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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Au commencement était la mer… Titre incomplet, les trois points de suspension l'attestent. Il annonce un début d'une histoire qui ne pourrait être que passionnante. Ce qui oblige le lecteur à lire jusqu'à la dernière page le récit pour prendre connaissance de l'épilogue. S'il y a un commencement, il faut bien qu'il y ait une fin, aussi tragique soit-elle comme dans le cas de Nadia, héroïne de ce roman. le choix du titre est délibéré. "La mer, c'est leur histoire. Au commencement était la mer…" [2] D'où est extrait le titre du roman. Une grande partie du récit se déroule au bord de la plage où résident Nadia et sa famille. Cet espace ouvert (qui est l'envers de la maison, espace fermé) sur le monde et sur les autres est un endroit idéal pour faire des rencontres, échanger avec les autres mais aussi tomber amoureux. Il procure une sensation de liberté, de bien-être et donne une impression d'évasion où l'adolescente Nadia s'oublie et donne libre cours à ses rêves de jeune fille.
C'est un titre énigmatique aux relents de suspens, conjugué à sa forme et à sa structure en bribes, en petits morceaux éclatés mais qui une fois réunis, constituent l'histoire complète de Nadia, l'héroïne. A travers cette fiction, Maïssa Bey retrace la vie et le parcours d'un individu féminin à l'ombre d'un individu masculin. En voulant s'affranchir, construire sa propre vie et son propre destin, elle se heurte à des tourments inattendus qui brisent ses rêves et ses créations parce qu'elle voulait être distincte du voisinage et du collectif. L'auteur ne condamne jamais, elle ne fait que constater, poser des questions, soulever des interrogations à travers les péripéties de Nadia.
Après la mort de son mari tué lors de la guerre d'Algerie (1954-1962), la mère de Nadia occupe le logement de son frère Omar, situé sur la côte algéroise, butin de la colonisation. Faute d'avoir son propre logement, cette famille se contente d'occuper momentanément celui de l'oncle en attendant des jours meilleurs. C'est l'Algérie qui recycle son passé colonial sous une autre forme en attendant de se reconstruire et de s'approprier ses propres valeurs. Faute de mieux, elle se contente de s'installer sur les décombres de la colonisation qu'elle avait chassée. Comme quoi, les séquelles de l'occupation sont vivaces et se manifestent sous plusieurs formes. Il faudra beaucoup de temps pour que les plaies se cicatrisent.
La mer : "Symbole de la dynamique de la vie. Tout sort de la mer et tout y retourne ; lieu des naissances, des transformations et des renaissances. Eaux en mouvement. La mer symbolise un état transitoire entre les possibles encore informels et les réalités formelles, une situation d'ambivalence, qui est celle de l'incertitude, du doute, de l'indécision et qui peut se conclure bien ou mal. de là vient que la mer est à la fois l'image de la vie et celle de la mort ".[3] La mer est aussi, dans ce roman l'opposé de la maison, en ce sens qu'elle représente un espace ouvert par rapport à la maison qui, elle, est fermée sur elle-même et sur les autres.
La mer est en relation aussi avec la mère : "Le symbolisme de la mère se rattache à celui de la mer, comme à celui de la terre, en ce sens qu'elles sont les unes et les autres réceptacles et matrices de la vie.
La mer et la terre sont les symboles du corps maternel […] On retrouve dans ce symbole de la mère, la même ambivalence que dans ceux de la mer et de la terre : la vie et la mort sont corrélatives. Naître, c'est sortir du ventre de la mère ; mourir, c'est retourner à la terre" [4].
La mère de Nadia, qui n'a jamais été nommée, symbolise ici le monde de la résignation, de la soumission aux rituels figés et stériles, le monde de la fatalité féminine. Elle est réduite à exécuter des actes mécaniques, des réflexes involontaires : "La mère est depuis longtemps enfermée dans un monde d'où les rêves et les emportements sont exclus. " [5]
L'autre mère, celle de Karim ; l'apprenti bourgeois : "…Cette dame respectable dont il (Karim) a si souvent parlé à Nadia qu'il lui semble la connaître, l'a rejetée avant même de l'avoir vue." [6] Dans les deux cas, la mère est, par excellence, cet opposant invétéré à l'épanouissement individuel de Nadia, donc de sa progéniture féminine; un obstacle supplémentaire sur le chemin de la vie, pleine d'embûches par ailleurs.
En plus, le parcours de Karim est déjà arrêté, son avenir tracé. Même la femme qu'il doit épouser est probablement repérée ; ce ne sera pas Nadia, c'est connu, Karim le savait aussi
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Ce livre se situe dans une Algérie menacée par les Islamistes. Une jeune fille, Nadia, tente de vivre sa vie dans un monde de plus en plus intolérant vis à vis des femmes. Petit à petit, elle va s'éloigner de son frère aîné, qui adopte la mentalité extrémiste.
Maïssa Bey, avec beaucoup de pudeur, dénonce les humiliations et l'oppression faite aux femmes dans cette Algérie intolérante. Son personnage incarne toutes les victimes de l'extrémisme de ces pays. À lire, c'est bouleversant.
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Aimer, rire, découvrir, rien de tout cela n'est facile en Algérie, à l'époque du GIA et de la montée de l'islamisme. C'est pourtant ce qu'osera faire Nadia, bravant son frère aîné et les règles de plus en plus strictes et enfermantes d'une minorité armée et violente.
Nadia est l'image d'une Algérie jeune, délivrée du colonisateur, en pleine adolescence mais déjà revenue du communisme local, vecteur d'inégalités criantes également. Elle sera malheureusement la proie facile d'un islam radical venu du désert et prétendant ramener la société à sa pureté religieuse originelle.
Un texte fort, prenant, baigné par la mer et le soleil. Un récit traversé par un espoir insensé, porté par l'amour. le portrait d'une société tiraillé entre modernité et traditions, pas toujours pour le bien de ses enfants.
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73 pages seulement mais des mots bien choisis, intime, violent, réaliste. A LIRE
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