son histoire par des envahisseurs plus ou moins détestés.

La pitoyable impréparation des troupes italiennes, la terrible campagne De Grèce, les massacres perpétrés par les troupes nazis sur leurs anciens alliés en septembre 1943, les horreurs de la guerre civile, le terrible séisme du 13 août 1953, le tourisme de masse et les play-boys, c'est une formidable comédie humaine hellénique, douce-amère, que livre Louis de Bernières, dans une oeuvre magistrale d'humour, d'horreur, de tendresse, dont l'intérêt ne se dément jamais. On reste captivé et conquis.
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Premier chapitre : Grèce 1940 - le Docteur Yannis raconte l'histoire de son île, la Céphalonie, suite aux invasions multiples sur plusieurs siècles : c'est très drôle et un peu poétique.
Deuxième chapitre : cette fois on est dans la peau du Duce qui monologue sur la grandeur de l'Italie, le fascisme et la guerre qui se prépare. C'est à la fois aussi grandiloquent et très ironique. Pour tout dire le Duce (et ses compétences économiques ou militaires) sont tournées en ridicule...

Il s'agit ici d'un roman choral : tour à tour des personnages font progresser petit à petit l'histoire : Metaxas, dictateur grec, narre les pressions « diplomatiques » faites par les italiens avant le début des combats. Pelagia, la fille du docteur raconte son amour naissant pour Mandras ...qui part à la guerre. Un des narrateurs les plus présents est Carlo, soldat italien, il s'agit d'un bon gros géant (une force de la nature très sensible) qui raconte de façon poignante le début de la guerre en 1940 : l'Italie provoque des incidents à la frontière entre la Grèce et l'Albanie puis tente d'envahir la Grèce. Contre toute attente, l'armée grecque peu équipée résiste bien à ces attaques mais sera balayée par les panzers allemands...
Après la reddition de la Grèce commence pour la Céphalonie une occupation italienne...

Le capitaine Corelli du titre est évoqué par Carlo vers la page 131 puis entre réellement en scène (page 200 sur 500).
On y suivra alors ses pas dans sa découverte de cette île sauvage et de ses habitants...
C'est tellement bien écrit que je n'ai pas vu le temps passer : tour à tour le ton sait se faire mordant, drôle, horrifiant, tendre...

C'est un roman formidable...quel souffle !!!
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Voilà pourquoi la littérature.
Mon dieu que ce voyage fut beau !
Quand on atteint ces sommets-là, quand le verbe épouse l’histoire, quand la syntaxe se fait vivante, alors la phrase pulse et le cœur respire.
Entièrement, sans temps mort, avec emphase, avec tendresse, avec justesse Louis de brenières dépeint une époque, un lieu, Céphalonie, des personnages.
C’est avec une plume sensible qu’est décrit Pélagia, Le capitaine Corelli, le docteur, Carlo… Et tant d’autres. Ces autres-là, sont parfois de simples figurants. Et pourtant, tous laisseront dans la chair du récit, un petit quelque chose, intemporelle et précis, que l’on doit à l’auteur. Et quel auteur. Comment être passé à côté d’un tel chef-d’œuvre et ne pas entendre ici et là quelques louanges faites à un roman de cet acabit ? Voilà le mystère des rentrées littéraires et des allées des libraires. Que ce roman ne laisse pas dans l’air son parfum mélancolique, sa charge prophétique, son élan poétique me laisse pantois. Comment peut-on négliger de livrer à l’œil amateur autant de bonheur ?
Voilà pourquoi la littérature.
Pour se sentir vivant à chaque page. Pour respirer avec des hommes et des femmes le danger d’exister. Pour sentir la phrase battre entre ses doigts. Pour vivre mille fois en une seule nuit de lecture. Pour tourner les pages et respirer avec ardeur la colère des vaincus, la tristesse des vainqueurs.
Voilà pourquoi la littérature.



Merci à Gwen21dont la critique m’a donné envie de lire ce magistral roman.
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Ce livre écrit en 1993, est paradoxalement la suite de Des Oiseaux sans ailes écrit en 2004. le fil ténu entre les deux livres est Drossoulos, femme grecque obligée de fuir son village turc vers la Céphalonie après la première guerre mondiale et son fils Mandras. Mais rien de plus. Les deux livres peuvent se lire séparément.
J'ai tout d'abord été désorientée par la succession des chapitres qui prennent le point de vue de personnages fort différents, qu'ils soient célèbres comme Mussolini ou Metaxas ou communs comme Carlo, le soldat italien, Yannis, le docteur grec, Corelli ou Pelagia sans oublier la chèvre et la martre Psipsina. Ces portraits, tant truculents qu'attendrissants, ridicules ou repoussants sont humains, tout simplement humains.
Le roman donne de la chair, du sang, de la sueur et des larmes à ces évènements dont j'ignorais tout : 1941-1943 (guerre italo-grecque, occupation italienne puis allemande, massacre de la division Acqui à Argostoli) montée du parti communiste, jusqu'au séisme de 1953 sans ignorer la guerre civile qui perdura en Grèce.
Le roman est bien écrit. Ces chapitres qui m'avaient semblés bien décousus forment un livre choral très bien agencé. On entre dans la peau des personnages, on guette l'histoire d'amour, on sourit, on pleure, on attend.
Je trouve juste que la fin est décevante. Embrasser des dizaines d'années et trois générations dans les derniers chapitres, alors que l'essentiel du livre (600 pages quand même) était concentré sur deux ans m'a fait décrocher. Peut-être aurait-il fallu s'arrêter plus tôt. Mais je n'en dirai pas plus…
En tous cas, c'est un excellent roman bon à lire, pas vraiment connu en France. Merci à Krista, mon Américaine, qui me l'a fait connaître.
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« Les soldats ont des mères, vous savez, et nous finissons pour la plupart fermiers et pêcheurs comme tous les autres. »

Encore un roman qui unit fabuleusement L Histoire et la petite histoire, et, sous l'égide d'Homère, nous fait traverser l'histoire de la Grèce de 1939 à la fin du siècle, à travers les heures heureuses et malheureuses des habitants de Cephalonia, île radieuse, dans un souffle romanesque qui vous emporte la page un à la page 680 sans aucune envie de jamais poser le livre

Une partie du roman porte sur la guerre, où l'Italie attaque la Grèce et n' aurait dû en faire qu'une bouchée sans l' arrogance et la mégalomanie du Duce, et l'impréparation de la campagne qu'il organisa., Mais Hitler veille , et s'ensuit une période d'occupation italo- allemande. Louis de Bernières entre dans l'intimité des Grecs, des Italiens, des Allemands, les soldats comme les civils, multiplie les points de vue, croise les destins pour nous offrir une histoire où le romanesque est toujours savamment dosé, emprunte au meilleur du roman populaire. Tous les personnages sont magnifiques avec un mélange de sagesse et de folie qui n'est pas étranger à la tendresse et la sympathie qu'on leur porte. Ils sont mené vers un destin voulu par les grands de ce monde, et essayent, à travers l' horreur de la guerre de tirer à eux de petits moments de bonheur, vivre leur amour, préserver une part de liberté sans atteindre à leur dignité.

À mi-chemin entre A l'est rien de nouveau, Roméo et Juliette, le silence de la mer, c'est un roman extrêmement généreux pour foisonnant, sombre à ses heures mais souvent très joyeux où l'humour reste toujours en filigrane.
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Magnifique !
Où comment découvrir la Grèce via une histoire romanesque et via L Histoire.
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livre magnifique.livre d'amour sur fond de tragédie historique livre de guerre et d'amitié.une fin un peu convenue et donc décevante dans le genre 20 ans aprés.il est vrai que la grisaille des temps heureux n' est pas toujours à la hauteur des tragédies historiques.
a lire: le passage sur mussolini.le coup de pied dans la légende rouge de la résistance communiste.un coup de projecteur sur la gréce et son histoire.
des personnages féminins et masculins magnifiques
une traduction de l'anglais de fanchita gonzalez -battle gage de qualité
un livre passé un peu inaperçu et une adaptation cinematographique tombée aux oubliettes.avec raison?
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