4 novembre 2008, jour d'élection présidentielle aux États-Unis. Jour d'euphorie pour des millions d'américains.
Pas pour Samuel et Laura, deux Californiens d'une quarantaine d'années, qui ne se connaissent pas mais qui vont vivre tout deux une journée éprouvante.
L'un, peintre et surfeur, vit seul à Newport Beach, dans une maison au bord de l'océan pacifique. Effondré psychologiquement même si physiquement il tient le coup, il doit se rendre à Los Angeles pour enterrer son fils de dix-sept ans, qui s'est suicidé quelques jours plus tôt, sans laisser d'explication.
L'autre a été femme et mère au foyer pendant des années, jusqu'au jour où elle a été "congédiée" par son mari. Depuis, elle aussi vit seule, à LA. Elle a trouvé un travail de serveuse à temps partiel mais sa vie est devenue fade et elle ne lui trouve plus aucun sens. Alors à quoi bon continuer ? Elle a décidé d'y mettre fin à l'issue de cette journée.
Deux êtres seuls que l'on suit tout au long de cette journée, du réveil jusqu'à la tombée du jour.
On devine ce que Samuel, dont le fils s'est suicidé pourrait à apporter à Laura, qui a envie de le faire. On suppose que ces deux personnes vont finir par se croiser, que ce n'est pas par hasard que l'auteur met leur deux vie en parallèle. Quand et comment, seule la lecture vous le dira.
Samuel, après un surf matinal sur les vagues du Pacifique, comme il en a régulièrement l'habitude, se prépare pour aller à l'enterrement. Laura, après une dernière visite à une amie et un dernier et bref coup de téléphone à son fils aîné qui vit à New-York, se prépare pour sa dernière journée de travail au Joey's Café. Elle a programmé son suicide pour la fin de la journée.
Philippe Besson fait alterner les chapitres consacrés à l'un et à l'autre de ses deux "héros", au fur et à mesure que les heures de ce 4 novembre s'égrainent. J'ai aimé cette construction qui pousse inexorablement le lecteur à continuer car il veut savoir si oui ou non, les deux vont finir par se rencontrer et ce qu'il va en découler...
Des heures passées pour l'un comme pour l'autre à faire le point sur le passé. Tandis que Samuel revit des moments avec son fils et qu'il cherche à comprendre ce qui a bien pu amener son enfant à se tuer et ce qu'il n'a pas su voir, Laura, de son côté, a déjà pris sa décision d'en finir avec sa vie fade. Des années durant, elle s'est oubliée au service de son mari et de ses enfants. Ils sont devenus grands désormais, son mari en a choisi une autre, elle se retrouve donc "inutile" et se laisse gagner par l'apathie.
Un récit qui tient donc sur une journée, durant laquelle on suit les "activités" de Samuel et Laura et leur introspection respective.
La fin est sans surprise, on s'en doutait, et aurait-elle été différente qu'on aurait crié ô scandale et à la facilité. Cependant, en tant que lectrice, je n'ai pas pu m'empêcher d'espérer autre chose. J'ai tellement été dans l'attente de LA confrontation entre les deux personnages que celle-ci ne s'est pas révélée à la hauteur. Mais je n'en dis pas plus, à vous de vous faire votre avis.
L'intérêt du livre ne repose pas sur le destin de ces deux personnages (bonjour le portrait de l'ex-femme au foyer...) mais bien dans l'art du récit qui est très maîtrisé. J'ai particulièrement apprécié les séquences de l'histoire se déroulant dans le Café où travaille Laura à mi-temps et globalement, j'ai été bien plus touchée par son personnage que par celui de Samuel. Peut-être parce que j'ai été intriguée par son comportement suicidaire et que j'ai eu du mal à comprendre ce qui a motivé son geste. Il y a ce qu'elle nous dit de sa vie devenue terne et sans intérêt, la souffrance d'être devenue comme invisible aux yeux des autres, ce que l'on comprend tout à fait, mais cette femme, telle qu'elle est présentée, ne ressort pas comme profondément dépressive (ou alors elle cache bien son jeu, et à elle en premier).
Était-ce vraiment
une bonne raison de se tuer ? Pour elle, oui.
Quant à la "bonne raison de se tuer" de son enfant, Samuel ne la saisira sans doute jamais vraiment. J'ai cependant décelé dans l'histoire une légère pointe d'optimisme qui tient dans le contact né de sa rencontre avec un ami de son fils.
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