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EAN : 9782073020710
219 pages
Gallimard (02/11/2023)
3.51/5   47 notes
Résumé :
Le Sentier est un beau quartier. On y rencontre des stylistes, des commerçants, des putains, à tous les coins de rue et même, parfois, un tueur. Un tueur qui aime, qui adore la mode et qui la coupe et la façonne au ciseau électrique ou ... au rasoir.
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Joseph Bialot est un auteur de langue française né à Varsovie en 1923 et mort en 2012 à Paris.

Il s'installe avec sa famille au début des années 1930 à Belleville.

Il est déporté à Auschwitz en 1944 où il passera près de 6 mois avant d'être libéré et retrouvera miraculeusement ses parents et réintègrera l'entreprise de prêt-à-porter familial.

Je m'étale rarement sur la vie des auteurs, mais les quelques renseignements donnés sont nécessaires à comprendre les romans (du moins les premiers) de l'auteur.

Effectivement, le tout premier, celui qui nous intéresse aujourd'hui, s'intitule « le salon du prêt-à-saigner » et le second « Babel-ville » (car il se déroule à Belleville).

« le salon du prêt-à-saigner » est publié dans la série « Super Noir » de Gallimard en 1977 et remporte le Grand Prix de la Littérature Policière en 1979.

Les meurtres s'enchaînent dans le Sentier et le commissaire Faidherbe et l'O.P. Chaligny, ainsi que l'inspecteur Brancion sont chargés de l'enquête…

Bon, résumé très succinct que celui que je viens de faire, mais je ne m'étendrais pas plus sur l'histoire qui est à la fois simple et complexe et qu'il vaut mieux découvrir par soi-même que de se la faire conter par un autre (même si cet autre, c'est moi).

Joseph Bialot, avec ce premier roman, intègre immédiatement le statut d'écrivain prometteur (il fut récompensé pour celui-ci), mais surtout ma liste des auteurs dont je me demande pourquoi je ne les ai pas connus plus tôt.

Effectivement, avec un écrivain de langue française publié dans l'une de mes collections préférées de la seconde moitié du XXe siècle, la Série Noire de Gallimard, maniant à la fois l'humour, les réflexions sociétales, les intrigues policières, une certaine poésie, l'art de la description et bien d'autres choses encore, il était évident que la rencontre serait pour le moins plaisante.

Mais ce qui m'a tout d'abord surpris, dans ce roman, c'est la maîtrise totale dont fait preuve l'auteur.

Maîtrise de sa plume, tout d'abord. D'une plume particulière, en plus, qui ne cherche pas à singer, mais qui, au contraire, s'octroie le droit d'innover, de plonger dans l'humour bon enfant, dans l'ironie mordante, dans la dénonciation, dans la réflexion, dans la poésie, sans jamais demander l'autorisation au lecteur.

Maîtrise de son histoire, ensuite, qui donne pourtant l'air de partir un peu dans tous les sens, du fait de la volonté de l'auteur d'aborder différents sujets, de démontrer ses capacités, et qui, pourtant, va là où il l'a voulu l'emmener.

Maîtrise, surtout, de sa narration. Trop, d'ailleurs.

Il était étonnant, dans un premier roman de faire preuve d'autant de maîtrise, de maîtrises, même (avec un « s »).

Car, on a tendance, dans une première oeuvre, à vouloir tout donner et on finit par en mettre trop.

Pas là, à part dans la narration, mais c'est probablement un détail qui ne gêne que moi.

Effectivement, Joseph Bialot use là d'un schéma narratif qui est devenu, depuis, une mode chez les écrivains de Thriller, celui (le schéma) d'alterner à coup de courts chapitres, les avancées dans des histoires parallèles.

Cet artifice, destiné à dynamiser une intrigue, est plutôt plébiscité par les lecteurs, raison pour laquelle tous les Best Sellers actuels du genre en usent et en abusent.

Mais, personnellement, je préfère les narrations linéaires, les intrigues ne développant qu'une seule histoire, même si j'ai bien conscience qu'il est plus ardu pour un écrivain de parvenir à instiller un grand suspens dans ces conditions (mais c'est alors la consécration quand ils y parviennent).

Bialot, dans ce roman, propose un grand nombre de personnages.

Trop, serais-je tenté de dire, car j'ai eu le tort de débuter ma lecture par petites tranches, le soir, alors que j'étais un peu trop fatigué pour me concentrer et retenir des détails trop nombreux, ce qui m'a empêché, dans un premier temps, de bien entrer dans cette histoire.

Quand les personnages sont nombreux, mieux vaut être concentré.

Et l'auteur n'hésite pas à passer de l'histoire de l'un à l'histoire de l'autre, sur quelques lignes. Sachant, bien sûr, que toutes les histoires seront reliées à un moment ou à un autre.

Ici, Bialot ne s'embête pas à attendre le prochain chapitre pour changer de lieu, de point de vue, d'histoire, de personnage. Non, il le fait quand il veut.

Comme souvent, pour un premier roman, l'auteur s'appuie sur quelque chose qu'il connaît bien.

Ici, le Sentier, l'ambiance, les gens, le métier…

Et l'on sent que l'auteur connaît et aime ce quartier. On sent l'empathie sans laudation ni concession.

Je parlais d'une rare maîtrise pour un premier roman, mais deux détails peuvent expliquer cette incroyable qualité.

La première est que l'auteur avait le goût des études. Ayant dû les interrompre à l'arrivée de la guerre, il les reprendra bien après pour obtenir une licence en psychologie en 1969.

La seconde, et pas des moindres, est que ce premier roman intervient tardivement dans la vie d'un écrivain.

Effectivement, c'est à 55 ans qu'il écrit cette oeuvre liminaire.

Et cette maturité d'homme explique la maturité de l'écrivain.

Bref, peu importe l'âge de l'écrivain, peu importe son passé, peu importe sa formation, la seule chose à retenir est la qualité de son premier roman qui promet un bel avenir à son auteur.

Car ce roman comporte à la fois tout ce que voulait y mettre Joseph Bialot et bien plus encore.

Au final, un excellent premier roman, foisonnant et parfaitement maîtrisé.
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Ecrit à 100 a l'heure, ce livre démarre sur une série de meurtres, l'occasion de pénétrer dans la ruche qu'était le sentier à la fin des années 70.
Dans un Paris survolté, les évènements s'enchaînent, l'équipe de la police, emmenée par Brancion, est vite dépassée.
Le style est vif et direct, l'auteur se permet des digressions humoristiques fréquentes, pas toujours facile à suivre ; mais on est vite embarqué par le tourbillon de cette intrigue rocambolesque, parfois perdu au milieu de personnages, mieux caractérisés du côté malfrat que du côté police... et qui entrent dans le jeu au fur et à mesure que d'autres en sortent (les pieds devant).
En fait le vrai personnage c'est le quartier du sentier... et ce bouquin vite lu vaut pour ce côté témoignage historique.
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Tout premier roman de Joseph Bialot sorti en pleine période Giscardienne : l'année de l'enlèvement du baron Empain, la mort de Claude François, l'évasion de Jacques Mesrine de la prison de la santé puis le naufrage du pétrolier Amoco Cadiz au large de Portsall.

Dans "Le salon du prêt-à-saigner" des cadavres se succèdent, une femme est égorgée, un homme poignardé et les flics sont sur les dents. le commissaire Faidherbe, son adjoint Chaligny et le policier Brancion mènent l'enquête qui s'avère compliquée et contenant très peu d'éléments. L'enquête les mènera sur les traces d'un tueur qui laissera de nombreux cadavres sur sa route, notamment une famille d'origine turque. Attention aux gosses car eux aussi, ils peuvent être très dangereux.

La trame est finement bien racontée avec style et fougue par notre regretté maître du polar français. On rit, on s'effraie, c'est drôle et
violent ou voir même, c'est drôlement violent. Une course poursuite passionnante entre la police et un tueur sans scrupule. Monsieur Bialot nous entraîne dans un roman effréné aux chapitres courts et rythmés, parsemés d'humour, dans le quartier du Sentier. Les personnages sont dans son ensemble plutôt bien campés et assez crédible que l'intrigue policière est très bien menée. Un excellent roman très court qui se lit à une vitesse folle. Un véritable polar sombre et sanglant que je vous conseille vivement.
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À Paris, dans le quartier du sentier, entre spécialistes du prêt-à-porter et prostituées de la rue Saint-Denis, on retrouve une jeune femme égorgée. L'inspecteur Brancion, du commissariat voisin, connaît le coin comme sa poche. Il fera équipe avec le commissaire Faidherbe et son adjoint Chaligny, nommés pour mener l'enquête.
Rapidement un second cadavre apparaît. Un homme cette fois, mais ayant subi le même acharnement à l'arme blanche. Victimes inconnues, pas de témoins, aucun indice sinon l'utilisation du même type d'instrument. L'affaire s'annonce délicate, d'autant que les cadavres continuent à s'accumuler…
Enfin, la première piste apparaît : un grossiste du sentier qui, ne voyant pas sa commande de façonnage arriver, s'est rendu chez son fournisseur (une femme) pour réclamer son dû. Là, il a trouvé porte close et, de fil en aiguille, on reconnaît une des femmes égorgées.

Joseph Bialot ne s'embarrasse pas avec les fioritures et procède par flashes, courts, incisifs. Peu de descriptions, des faits, bruts, agrémentés de quelques réflexions sur l'environnement, sans doute un peu datées puisque le roman « remonte » à 1978, mais qui rappellent le contexte de l'époque, ses particularités. On est encore « sous » Giscard, c'est la fin de la droite triomphante et le début des « crises » économiques successives qui vont bientôt frapper. On est encore au temps des bidonvilles…

Les mômes barbotaient dans la gadoue et vous jetaient un regard au passage. Regard d'un gosse qui, à dix ans, sait tout. Tout sur le mépris, tout sur le sexe, tout sur la misère totale, tout sur la magouille qui permet de survivre, tout sur un monde qui efface le sourire.


Une vision qui émerge du patchwork de saynètes où se débattent des flics de cinéma, pas forcément réalistes. On est à la lisière entre le roman de gare et le néo-polar et l'auteur a parfois un ton moqueur qui fait mouche :

Il ouvrit le transistor. L'Orchestre National de Mongolie Extérieure attaquait le 1er mouvement de « Trisomie 21 ». Comme dirait le Nouvel Obs : « c'était une musique terriblement vraie ». Il alluma une cigarette, attendit l'heure des informations.

Et puis le motif général prend forme, la narration se fait plus fluide. La victime n'était pas si « blanche » et pratiquait autant le commerce de la chair que celui du tissu, déléguant à d'obscurs sous-traitants turcs ses travaux de couture. Quant au tueur, il s'adonnait au racket des petites mains.

La construction du récit est étonnamment moderne compte tenu de l'époque à laquelle il a été écrit. L'alternance des points de vue, le rythme soutenu, l'humour vachard, font qu'on ne s'ennuie pas. D'autant que l'auteur parsème ses chapitres de quelques sentences bien amenées :

(…) Tant que le narcissisme fera des ravages, tant que les femmes atteintes du complexe de Blanche-Neige interrogeront les miroirs, tant qu'elles voudront jouer à la poupée avec elle-mêmes, la mode décidera de ce qu'il vous faut porter pour continuer d'exister.

Joseph Bialot connaît le Sentier et son petit monde, il l'a pratiqué dans sa chair. Pas étonnant qu'il en fasse le théâtre de son premier roman, salué en 1979 par le Grand Prix de Littérature Policière, mérité.
La seconde partie du récit est plus aboutie, moins brouillonne que le début, mais l'auteur sait vous attraper et ne plus vous lâcher tout en conservant un oeil lucide sur tout ce qui l'entoure. Une (re) découverte.
Lien : https://polartnoir.fr/livre...
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Vous ne trouverez dans ce « policier » aucune analyse ADN, aucune géolocalisation, pas de bitcoins ni même d'euros. Aucun protagoniste n'évoquera le dérèglement climatique ou n'aura d'opinion sur les islamogauchistes.
Le lecteur, au fil des pages, va croiser des R16 et des DS, quelques yougoslaves, dont certains ressemblent à Moshe Dayan. Il entendra évoquer le plan Barre, le paiement en francs, le décollage du concorde, de débats d'intellectuels sur la 1ère chaîne qui sont nommés Jean Saul Partre, Gueleuse et Dattari…
Bref, un polar que les moins de 45 ans trouveront daté ou bien que, justement, ils ne parviendront pas à dater. Que les jeunes et les autres se rassurent, malgré des dialogues parfois simplistes, « le salon du prêt à saigner » propose une intrigue rondement menée qui se laisse lire sans déplaisir.
L'originalité du cadre, le quartier du Sentier à Paris, contribue à la réussite du livre. Il n'est pourtant jamais question, vous vous en doutez, de Fashion week.
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critiques presse (2)
LePoint
22 février 2024
Flics perturbés, carambolages musclés, intrigue retorse : c'est sec, corsé, génial. Mais il y a surtout, dans ce verbe drôle et élégant, ce regard mordant sur le monde, ces descriptions vives d'un Paris disparu, un immense écrivain de notre patrimoine.
Lire la critique sur le site : LePoint
Culturebox
20 novembre 2023
Dans ce premier roman Jospeh Bialot propose une histoire qui n'a pas grande importance si ce n'est qu’elle permet à l'auteur de nous livrer sa vision du monde, très ironique : son regard et son humour noir sont dévastateurs. D’évidence, l'écrivain ne se fait guère d’illusion sur ce qui l’entoure.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Sous le règne du fais-ce-qu’on-te-dit-et-ne-fais-pas-ce-que-je-fais, tu trouves le monde con, les parents bornés, le travail chiant, les études imbéciles, tu flippes, alors un jour, par un copain, par une nana, c’est la défonce, extra, et le besoin grimpe, la seringue, le pied, le plaisir, la lumière, et la came commence à te bouffer, elle te bouffe, un cancer total, absolu, tout y passe,métastases dans la tête, dans le cœur, dans les couilles, tu essaies la cure, dur, très dur, infernal, ça va si t’as quelqu’un pour t’aider, pour t’écouter, mais tu trouves qui, tes parents, ils tremblent, ragots du voisinage, tu parles un fils camé, c’est comme s’il était pédé, péché capital, la tare de la famille, les copains, s’ils sont comme toi ils viennent se shooter avec toi s’ils n’y touchent pas alors, ils te regardent, essaient de comprendre, un instant, savent que t’es foutu, que tu n’as plus qu’une seule liberté, courir après la came pour ne pas manquer, les nanas, qu’est-ce que c’est les nanas, t’essaies encore une fois d’échapper, t’as plus de sang dans les veines, seulement un liquide puant, pollué par l’héroïne, du purin à la place du sang rouge, un mec disait qu’il voulait regarder-Dieu-en-face en fait de dieu ce que tu regardes c’est toi, au niveau zéro, au niveau néant, au niveau
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Simone, la jeune femme, arriva enfin. Elle s'écroula sur les coussins, accepta un jus d'orange. Brancion la dévisageait sans vergogne, fasciné par l'allure et les vêtements de la jeune femme. De plus, elle représentait un univers tabou, un monde où les flics n'avaient pas accès. Le petit ghetto, à la fois doré et fauché, des stylistes, mannequins, photographes publicitaires, journalistes qui travaillent, créent, diffusent, imposent une façon de se vêtir, de se déshabiller, de rêver. Un milieu clos où la futilité, la grâce, la poudre aux yeux servent de carte de visite et où le talent sous – tend une idéologie oppressante qui enveloppe chacun de l'invisible filet du rétiaire.
Le piège fonctionne avec une telle souplesse, une telle précision, que même la contestation n'a pas su l'éviter. L'espèce d'anti – mode, sécrétée pour et par certaines femmes de la rive gauche, n'échappe pas au conformisme et tombe à son tour dans la trappe de l'objet à regarder, à posséder, à consommer. Et ce n'est pas l'anti – fringue, le chiffon – pouillerie, le vêtement – alibi acheté aux Puces, aux surplus ou dans un souk qui y changera quoi que ce soit. La récupération sera immédiate et le style « clocharde », à son tour, deviendra objet d'envie. Personne n'y échappe.
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C'était deux jeunes colosses, à la poitrine large, aux muscles longs et durs, aux dents d'une blancheur à rendre fous les publicitaires qui dévorent les budgets des fabricants de dentifrice.
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La voiture des Turcs s'arrêta rue de l'Orillon à Belleville, un quartier de Paris qui s'enorgueillit des plus beaux taudis de la capitale et d'une population aux nationalités aussi diverses que celle des délégations de l'O.NU.
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Pourquoi n'avaient-ils pas alerté la police ? Mais parce que, comme beaucoup de citoyens de l'hexagone, ils ne lisaient pas les journaux, tout simplement.
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