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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans la série retraçant le parcours météorique, basé sur des faits réels, d'un type victime de ses origines plutôt que de prétendus agissements condamnables, je demande Ils Ont Tué Leo Frank.

17 Août 1915, 21h, Leo est tiré de la cellule où il végète (pour un crime qu'il n'a pas commis) par une horde de citoyens avides de justice expéditive à défaut d'impartiale.
18 Août, 7h05, Leo est pendu sans autre forme de procès que celle de notables aveuglés par la réussite et les origines d'un homme méchamment jalousé.

Leo Frank, juif new-yorkais délocalisé à Atlanta pour y diriger une usine de crayons, verra son karma virer noir charbon à la découverte du corps sans vie de Mary Phagan au sein de son entreprise.
De témoignages douteux en acharnement médiatique sciemment institué, le procès de cet homme mutique, au visage peu expressif, ne laissait d'envisager une issue fatale.
Et de fait...

Plus qu'un pavé dans la mare, c'est un pavé dans l'amer que ce récit illustré sous couvert d'une enquête journalistique particulièrement chiadée.

De la découverte du crime à l'enquête assortie d'un procès retentissant, rien n'est éludé pour le plus grand plaisir de toute personne atteinte d'allergie à quelque ellipse que ce soit. Et en cela, Ils Ont Tué Leo Franck répond en tout point au cahier des charges.

Si le coup de crayon est loin de me transporter au rayon "trop de la balle", le thème s'avère suffisamment porteur et instructif pour faire fi de cette réticence toute personnelle.

Des photos bicolores accompagnées de documents d'époque en annexe et c'est un morbide fait divers qui renait de ses cendres.
Mary et Leo furent tous deux martyrs.
L'une tuée par un homme aux bas instincts.
L'autre par une populace en quête de vengeance plutôt que de vérité.

Glaçant.
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C'est certain qu'ils ont tué Léo Frank. Cette bande dessinée va nous l'expliquer sur 96 pages. Mary, 14 ans, est découverte morte dans l'usine d'Atlanta où elle travaillait. Tout d'abord on accuse l'homme noir qui l'a découverte. Cela ne peut être qu'un noir. Ensuite on accuse le jeune patron de l'usine. le problème ? Il est juif et riche. Rien ne l'accuse mais peu à peu ce sera le coupable idéal. Coupable pour quelques femmes de l'usine qui inventent des histoires où l'homme était soi-disant trop pressant avec elles. Coupable aux yeux des journalistes, pour vendre du papier avec des informations sans fondement, coupable pour une presse populiste qui s'acharne sur cet homme.
Nous sommes en 1913, mais l'histoire est racontée en 1983, par un témoin qui ose enfin se livrer. Il y avait bien un autre coupable possible, noir lui. Mais l'histoire était déjà écrite, et fort mal, ce sera Léo Frank le tueur/violeur et rien ne pourra le sauver de la haine, de l'antisémitisme, de la jalousie, d'une bêtise obtuse et inhumaine.
Je ne connaissais pas cette histoire. C'est terrible à lire. Une autre époque ? Pas vraiment puisque les suprématistes blancs d'extrême droite ont pris la relève du KKK.
Le dessin n'est pas très lisible, les couleurs sont sépias et plutôt fades, les visages sont taillés à la serpe. J'ai eu un peu de mal à y mettre les noms et comprendre le rôle de chacun.
En annexe quelques documents d'époque.
Terriblement efficace et douloureux, d'une grande noirceur, et l'on se dit que même sans les réseaux sociaux on pouvait déjà bâtir des scénarios totalement faux. Juste pour attiser la haine. Décidément j'ai du mal avec ces sudistes....
A lire.
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D'après une histoire et des faits réels, ce roman graphique propose de suivre une vieille affaire judiciaire, qui pourrait s'avérer être une erreur.
Le samedi 26 avril 1913,  Mary Phagan, jeune fille de 14 ans, va chercher sa paye à l'usine où elle travaille. Son corps, sans vie et abusé y est retrouvé. 
Une enquête complexe et douloureuse est menée pour découvrir le coupable ce meurtre. Deux hommes étaient présents sur les lieux du crime. Son patron, un homme riche et juif, et un homme de couleur, balayeur, pauvre et alcoolique. 
Les citoyens d'Atlanta suivent les investigations avec fougue et emportement et exigent des réponses. le rôle abusif et explosif de la presse est mis en lumière.
Cette intrigue reflète la violence et l'aveuglement de cette époque. En annexes, des documents d'archives (photos, article de presse, pièces à convictions) ajoutent gravité et densité à cette terrible affaire. 
Puis, les auteurs dressent, dans les dernières pages, un parallèle à cette violence, plus contemporaine et toujours bien réelle dans nos sociétés. 
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La couverture est sans équivoque : un homme a été lynché. Ce lynchage constitue les premières pages du roman. Nous sommes en 1915 en Géorgie, un groupe d'hommes extirpe manu militari Leo Frank de sa prison et l'emmène vers sa potence. Justice expéditive.
Presque 70 ans plus tard, un homme se confie à des journalistes, il souhaite enfin pouvoir dire ce qu'il a dire de cette affaire et mourir en paix. Il se souvient de tout.
1913 à Atlanta, jour du Confederate Memorial Day, sorte de fête nationale des Etats du Sud en hommage à la guerre de Sécession, qui est encore dans les mémoires. Comme d'autres ce jour-là, la jeune Mary, 14 ans, va chercher sa paye dans l'usine quasi déserte. le veilleur de nuit trouvera son cadavre. Un mot près d'elle désigne un homme noir, le balayeur noir en train de laver des taches de sang est bien suspecté, mais Leo Frank, le patron, qui est le dernier à avoir vu Mary en vie au moment de la paye, présente les « tares » de venir du Nord (ex Yankee), d'être juif et riche.
S'ensuit le déroulé de l'enquête, menée à charge, avec la mise en avant du poids énorme des journalistes qui, dans le but de faire du tirage, publient des témoignages contradictoires, appellent à la délation, attisent la haine. La machine à fabriquer un coupable est en marche et rien ne peut l'arrêter. Il arrive un moment où les preuves contraires à la culpabilité de Leo Frank n'ont plus d'auditoire, les témoins qui pourraient réorienter le procès ou le faire réviser sont sommés de se taire. La justice échappe à la Justice lorsque l'on cède à la vindicte populaire.
Histoire vraie, reconstituée d'après les journaux de l'époque et les minutes du procès. C'est effarant.
Le dessin et la mise en page sont, quant à eux, sans intérêt particulier.
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Qui est Leo Frank et qui l'a tué ? Réponse dans l'album Ils ont tué Leo Frank scénarisé par Xavier Bétaucourt, illustré par Olivier Perret et colorisé par Paul Bona aux Editions Steinkis.
Nous sommes en 1913 à Atlanta. Leo Franck est le patron d'une fabrique de crayons ; il vient de New-York ; il est juif. Trois raisons qui font que ce trentenaire au physique à la Buster Keaton va voir sa vie basculer quand on va découvrir dans son usine le corps de Mary Phagan, une ouvrière de 13 ans. Ce fait divers authentique sur fond d'antisémitisme va déchaîner les passions outre-atlantique.

L'album s'ouvre sur deux pages quasi muettes.Géorgie, août 1915 : des hommes parcourent de nuit les 180 kilomètres qui relient Marietta à Milledgeville, pénètrent dans la prison, tirent brutalement Leo Frank du sommeil, refont le chemin inverse et le pendent au petit matin dans la forêt située à 30 km du cimetière de Marettia où repose Mary. Sur la dernière planche consacrée au lynchage, s'incruste une voix off, celle d'Alonzo Mann et nous basculons en 1982, à Bristol, Virginie. Alonzo Mann, 14 ans au moment des faits, était employé à la National Pencil Company de Leo Frank et, en ce jour de fête du 26 avril 1913, a été témoin de ce qui s'est passé. Il s'est tu à l'époque mais cette histoire l'a hanté toute sa vie ce qui l'a amené à témoigner auprès de deux journalistes.
C'est donc par sa voix que 70 ans après le drame, nous allons découvrir toute l'affaire. le veilleur de nuit qui a découvert le corps, le premier à être soupçonné en raison d'une lettre trouvée auprès de la victime laissant entendre que le coupable était un homme noir est vite disculpé. Les soupçons vont alors se porter sur deux autres hommes aux antipodes l'un de l'autre : Jim Conley, balayeur noir, pauvre, alcoolique qu'on a vu laver une chemise tachée de sang et Leo Frank, le patron, juif, considéré à tort comme riche, le dernier à avoir vu la victime vivante. Nous connaissons la fin : Leo Frank sera lynché. Etait-il coupable ? Et quand bien même il l'aurait été, qu'est-ce qui peut justifier un tel acte ?
Vont s'en suivre une enquête bâclée, menée à charge contre Leo Frank, supervisée par un procureur général soucieux de sa réélection, le procès, et enfin le lynchage par un groupe constitué d'un bon nombre de notables de la ville autoproclamé « Les chevaliers de Mary Phagan ». La boucle est bouclée.

Xavier Bétaucourt, le scénariste, vient du milieu journalistique et ça se sent.
Une des forces de cet ouvrage est la narration qui, suite à une recherche documentaire très fouillée, s'appuie d'une part sur les témoignages, réquisitoires et plaidoyers du procès et d'autre part sur les articles de journaux de l'époque.
Elle est rigoureuse, claire et convaincante.
Le fil conducteur du récit est de tenter de trouver une réponse à la question « Pourquoi et comment a-t-on pu en arriver là? »
Il faut compter avec le climat de l'époque. La vie était difficile à Atlanta, la misère y était grande et la violence omniprésente. Il y avait certes des tensions entre noirs et blancs mais l'antagonisme se situait surtout entre les riches et les pauvres.
La guerre de sécession n'était pas si loin et la rancoeur était encore forte contre les « Carpetbaggers » ces hommes d'affaire qui venaient du Nord.
C'est dans cette atmosphère de misère, de violence et de rancune que l'affaire a éclaté.
Et puis, il manquerait des pièces au tableau si l'on omettait de mentionner l'acharnement de la presse qui, afin de doper les ventes, va faire de la surenchère, n'hésitant pas à mentir et publier des témoignages plus que douteux livrant ainsi Leo Frank en pâture à la vindicte populaire.
L'attitude même de l'accusé, par sa froideur et son manque de réaction jouera en sa défaveur.

L'illustration d'Olivier Perret, sobre et efficace, est au service de la narration en donnant la primauté à l'action. Je salue tout particulièrement le travail de Paul Bona qui a colorisé via l'ordinateur les planches mises en lavis par le dessinateur. Ses choix contribuent à la lisibilité et la fluidité du récit. Les tons rouge foncé, grenat, orangés et bruns habillent les séquences relatant l'affaire en soulignant ainsi l'atmosphère étouffante. On peut noter un très beau rendu des ambiances nocturnes avec le contraste du ton violine avec l'orange des lampes ou le halo des phares. Quant aux scènes de la confession d'Alonso, elles sont réalisées en teintes naturelles avec prédominance du vert.


Précédant l'annexe constituée de photos de l'époque, un épilogue relatant des faits qui se sont déroulés à Charlottesville, Virginie en 2017 nous montre qu'un siècle plus tard, les mentalités n'ont malheureusement pas vraiment changé...


Si l'histoire de Leo Frank est connue au pays de l'Oncle Sam, elle l'est en revanche très peu en France. D'où le grand intérêt de cet album de la mettre en lumière sans manichéisme mais en la replaçant dans le contexte de ce début de XXe siècle aux États-Unis tout en nous amenant à faire un parallèle avec la période dans laquelle nous vivons. Elle fait résonance avec l'actualité : la situation sociale, le creusement des inégalités, les chaines d'info en continu à la recherche du sensationnel, les réseaux sociaux infestés de propos injurieux et haineux, la violence lors des manifestations, le racisme et l'antisémitisme toujours présents.
Démentant les propos de Calvo, la bête n'est pas morte.
Ils ont tué Leo Frank est une véritable réussite, un ouvrage essentiel qui nous incite à demeurer vigilants.
Ouvrage reçu lors d'une masse critique.
Merci Babelio et les éditions Steinkis.
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Encore une destinée (tragique celle-ci) que je découvre grâce à la BD.
1913 : le cadavre de Mary Phagan, une jeune ouvrière de 13 ans est découvert dans son usine à Marietta en Georgie. Elle a été étranglée.
Deux coupables possibles : un jeune Noir, ouvrier qui l'a découverte. Bon coupable dans un Sud ségrégationniste et Leo Frank, Juif, capitaliste, yankee venu du Nord : encore mieux 50 ans après la guerre de Sécession alors que les rancoeurs contre le Nord et son modèle économique capitaliste sont nombreuses et qu'un Juif incarne aux yeux des élites du Sud comme des classes populaires un ennemi à abattre. L'innocence d'une jeune fille pauvre du Sud blanche étranglée par un riche capitaliste pour des motifs sexuels, c'est en ce sens que le procureur et gouverneur orientent l'enquête. La population, poussée par des journalistes peu scrupuleux, trouve pourtant que la justice est trop lente ou trop clémente et certains parmi la classe sociale de la ville la plus en vue décident d'agir par eux-mêmes.
Un adolescent a tout vu mais on ne l'interroge pas, son témoignage gêne. Des années plus tard il se souvient.
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