La trilogie Nikopol, tome 1 : La foire aux immortels

Représentation triste, grise, molle d'un Paris couvert de bubons. Une litanie de vignettes remplies de portraits mollassons qui laissent entrevoir à peine des décors mollassons coloriés avec des couleurs mollassonnes. Pas stimulant au niveau contenu SF. Encore moins au niveau mythologique : le dieu des morts présidant avec la déesse du foyer à une assemblée des dieux dans une pyramide fonctionnant au pétrole et en panne sèche (sachant que la plus grosse réserve d'hydrocarbures du système solaire se trouve être Titan, un satellite de Saturne, on se demande bien pourquoi ils viennent mendier aux portes de Paris) ; Horus qui est censé être en guerre contre Seth, est en révolte contre tous les autres. Pas bien cohérent. le scénario semble avoir été écrit par le duo Georges Marchais et Charles Pasqua sous acide, ce qui aurait pu être marrant si c'était vrai...

Drôle de monde que celui de "la foire aux immortels " premier tome de la trilogie Nikopol. En 1980 Bilal imagine le monde de 2023 et nous plonge dans un Paris en décrépitude gouverné par les fascites. Cela fait froid dans le dos! Mais cette dystopie convoque aussi des dieux égyptiens coincés dans une pyramide volante à court de carburant, des joueurs de hockey sanguinaires, un chat à rayures vertes.... L'univers est malsain, les rues de Paris glauques. Les personnages sont avides de pouvoir, manipulateurs, violents et pervers. Aïe où me suis-je embarquée moi qui lit peu de BD et jamais d'ouvrages d'anticipation...

Pourtant, même si je reste extérieure à ce scénario complexe et glaçant je ne regrette pas mon incursion dans cet univers inconnu car il y a les illustrations.

Et là, bravo! La palette de couleurs est harmonieuse, douce malgré la rudesse du trait. le dessin est maîtrisé, sobre, appliqué. J'ai adoré les planches architecturales,rues, tunnels, immeubles. Les cadrages sont cinématographiques: plongée, contre plongée, gros plans sur ces visages fermés maquillés de rouge et de blanc. La construction de chaque page est graphique, rigoureuse, équilibrée. Il se dégage une harmonie de ce monde de chaos. C'est étonnant et impressionnant !

Je ne lirai sans doute pas la suite de cette série mais à l'occasion je n'hésiterai pas à feuilleter les BD de Bilal pour admirer le travail pictural.

Premier volet de la trilogie Nikopol : la foire aux immortels d'Enki Bilal est assez étrange car des univers très différents se mêlent.

Paris 2023, on y croise :

un dictateur maquillé comme David Bowie qui est aux pouvoirs entouré d'un chat télépathe

un pape avec des petits angelots

une pyramide flottant au dessus de la ville avec les divinités égyptiennes à la recherche d'essence

un ancien prisonnier qui hibernait dans un caisson envoyé dans l'espace ...

Tous se retrouvent au centre d'une lutte du pouvoir, qui se joue autour d'un match de Hockey sur glace.

Je suis vite rentrée dans l'histoire pour une oeuvre de SF, où la mise en place du décor et des différents personnages peut-être parfois longue.
Le dessin est détaillé et coloré.

A voir ce que donne la suite.

Enki Bilal est un véritable artiste et son style reconnaissable au premier coup d'oeil fait merveille dans ce superbe album. Décors mêlant le Paris d'aujourd'hui avec des bâtiments plus modernes dans une ville en pleine décrépitude, société décadente dont les habitants blafards se fardent comme des clowns tristes et répression d'un dictateur utilisant les discours de Mussolini, tout cela instaure une ambiance étrange et prenante. Par contre, je suis moins enthousiaste en ce qui concerne le scénario. J'ai trouvé l'histoire assez surréaliste et en fin de compte elle m'a un peu déçu. Pour exemple, les dieux tout-puissants de l'Égypte coincés au-dessus de la ville à cause d'une banale panne sèche. J'avoue que j'ai un peu tiqué. Ceci dit, la qualité générale de cet album balaye facilement ces petits défauts et encore une fois, c'est magnifique.

De beaux dessins d'Enki Bilal mais on se perd un peu par la ressemblance des personnages. L'histoire de ce premier tome ne m'a pas séduit, mais je ne suis pas fan de science fiction. Je pense que cette trilogie a son public.