Sans souvenirs… Il se sentait en trop dans sa propre existence.
Les mouches se posent toujours sur les animaux malades. J’étais un animal, j’étais malade, puisque bouclé dans un Lager.
Il y a des chagrins d’amour dont on ne se remet jamais. Surtout lorsqu’on n’arrive pas à sortir de l’enfance.
Mais pas une amitié ne résiste à la jalousie mortelle déclenchée contre celui qui possède encore un morceau de pain quand votre propre ration a été dévorée.
Un bonheur peut, à la rigueur, se partager. Le malheur, lui, n’est jamais échangeable, pas plus qu’une camisole de force.
Ce n’était plus une ville mais un cimetière qu’il découvrait à la recherche d’un plan, d’une carte, d’un dessin pour se situer. Il marchait. Seul au monde, seul survivant d’un univers dont il possédait seul les clefs.
Personne, autour de lui, ne savait ce que la disette permanente peut faire d’un homme lorsque la faim, d’appétence banale devient monstre et dévore lentement l’affamé, lorsque le besoin vital de nourriture prend possession de chaque partie du corps et, tel un ogre, grignote une à une les milliards de cellules de la carcasse dont il s’est emparé. C’est la faim qui mange sa proie, c’est elle que l’affamé nourrit, cette horreur capable de transformer un saint en animal à l’affut de tout ce qui se croque, se ronge, s’avale.
Aucune symphonie, aucun orchestre ne pouvait couvrir la voix des canons, des bombes et des pleurs d’enfants.