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4,3

sur 2582 notes
"Ceci n'est pas un fait divers"
Trop de meurtres sont malheureusement assimilés à des faits divers, et l'un remplace l'autre rapidement...
Philippe BESSON décrit admirablement bien la vie bouleversée des enfants de cette femme assassinée par leur père, sans pathos.
J'ai terminé le livre bouleversée et encore interrogative sur le fait qu'un homme puisse tuer sa femme, la mère de ses enfants, soi-disant "par amour".
Ce mot "amour" a vraiment maintes définitions et pas forcément des plus glorieuses.
Qui a dit "l'amour n'irait pas si loin s'il n'était pas accompagné d'amour propre".
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"Léa, 13 ans, vit chez ses parents à Blanquefort, en Gironde, tandis que son frère, 19 ans, est parti à Paris étudier la danse. Un jour, ce dernier reçoit un appel de sa soeur affolée qui lui apprend que leur mère a succombé sous les coups de leur père. Il saute aussitôt dans un train et découvre, sur place, l'effroyable réalité : le cadavre de sa mère, sa soeur mutique et son père en fuite."

Nous voici plongé dans la tête de ce grand frère, minute après minute, au plus près de ses pensées suite à la nouvelle du meurtre de sa mère par son père.

Ayant délaissé le foyer pour l'opéra de Paris et pour fuir la violence et les humiliations du père, il revient pour sa petite soeur qui a tout vu et qui est complètement secouée et traumatisée. On le serait à moins.

De son écriture précise, Philippe Besson décortique ce drame qui est bien plus qu'un fait divers. C'est un fait de société, qui dépasse tellement la sphère privée du foyer tant les féminicides sévissent, alors qu'ils auraient pu être évités.

Sans chichi, sans sombrer dans le pathos ni dans le voyeurisme, il dit les actes, les faits, les peines et se place du côté des victimes qui restent et doivent bien continuer à survivre avec ce désespoir si vif, face au pragmatisme de la police et de la justice.

J'ai été tout à fait chamboulée par ce texte, d'une grande finesse intellectuel et psychologique. Les mots et la pudeur de l'auteur nous maintiennent heureusement un peu à distance mais derrière les phrases, on devine l'horreur et le gouffre. Dix-sept coups de couteau.

Bravo ! Car le thème etait bien casse-gueule. Il a su trouver le ton juste.

Je n'ai pas lu de Philippe Besson depuis bien longtemps. Ce texte me donne envie de le re-découvrir. Quel roman me conseilles-tu ?
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J'ai découvert la plume de cet auteur il y a peu de temps et je dois dire qu'il peut raconter ce qu'il veut, je suis prise dans l'histoire du début à la fin.
Mais lorsque j'ai vu le résumé de celui-ci, je me suis dit que ça serait trop dur à lire. Je ne l'avais donc pas mis dans ma PAL. Puis, une amie me l'a recommandé chaudement et j'ai décidé de prendre mon courage à deux mains et de le rajouter à ma PAL.
Comme il m'a été pioché dans le cadre du challenge Pioche dans ma PAL, j'ai saisi ma boite de mouchoirs et me voilà partie.

Ce roman se base sur des faits réels.
Une jeune fille de 13 ans appelle son frère de 19, pour lui dire que leur père vient de tuer leur mère.
De la rencontre des parents, leur vie quotidienne, les non- dits, les pas vues, jusqu'au drame fatidique et ce que ça va entrainer pour chacun d'entre eux, l'auteur sans jugement, nous montre toute l'horreur d'une telle situation.
Il parle bien évidemment des violences faites aux femmes, des féminicides, des plaintes qui deviennent des mains courantes..."il y en a tellement, elle n'avait aucunes traces, je ne l'ai pas prise au sérieux..."
Cette manière différente dont on gère une telle situation en tant que victimes collatérales, proches, voisins, simple connaissance.

Une tragédie qui laisse des traces même sur nous, simple lecteur, ceci n'est pas juste une lecture.
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Oh non, ce n 'est pas juste un fait divers.
Ce sont deux vies brisées ajoutées aux deux vies des faits.
'Papa vient de tuer maman »
Voilà ce que Léa, 13 ans, annonce au téléphone à son frère, 19 ans.
Il prend aussitôt le train de Paris à Bordeaux.
Et là, l'horreur, la lente descente aux enfers.
Ils n'en sortiront pas indemnes.
Dans des drames comme celui-ci, on parle beaucoup des victimes, des coupables, mais on parle peu des enfants.
Partant d'un réel féminicide, Philippe Besson use de toute sa sensibilité pour sortir de l'ombre les victimes collatérales d'un tel meurtre abominable.
Il le fait avec un grand tact.
Les tourments incessants d'un grand frère démuni, sa culpabilité de n'avoir rien vu venir.
Le traumatisme indélébile d'une adolescente qui a assisté à la scène.
Une mère morte.
Un père en prison.
Plus de parents.
Juste eux deux et leur grand-père, aucun ne sachant comment se sortir de ce drame.
L'écriture est simple et belle et s'emploie à donner un éclairage plus large sur l'horreur de ces féminicides.
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L'ignorance, l'aveuglement et l'indifférence n'ont jamais sauvé une femme battue. La suspicion sans action encore moins.

« Ceci n'est pas un fait divers »

Les curieux avides de sensationnel et d'actualités dramatiques peuvent passer leur chemin. Il ne sert à rien de porter ce type de regard quand il est déjà trop tard. Derrière chaque drame familial, ce sont des individus anéantis pour toujours qui ne méritent pas qu'on expose au grand jour l'intimité de leurs blessures. Dans ce récit, c'est surtout l'histoire tragique d'une mère aimante qui a été jour après jour déconstruite par un homme narcissique et violent, un monstre qui a mis un point final à sa vie. Alors s'il faut ouvrir les yeux et écouter même le silence des victimes c'est quand il est encore temps.

« Ceci n'est pas un fait divers »

C'est malheureusement un fait de société depuis toujours. Comme le mentionne le narrateur le mot « féminicide » apparaissait comme une faute d'orthographe auparavant . Combien faudra-t-il de plaintes classées sans suite et de victimes avant que des actions concrètes soient faites? Entendre que quelqu'un est mort sous les coups ne devrait pas être habituel!

Un récit au coeur d'une famille brisée par la violence et le silence ou l'histoire émouvante de l'après et de comment vivre avec l'absence d'une mère. Se sentir coupable n'est pas normal pour un enfant quand ce sont les adultes qui ont mal agi .Bouleversant!
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Il faut lire le titre du dernier roman de Philippe Besson comme un mantra.
Sans cesse se le remettre en tête et le répéter :
Ceci n'est pas un fait divers
Ceci n'est pas un fait divers.
Ceci n'est pas un fait divers.

Papa vient de tuer Maman
c'est ce que Léa a dit au téléphone à son frère . Léa a treize ans, son frère 19 ans.
Que l'on soit jeune adolescent ou jeune adulte on n'est pas préparé à ce genre de phrase : Papa vient de tuer Maman.
Qu'est ce que cela veut dire , qu'est que cela sous entend, qu'est que cela va induire ?
Philippe Besson, comme à son habitude, avec une écriture intense, précise, faite de peu de mots mais choisis à bon escient va nous entrainer dans le maelstrom que vont vivre ce frère et cette soeur.
Comment vivre quand il ne reste rien : Une Maman assassinée par son mari. La mort et l'emprisonnement La perte des parents.
Comment en arrive-t-on à un féminicide ? Que n'ai-je vu ? Que n'ai-je dis ?
Sera-t-il possible de me reconstruire ?
et toujours le mantra : Ce n'est pas un fait divers.
Philippe Besson n'occulte rien du combat de ces deux enfants : la perte d'une maison, de l'enfance. Mais aussi pour Léa le lien qu'il reste au père au contraire de son frère qui est dans la radicalité.
Reste le combat pour l'avenir immédiat et une nouvelle vie.
rien ne sera simple.
Ceci n'est pas un fait divers.
J'ai été happé par ce roman et la justesse des situations.
Comme le dit si justement Philippe Besson : quand vous tapez féminicide sur votre ordinateur, le mot se souligne de rouge. Pas reconnu.
Ceci n'est pas un fait divers.
Lien : http://auxventsdesmots.fr
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Le narrateur est un jeune homme de 19 ans. Il a quitté sa province bordelaise pour intégrer la prestigieuse école de danse de l'Opéra de Paris car il a réussi les examens d'entrée. Tout va bien pour lui jusqu'au jour où il reçoit un coup de fil de sa petite soeur Léa, 13 ans, qui lui annonce : « Papa vient de tuer maman ».

Moment de bascule tragique. Histoire d'un féminicide.

Le récit est serré, sobre et bien construit. A travers une cinquantaine de courts chapitres, nous allons suivre le parcours de ces deux enfants, détruits, perdus, obligés de faire face à la rudesse de la vie.
Ils doivent répondre du mieux possible aux interrogatoires de la gendarmerie, ils ne peuvent plus rentrer chez eux (maison sous scellés), il leur faut affronter le regard de leur père, lequel a fui honteusement après son crime à l‘arme blanche.
Le décor est planté et les souvenirs remontent à la surface, les bons et les mauvais.
Ils doivent se reconstruire, vivre avec cette douleur, mais peut-on se reconstruire ? Je pense plus particulièrement à Léa qui était présente et qui a entendu la violente dispute, puis la suite…
Le récit se poursuit jusqu'au jugement et à la condamnation de leur père, obligés qu'ils sont de revivre ce drame.

Vous ne serez pas insensibles aux maux de Léa, qui, avant de quitter la barre, termine par ces mots :
« Quand je me suis penchée sur ma mère, elle n'était pas morte. Il lui restait juste assez de force pour agripper mon bras… Elle a essayé de parler mais elle n'y est pas arrivée. Alors, comment vous dire… ses yeux ont parlé pour elle… Parce qu'elle avait compris qu'elle allait mourir. Parce qu'elle avait compris qu'elle ne serait plus là pour nous protéger. Finalement, elle a réussi à articuler le début d'une phrase : « Promets moi de... » Juste après, sa tête a roulé, c'était fini… Et moi, je saurai jamais quelle promesse je dois tenir. »


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C'est ma seconde lecture de ce roman que j'avais lu le temps d'un trajet ferroviaire en début d'été.
J'en gardais un souvenir aigu, mordant, à fleur d'émotion.
Par les voix de deux enfants victimes d'un féminicide Philippe Besson tentait d'appréhender, de circoncire, ou du moins d'effleurer l'immense déferlante de la violence subie. "Papa vient de tuer Maman."
J'ignorais alors que la vie allait m'inviter à rouvrir ce livre.
Au mois de septembre dernier, à la terrasse d'un café d'un quartier tranquille de ma ville, une femme a été abattue par le compagnon qu'elle venait de quitter de deux balles tirées à bout portant.
Elle était mon amie.
Avec la pudeur qui impose de ne surtout pas me considérer comme une victime collatérale, il m'a bien fallu encaisser la stupeur, la sidération, l'emballement émotionnel que suscite ce genre de drame.
Je me souviens avoir immédiatement penser qu'il était inconcevable de tuer par amour. C'était une incongruité impossible à élaborer.
Aujourd'hui, je sais qu'il ne s'agit pas d'amour mais de pouvoir, de possession, de domination.
Loin de moi l'argument qu'une telle violence serait l'apanage du masculin. Sûrement, des hommes meurent de la main de leur compagne. J'ai refusé ce manichéisme en dépit des chiffres qui affirment que, tristement, les femmes sont le plus souvent les victimes. J'ai interrogé ce qui en nous pouvait mener à vouloir ôter la vie, rayer l'image, gommer le souffle d'un être que l'on a serré dans ses bras.
Je sais que, par ces phrases, je déborde du cadre du commentaire littéraire, et je m'en excuse.
Ce livre est d'une justesse terrassante, par l'acuité des émotions ressenties, ces infimes ou telluriques mouvements qui agitent notre construction psychique quand une telle violence déferle dans notre quotidien.
Je sais gré à l'auteur de sa pudeur, de sa délicatesse, de ses tâtonnements, du courage qu'il y a à plonger dans ce gouffre insondable que l'on voudrait ignorer à jamais.
L'indécence est effectivement d'en faire un fait divers. C'est un déferlement intime et indicible qui broie la psyché et convie la haine.
Ce texte aura été un presque baume, un presque pansement. Et je dédie ces lignes à mon amie perdue.
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"Papa vient de tuer maman". Ainsi commence ce nouveau voyage que nous invite à suivre P. Besson. Parce qu'à chacun de ses romans, c'est un voyage, non vers des îles ou des villes, mais vers l'intérieur de nous, vers l'intérieur de nos vies. Encore une fois plus que réussi, et comme à chaque fois je l'écris à son propos : les mots justes et des petites phrases qui n'ont l'air de rien mais qui percutent - BAM ! Il a ce savoir-faire de ne pas entrer dans le pathos larmoyant dans le roman, toujours sur la corde sensible comme on dit (mais il ne faudrait pas que l'erreur vienne à force d'écrire sur des faits divers, jdcjdr). Pour tout le monde c'est un fait divers malheureux. Mais pour ceux qui vont le "vivre" commence un long travail de questionnement, de recherches, d'explications à donner. Pourquoi ? Comment ? Qu'avons nous mal fait ? Sommes-nous passés à côté d'un geste, d'un mot ? Était-ce là en latence, et nous le savions déjà tant, fermant les yeux ? Tant de questions. Pour le quidam, c'en est un, mais pour ces deux enfants, ce n'est pas un fait divers.
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Tout est dans le titre : un féminicide ne doit , ne sera jamais un fait divers. Pourtant mon correcteur d'orthographe souligne ce mot de petits pointillés rouges , il ne le reconnait pas, ne propose rien à la place. Féminicide.
Philippe Besson écrit ici un livre important que je referme avec un cocktail de sentiments étranges et contradictoires.
Je me dis d'abord que c'est un très beau livre, qu'il me concerne éminemment , écrit par un homme pour l'homme que je suis , que cette résonance trouve sa source dans une éducation patriarcale et que j'aurai peut-être pu être ce père , ce père qui va tuer sa femme sous les yeux de sa fille. Dans ce "peut-être" se lovent colère , culpabilité, stupeur et incompréhension.
Le féminicide est un abominable fait de société et Philippe Besson nous propose de s'emparer de son texte pour l'examiner soigneusement malgré l'horreur et , il faut bien le dire, la banalité du mal, la banalité du maux.
L'histoire nous est racontée du point de vue du fils ainé, à la première personne du singulier, quelques années après le drame.
Ce dispositif est saisissant car le jeune adulte parle d'abord du drame , tente de renouer avec ses émotions avec finesse et précision ( et là, la plume de Besson excelle), puis nous embarque avec lui dans l'avant-drame.
Et puis ce travail de décorticage émotionnel et de remémoration pose La question, Les questions:
Est-ce que j'aurai pu éviter cela ?
Est-ce que nous aurions pu éviter cela ?
Les pages 130 ( le rôle de la police) et 176 ( le rôle sociétal) sont, de ce point de vue édifiantes.
Comme le dit si justement Sandrine @HundredDreams dans sa belle critique, il s'agit de la chronique d'une mort annoncée.
Ah oui le narrateur , c'est loin d'être anecdotique , a été marqué dans son parcours de vie par Billy Elliot. Là je n'en dis pas plus.....car il danse et il faut danser avec lui.
J'ai trouvé ce livre d'utilité publique. Sans pathos ni voyeurisme, il nous rappelle que quelque soit le milieu social, la configuration familiale, les données psycho-généalogistes ( qui peut dire qu'un de ses ancêtres n'a pas tuer sa compagne ?)etc... le féminicide rôde.
Et il n'est pas encore nommé ...
Merci à Babelio et aux éditions Julliard pour, sur ce coup là, avoir été privilégié.
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