En s'inspirant du tableau d'Edward Hopper Nighthawks,
Philippe Besson retrace le parcours de trois êtres solitaires.
Nous sommes à Cap Code au sud de Boston et plus exactement chez Phillies un bar déserté en ce dimanche soir.
Sous le regard de Ben le barman, la sublime Louise attend Norman -son amant depuis peu- tout en sirotant son martini. Lui comme nous, lecteurs, savons d'ors et déjà que Norman n'abandonnera pas sa femme pour elle. Surgit alors celui qui fut son grand amour Stephen. Celui qui l'a tant fait souffrir. "La seule chose que Stephen lui ait léguée en partant, c'est le temps. Ce sont les années interminables à ressasser leur rupture, l'enchaînement des événements, la séquence de leur perdition (...) le corps de Stephen lui a manqué horriblement: ce manque là englobait tous les autres, il l'a amenée aux portes de la démence."
Cela fait trop longtemps -5 ans- qu'ils ne se sont ni vus ni parlés. La tentative pour renouer les liens perdus s'avère alors difficile. "Lorsqu'une histoire est terminée, elle est effectivement terminée, sans espoir de retour de flamme, sans possibilité de recommencement (...). (Louise) a préféré une souffrance éclatante à une interminable agonie." Jamais elle n'avait imaginé un éventuel retour de Stephen ni les nouvelles souffrances que cela lui procurerait.
Toute la beauté du récit tient à la manière dont l'auteur a su rendre la fragilité des personnages, leurs souffrances et leur incapacité à communiquer.