"Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte".
(Extrait du livre d'Albert Cohen "Le livre de ma mère")
"Chaque humain a le choix de son propre destin. Il doit le tenir fermement entre ses dents pour ne pas le perdre."
"[...] il y a tant d'horreurs dans la vie qu'il vaut mieux de temps à autre se décréter aveugle pour ne pas les voir..."
_"Tu sais ce que je ne comprends pas ? C'est pourquoi les hommes sont excités par de belles choses et qu'ils en font des pas belles du tout [...].
_Parce que la méchanceté les empêche d'espérer, l'espoir mine. Le désespoir est tellement plus facile."
Que deviendrais-je si j'acceptais d'apprendre à lire ? Ces écrivains se prennent pour Dieu. Ils recréent le monde et veulent nous faire croire qu'on peut y trouver notre place, après on n'est plus pareil, on s'est fait avoir par leur bourrage de crâne. C'est contradictoire avec la vraie vie, ce qu'ils proposent.
- Et comment allez-vous faire si vous n'êtes pas mariée ?
- Je ne comprends pas.
- Ben, nous autres femmes sommes si petites... Je ne veux pas dire par la taille, mais petites parce que nous sommes réduites à la petitesse, vous comprenez ?... On peut vivre dans une grande ou une minuscule maison, ça nous comprime quand même. Il faut quelqu'un qui nous touche ou quelqu'un qui nous montre qu'il a bien envie de nous toucher pour nous faire sentir qu'on est bien vivantes, sinon on rapetisse jusqu'à disparaître.
- T'es vraiment une étrange jeune fille, Pauline. Tu n'es vraiment pas comme tout le monde.
- Je ne suis pas comme les gens qu'on trouve dans votre univers mademoiselle. Mais dans le mien, je ressemble à tout le monde.
Le salon de maman pue tout ce que l'univers a déjecté de toxique. L'espoir des laiderons de Pantin d'être transformées en bombes sexuelles les oblige à accepter d'être empoisonnées, convaincues qu'elles ressembleront aux mannequins frigides des magazines de mode. A main gauche, des femmes bigouditées mijotent sous des casques et téléphonent à tue-tête ; à main droite, des femmes encore, lisant des journaux à scandale pour oublier les brûlures du défrisant Skin Success. Une jeune fille pleurniche sous la morsure atroce de son premier défrisage.
- Il faut me laver les cheveux, gémit-elle. Ça fait trop mal.
- La beauté ne fait pas mal, rétorquent les autres candidates à la métamorphose, qui se mordent les lèvres pour ne pas laisser transparaître leur douleur. Supporte, ensuite tu seras belle.
- Une femme doit garder son argent pour élever ses enfants, j'ai lancé à mon frère. A partir de là, moi je dis que maman est une irresponsable.
- Mais qu'est-ce qui te prend ce matin, Pauline ? a demandé Fabien, furieux. Maman a été victime des circonstances atténuantes de la vie.
- Tu veux me dire qu'elle a inconsciemment abandonné nos trois frères à l'Assistance publique ?
- Elle n'a jamais voulu abandonner personne, Pauline. C'est l’État qui a décidé de la soulager, c'est tout.
"Le vrai courage, [...] c'est de mener un combat jusqu'au bout, même quand on sait qu'on va le perdre."
J'ai envie que quelqu'un me donne la main, me la serre, jusqu'à ce que la chaleur s'infiltre dans mes os.p 191