Surtout qu'en tant que philosophe, je suis, à l'instar de Socrate, quelqu'un qui « sait qu'il ne sait pas ». Et cela n'est pas une simple formule. Cela est rigoureusement vrai. Si l'on pense savoir, c'est qu'on demeure à la surface, à des images, à des idées, à des préjugés, à des faussetés. Face à l'amour, je l'avoue : je ne sais pas ce qu'il est. Je ne peu que tâtonner à son sujet. Je sais qu'il ne peut se définir ou que l'amour qui se définit n'est pas l'amour. L'amour est plus subtil, plus vivant, plus grand que tout ce que nous pouvons en dire.
Comme nous le disons l'un et l'autre, l'amour ne se conjugue qu'au présent. Il est ou il n'est pas. Qui plus est, pour vivre et pour aimer, nous devons faire le deuil de passé. Traîner celui-ci avec soi, c'est empêcher le présent d'advenir et de s'épanouir.
Louis,
Je continue donc mon investigation philosophique sur l'amour. Tu sais que pour moi, la philosophie et la vie ne font qu'un. La philosophie doit être incarnée; si elle est amour et sagesse, celle-ci n'existe que dans la vie. Ce n'est pas une affaire d'idée ou d'idéal. Philosopher pour moi c'est comme méditer. Cela consiste à voir la réalité telle quel est - ce qui, tu l'admettras, n'est pas une petite affaire. Surtout quand cette réalité est quelque chose d'aussi vaste, d'aussi multiple, d'aussi insaisissable et indéfinissable que l'amour.
Interview vidéo de Pierre Bertrand et Magali Bonniol