Une histoire de vampires ? Pour moi, c'était sortir de ma zone de confort. Et quoi de mieux pour cela qu'une oeuvre dont je connaissais déjà l'autrice, pour avoir lu trois autres de ses livres ? J'avais confiance dans la jolie plume, à la fois sobre et poétique, d'Éloïse, ainsi que dans sa façon de créer des personnages vibrants d'humanité, complexes, souvent marginalisés dans le monde qui les entoure, mais qui trouvent le soutien et l'empathie dans une communauté qui les comprend. Tous ces ingrédients, je les ai retrouvés dans
Quand s'abat la nuit, dont j'ai dévoré les 476 pages en quelques jours.
J'ai énormément aimé que l'on découvre en profondeur le point de vue de chaque personnage, comment chacun va réagir et s'accommoder (ou non) au devenir vampire. le goût du sang fait éclore ou dévoile de nouveaux aspects de la personnalité, poussée dans ses retranchements, et cela est dépeint avec brio dans ce livre.
Si le pire peut en certaines circonstances en ressortir, si l'on peut parfois en perdre presque l'esprit, le meilleur s'exprime également, dans cette communauté de vampires qui se serre les coudes dans l'épreuve, se protège, se soutient et où l'empathie prévaut.
Certains personnages apprennent à s'accommoder de leur état, voire y trouvent une certaine forme de libération intérieure. Mais pas Yeraz, le poète, amoureux de la Lune, de la vie, de l'humanité, qui ne peut se résoudre à devoir tuer pour vivre, et n'aura de cesse de chercher un remède.
Au fil des époques, on suit les histoires parallèles et croisées de deux frères, Arev et Yeraz, ainsi que de Jade, Cali, Ève et les autres. On entre dans leurs existences avant que ne s'abatte sur eux la nuit, et cela ne nous les rend que plus humains.
Le début du livre, malgré tout, peut être difficile à lire (lisez bien surtout les avertissements de l'autrice), notamment avec ce que subit le personnage de Lassia. Les mécanismes (douloureusement plausibles) qui la poussent à accepter l'inacceptable en apparaissant résignée, presque anesthésiée, mériteraient un développement plus important de son point de vue et de son histoire. (Suis-je en train de réclamer une suite ? Mmm possible !)
En bref, "
Quand s'abat la nuit" est une histoire qui ne laisse pas indemne (il y a notamment des destinées tragiques, dans le lot... terriblement logiques, donc d'autant plus tragiques...), les personnages sont complexes, brillamment développés dans leurs différentes facettes. C'est aussi, comme souvent dans les oeuvres d'Éloïse, une ode à l'acceptation de la différence.