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Ce livre est un récit romanesque d'un ancien déporté de retour d'Auschwitz, l'auteur avait précédemment raconté son vécu dans "C'est en hiver que les jours rallongent."
Ce témoignage rappelle bien sûr les livres de Primo Levi ou Simone Veil, mais le récit est abordé sous un angle différent. le lecteur y découvre bien entendu les horreurs commises dans les camps d'extermination, les conditions de vie des détenus, la hiérarchie instaurée dans les camps, les brutalités, les privations, les exécutions, mais aussi à l'approche des troupes américaines, l'abandon des camps par les SS entraînant avec eux sur les routes, les déportés déjà plus morts que vifs...
Un très beau livre qui montre aussi combien le retour à la liberté est difficile, et la perte de repères que peut avoir un ancien déporté lorsqu'il retrouve une ville comme Paris, où tout a changé depuis son arrestation, entre occupation allemande puis passage des troupes alliées de libération, ville encore marquée par la guerre, par ses restrictions, par ses deuils.
J'ai beaucoup apprécié ce livre et le style sobre de l'auteur.
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Si mai 1945 voit se profiler la fin de la guerre, ce n'était pour autant pas encore la paix. Les restrictions de toute sorte pèsent encore sur le quotidien, les gens sont usés, certains continuent de mourir. Les prisonniers de guerre et les déportés ne sont pas encore revenus, les règlements de compte s'annoncent, et lorsque les jeeps américaines s'engagent su les routes pour rejoindre les dernières poches du front, elles croisent des pyjamas sur la route. Des pyjamas rayés qui, de manière effroyable, renferment des corps vidés de leur chair, des « corps aux angles aigus ». Parmi eux, miraculeusement, il y a un « tas humain » qui sera ramassé après avoir donné des signes de vie.
Parlant français, cet inconnu à la mémoire blanche, sans identité, et auquel on a attribue le nom d'Alex entreprend une fois pris en charge par les autorités françaises un autre combat : celui de redevenir humain avec une enveloppe charnelle, une identité, un passé, des émotions…

C'est ce cheminement d'un amnésique vers le retour à la vie, ou plutôt vers la reconquête de sa vie que raconte Joseph Bialot dans La station Saint-Martin est fermée au public. Car après avoir vraisemblablement connu la famine, les brimades, la violence, la cruauté, l'angoisse incessante qui vrille l'estomac dans les camps, Alex a oublié ce qu'était être humain.
Il ressemble à un spectre, il appartient à cette foule d'invisibles que la guerre a réduits à l'état animal. Dés lors, avec une langue grave et une distance intuitive, on suit le récit d'un homme qui se laisse guider par ses sensations une fois qu'il rejoint Paris. Puis au fur et à mesure qu'il tente de ranimer sa mémoire, Alex se rend compte que le « qui suis-je ? » est douloureux, même s'il n'est plus la menace d'un kapo ou d'un SS.
C'est un roman pudique, de dimension et d'intensité modestes, peut être parce qu'Alex ne peut aller au-delà de la simple sensation et que les émotions ont longtemps demeuré comme anesthésiées. Toutefois, ce court récit dans lequel on pourrait certainement y déceler une part autobiographique quand on sait que Joseph Bialot est un ancien déporté, parvient à captiver le lecteur
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Un homme a été récupéré quasi mort par l'armée américaine à la fin de la seconde guerre mondiale.

Il reprend peu à peu vie, mais reste sans mémoire. Une infirmière prendra soin de lui et avec patience , l'aidera à retrouver petit à petit ses souvenirs.
Peu à peu, il évoque son parcours terrible dans les camps de concentration.

Livre court et puissant. A lire!
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avec mes remerciement à Masse critique et aux éditions Phébus

Tiré d'un fait réel, entre témoignage et fiction, tragique et ironique à la fois.

Découvert inanimé, à la suite d'une marche de la mort, "Alex" est conduit dans un hôpital du secteur français en Allemagne. Remis en état physiquement, Alex a perdu tout souvenir de sa détention en camp de concentration, de sa vie d'avant, jusqu'à son nom.

Peut à peut, sous l'effet du traitement et de l'aide de son infirmière, il va avoir des flashes de scènes, d'endroits, de personnages, mais rien pour vraiment les relier entre eux.

Et puis, c'est le retour en France, à Paris, avec son infirmière avec qui il a une idylle, et certains lieux, des odeurs lui semblent familiers. Peut à peu, les souvenirs vont resurgir et son identité retrouvée.

Un très beau "roman" vraiment passionnant tant pour l'histoire et que son humanité. Plusieurs fois que je lis Joseph Bialot, et jamais déçue, que ce soit sur ses livres sur la Shoah que sur ses polars.
Lien : http://mazel-pandore.blogspo..
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Un lecteur de Babelio a proposé la lecture de ce récit. Je l'ai lu dans l'après-midi, avec émotion,. Ce récit se rapproche d'autres dont "Si c'est un homme" par la description de la "vie" dans les camps de la mort. Jeune homme de 20 ans, juif, déporté en 1944 est, jeté sur les routes avec d'autres prisonniers à l'arrivée des Américains. Il est l'un des survivants mais il a perdu la mémoire. On le retrouvera plus tard à Paris, à la recherche de son identité. Paris en 1946, un an après la libération, c'est encore le temps des restrictions,une ville triste, grise, où les plus modestes , les plus nombreux ont faim. Alex , prénom provisoire, erre, découvre parfois dans un brouillard, des morceaux de quartiers qu'il a sans doute connus, jusqu'au jour où il se heurte à la station de Saint Martin fermé au public, symboliquement fermée comme sa vie. Beau récit, émouvant, historiquement vrai, écrit d'une plume légère malgré la gravité des faits. Découverte d'un écrivain pour ma part que je vais m'empresser de "découvrir".
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Avec La station Saint-Martin est fermée au public, Joseph Bialot façonne une DeLorean littéraire.

En effet, bien que le titre et la couverture de l'ouvrage augurent une dominante spatiale, cette fiction est avant tout soumise au prisme du temps, comme le laisse présager la photographie en noir et blanc de Jean-Pierre Couderc.

Assez significativement, le verbe de la station Saint-Martin est fermée au public s'avère d'ailleurs à la forme passive du présent de l'indicatif et préfigure en cela la posture initiale du héros soit celle d'un homme qui ne connait pas de passé – amnésie oblige – et qui endure un présent nébuleux. Il lui faudra donc lutter pour recouvrer son passé et ainsi triompher de ce présent qui l'accable.

Dans ce court récit, Joseph Bialot relate plus précisément la prise en charge d'un homme laissé pour mort par les Allemands et miraculeusement retrouvé par des soldats américains – qui l'appelleront Alex – à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Amnésique, il s'efforce tant bien que mal d'explorer les méandres de sa mémoire afin de "réintégrer sa peau, [de] se retrouver à l'aise". À travers la restauration d'un passé concentrationnaire, c'est donc la reconstruction mentale et identitaire qu'évoque l'auteur.

À mi chemin entre le témoignage et la fiction, La station Saint-Martin est fermée au public nous immerge, à travers des bribes de souvenirs, dans la misère et la pestilence concentrationnaire. Cette oeuvre hybride évoque également la profonde absurdité du mécanisme nazi : de l'odieux hasard avec lequel les allemands choisissent quel déporté tuer – ils utilisent le principe du loto – au métier de médecin du camp, chargé finalement de maintenir en vie des hommes voués à la mort.

Si Joseph Bialot insiste donc sur le caractère éminemment ubuesque de l'univers concentrationnaire, il délivre également bon nombre d'informations pratiques : il évoque notamment les différents tickets d'alimentation et le rationnement sous toutes ces formes (nourriture, gaz etc). Les notes de bas de page sont également précieuses : j'y ai ainsi appris quel était le surnom d'Isle Koch, la femme du chef de camp de Buchenwald ("la chienne de Buchenwald"), que le Grand Rex était un Soldatenkino durant l'Occupation, c'est-à-dire un cinéma exclusivement réquisitionné pour divertir la Wehrmacht ou encore qu'à Auschwitz, "nombre de Polonais aryens affichaient une grande admiration pour Rina Ketty" et plus spécifiquement pour sa chanson J'attendrai.

J'ai également grandement apprécié la réflexion duale sur l'espace et le temps. Dans La station Saint-Martin est fermée au public, il semble en effet que les lieux soient vecteurs de souvenirs – et donc en l'occurrence pour Alex, notre héros, de traumas – que seuls le temps permet d'apaiser. Espace et instant sont donc complémentaires ici et contribuent au travail de guérison. J'aurais toutefois aimé que certaines thématiques soient plus approfondies comme ce passage où il appréhende, à travers un de ses personnages, les mots comme un possible antidote à la barbarie – idée qui m'a d'ailleurs rappelé le très joli L'Ecriture ou la vie de Jorge Semprun – ou encore celui où il décrit le modèle allemand.

"Les nazis ont inversé l'ordre social et moral" écrit-il. "Au Lager, le pays du négatif, tu n'existes que si tu as quelqu'un au-dessous de toi, quelqu'un à haïr, à commander, à humilier, un être à détruire, à pressurer, à faire sangloter. C'est ça, aussi, le fascisme. le Kapokommando ne trouve de consistance que dans cette échelle de valeurs : il le droit de vie et de mort sur son Unterkapo, son Vorarbeiter, son Pipel et, bien sûr, sur tout crevard de base, le déporté lambda." L'expression "pays du négatif" par exemple, que je trouve extrêmement intéressante, aurait mérité plus d'explications.

De même, dans un autre registre, pour le personnage de Clotilde qui se trouve tiraillée entre le souvenir de son défunt – et vénéré – père et les exactions qui lui sont reprochées. Un récit plus long aurait permis d'explorer davantage sa psychologie et ainsi peut-être d'égaler la richesse réflexive du film Lore qui traite un sujet similaire. Les quelques cent-quarante pages me semblent également trop ténues pour aborder pleinement la résurgence progressive de la mémoire – d'autant que les souvenirs reviennent de manière chronologique ce qui me semble improbable et donc peu crédible – et aboutissent à une fin un brin trop abrupte à mon sens.

En résumé, une oeuvre pudique et lucide qui retranscrit à merveille l'expérience post-concentrationnaire mais qui aurait toutefois gagné à être plus longue tant les idées évoquées ou survolées laisse présager une grande richesse.

Ce témoignage fictionnel a été reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique. Je remercie donc Babelio et les éditions Libretto de m'avoir fait découvrir Joseph Bialot.

Plus de détails (mes rubriques "n'hésitez pas si ; fuyez si ; le petit plus ; le conseil (in)utile, en savoir plus sur l'auteur") en cliquant sur le lien ci-dessous.
Lien : http://blopblopblopblopblopb..
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Découvert moribond sur une route allemande en 1945, un homme est ramassé par les soldats américains. Il est amnésique, et la seule trace l'identifiant est un tatouage fait à Auschwitz.
Pendant des semaines il réapprendra peu à peu à s'alimenter, à ne plus être terrorisé.
En revanche il lui faudra l'aide d'un narcotique pour que des images de son passé lui reviennent en mémoire.
Son arrestation, les convois en train, les camps…
Mais ce n'est qu'à Paris, en parcourant inlassablement les rues, qu'il parviendra à reconnaître des détails familiers, des magasins, sa station de métro (fermée au public depuis 1939) et, enfin, sa maison.


Tiré d'un fait réel, ce très beau récit est dans la lignée de "C'est en hiver que les jours rallongent". de nouveau l'inimaginable nous est décrit, cette fois par bouffées au fur et à mesure que les souvenirs reviennent. le retour à Paris des prisonniers et des rapatriés des camps est aussi un moment très fort.
Difficile d'en dire davantage tant l'émotion est palpable face à de tels récits.

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Lorsque cette colonne de camions GMC américains roule de nuit sur une route allemande en ce mois de mai 1945, les soldats à bord remarquent ces tas de vêtements dans le fossé.
Jusqu'à ce qu'un photographe du service cinéma de l'US Army qui les accompagne ait un affreux doute, et fasse arrêter les camions.
Ce qu'ils découvrent alors au bord de la route, ne sont pas des tas de vêtements, mais des corps totalement décharnés.
Ce sont les morts laissés au bord de la route par les SS lors de la marche de la mort pour évacuer les prisonniers du camp d'Auschwitz devant l'avancée de l'Armée Rouge.
Et parmi eux, un survivant.
Ce jeune homme qu'il est impossible d'identifier ne portant sur lui que le tatouage reçu lors de son arrivée à Auschwitz, a totalement perdu la mémoire.
Mais parlant français, il est donc confié à l'armée française sous le seul prénom d'Alex.
Peu à peu Alex va retrouver des forces, mais la mémoire lui fera toujours défaut.
Lorsque grâce à une infirmière, il arrivera à Paris, il lui semblera alors reconnaître la ville et être sûr que c'est de là qu'il vient.
Un magnifique roman qui nous rappelle combien le retour des survivants des camps a été bien difficile dans un pays dont les habitants voulaient tracer un trait sur les souffrances des années qu'ils venaient de vivre, et qui refusaient de voir, entendre ou comprendre tout ce qui pouvait le leur rappeler, rendant ainsi encore plus terrible le retour de ceux et celles qui avaient tout perdu et parfois étaient même les seuls survivants de leur famille totalement décimée.
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Joseph Bialot est un auteur attachant et qui toute sa vie aura principalement écrit des romans ou des récits autobiographiques en rapport direct avec la seconde guerre mondiale et surtout la Shoah . Pas d'apitoiement ni d'images pour faire pleurer dans les chaumières mais des mots simples pour retracer l'horreur . Un auteur trop peu lu malheureusement . Ce récit nous parle de l'abomination des camps de la mort et du traumatisme des survivants qui pour certains culpabilisaient d'être encore en vie alors que tant de camarades n'étaient pas revenu . A lire et relire sans modération .
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formidable parcours d'un survivant des camps, jusqu'au retour de sa mémoire, on suit avec lui son rétablissement physique, les réactions face l'horreur et ses "moments" qui lui reviennent, un petit livre magnifique, bien écrit et si moderne!
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