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Citations sur L'enfant d'octobre (17)

Si le malheur ressemble à quelque chose, c'est à cet écrasement, et aussi cette perte de contrôle, l'impression de valdinguer, et de pouvoir rien faire pour que ça s'arrête. Je dénie aux gens qui ne sont pas capables d'approcher ce malheur-là le droit de me juger.
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C'est les souvenirs qui aident à supporter l'absence de Grégory. Les souvenirs, rien d'autre. On a enfermé dans une boîte les moments les plus doux. On rouvre la boîte les jours où on ne va pas bien. Et notre petit garçon, alors, est avec nous, à nouveau. Il nous sourit. Il nous accompagne sur le chemin qui nous reste.
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La foule est grosse. En procession, elle dessine une houle. Ils sont tous venus, ils ont tenu à être tous là, délaissant pour un instant les rancœurs, les calomnies, la sourde hostilité, les œillades torves, les moues dégoûtées, comme si la mort d'un enfant pouvait tout effacer, en un coup de chiffon sur un tableau noir, en un tour de passe-passe. Pour un instant. Comme si la mort d'un enfant était plus forte que la vallée, capable de faire taire la haine, enfin. Comme si elle la tenait en respect, pour quelques heures. Comme si elle décrétait une trêve.
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[Incipit.]

Un matin d'octobre 1984, à la une des journaux, on découvre le visage d'un enfant, quatre ans peut-être, une espièglerie dans le regard, des boucles brunes, une bouille ronde et souriante. Immanquable, le sourire. Les titres au-dessus de la photo sont sans équivoque : «Un crime abject», «L'horreur, «Le drame», des mots comme ceux-là, des mots lourds de sens, l'annonce d'un malheur. Et c'est saisissant, ce contraste, l'écart insupportable entre la jovialité de l'enfant et la dureté des mots.

Oui, un matin d'octobre 1984, la France se réveille avec la mort d'un enfant, avec un cadavre retrouvé ligoté le long des eaux glacées d'une rivière des Vosges. Le meurtrier a visiblement agi avec calme et sang-froid, sans brutalité superflue. Tout de suite, le prénom de l'enfant s'inscrit dans la mémoire collective : Grégory.
Il y subsiste.

Pendant longtemps, plus aucune mère n'ose appeler son fils Grégory. Il y a cela, d'un coup, et pour des années, la désaffection pour ce prénom, parce que la peur l'emporte, parce qu'il est nécessaire de conjurer le mauvais sort, parce que c'est trop lourd à porter, une telle identité. Elles doivent penser, les mères, que leurs fils seraient menacés, maudits. Elles trouvent d'autres prénoms.

Le visage aussi les hante. C'est celui d'un garçonnet ordinaire, du leur peut-être. Comme si tous les enfants, dans l'âge le plus jeune, avaient le même visage. Cette beauté fragile, cette insouciance terrible.

Elles apprennent qu'il existe une rivière, la Vologne, envahie de feuilles pourries par l'automne, cernée par des bois sombres et des brumes rasantes, au pied d'une montagne hostile. Qu'on y a jeté un enfant. Qu'on peut donc jeter des enfants dans les rivières.

Ça commence en lisière de cette interminable forêt sépulcrale, qui peut être belle quand vient l'arrière-saison, quand le jaune paille et le pourpre se mélangent, quand la nature décide de ressembler à une toile de Monet, quand la rivière a l'allure d'un torrent. Et qui peut paraître si menaçante, si inquiétante dès que le jour tombe et que des ombres transportent le corps inanimé d'un angelot.

En réalité, ça commence bien avant ce jour d'octobre 1984, bien avant le cadavre de l'enfant au fil de l'eau. Quand au juste ?
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"Un matin d'octobre 1984, à la une des journaux, on découvre le visage d'un enfant, quatre ans peut-être, une espièglerie dans le regard, des boucles brunes, une bouille ronde et souriante. Immanquable, le sourire. Les titres au-dessus de la photo sont sans équivoque : "un crime abject", "l'horreur", "le drame", des mots comme cela, des mots lourds de sens, l'annonce d'un malheur. Et c'est saisissant, ce contraste, l'écart insupportable entre la jovialité de l'enfant et la dureté des mots.
Oui, un matin d'octobre 1984, la France se réveille avec la mort d'un enfant, avec un cadavre retruové ligoté le long des eaux glacées d'une rivière des Vosges. Le meurtrier a visiblement agit avec calme et sang-froid, sans brutalité superflue. Tout de suite, le prénom de l'enfant s'inscrit dans la mémoire collective : Grégory.
Il y subsiste."
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Ils ont fait le choix d'une vie différente. Ils seront servis.
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Pire : ils rejoignent les hauts de Lépanges, le quartier des bien-portants, de ceux qui pour qui la tranquillité est une priorité et l'argent pas un souci. Ils vont respirer le bon air des hauteurs, ils abandonnent à leur sort ceux qui n'ont droit qu'à un air vicié. On ne le leur pardonnera pas.
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