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Je suis tombée par hasard sur ce petit livre en allant à la bibliothèque. J'ai failli le reposer car j'ai beaucoup de mal avec les écrits sur cette période qui ne sont pas des témoignages, et puis j'ai ouvert le livre et la plume m'a tout de suite séduite. Pourtant le début m'a donné un peu de fil à retordre. Je ne voyais pas où l'autrice voulait en venir et la mise en place m'a déstabilisée. Puis petit à petit l'écriture poétique mais directe m'a embarquée. Embarquée où me direz vous ? Dans la vie de Joachim, un enfant du ghetto de Varsovie, devenu un adulte taiseux et torturé, qui ne laisse à sa famille aucune porte d'entrée pour l'atteindre ou tenter de le comprendre.

L'autrice ne cherche pas à faire croire qu'elle y était ou qu'elle a vécu les choses de l'intérieur, elle nous raconte l'histoire du ghetto à travers l'histoire de deux familles et surtout de leurs enfants. Au départ j'ai trouvé que cela permettait d'avoir une vision dépassionnée des choses et un recul historique que n'avaient fatalement pas les gens à l'époque. L'autrice peut se permettre des questionnements secondaires puisqu'en tant qu'élément extérieur elle n'est pas dans l'urgence de la survie. Elle va également s'interroger sur l'impact psychologique du ghetto sur ses habitants, quand bien même ils ont échappé à la déportation et n'ont pas connu l'horreur des camps. Car effectivement vivre dans le ghetto c'était déjà vivre l'innommable. Elle nous raconte comment d'un petit garçon heureux de vivre Joachim est devenu cet adulte mort vivant. Hanté par le passé, hanté par les morts autant que par les survivants. Ce cheminement psychologique se fait en arrière plan pendant que dans le ghetto, la vie continue. Difficile, inhumaine, mais elle continue, parce que l'espoir et la lutte continuent, que des enfants sont sauvés, que des gens s'échappent, qu'une résistance s'organise.

L'autrice nous raconte comment le ghetto a flétri les âmes de ses habitants. de ce point de vue le personnage de Luba est particulièrement émouvant. Au fil des pages je me suis laissée émouvoir plus que je ne l'aurais imaginé, pour finalement me retrouver dans ce ghetto à serrer les dents pour chacun de ses gamins devenus trop vite adulte.

J'ai pu mettre cette lecture en rapport avec « Les mille vies d'Irena SENDLER », laquelle a sauvé des milliers d'enfants du ghetto. Sophie BLANDINIERES jette un pavé dans la mare en rappelant que si l'Église Catholique a sauvé des milliers d'enfants elle ne l'a jamais fait gratuitement. Pour chaque enfant juif 600 zlotys étaient versés, ils étaient baptisés alors qu'ils auraient pu se contenter d'avoir un certificat de baptême, certains ayant même dû faire leur communion, ou comment faire du prosélytisme forcé. On appelait ça la chasse aux âmes. Et puis surtout ça permettait de redorer le blason en faisant de bonnes actions, n'est ce pas ?

Le principal me direz vous c'est d'avoir sauvé ces enfants. C'est vrai, mais ont-ils vraiment été sauvés ? C'est la question que pose l'autrice dans ce livre : si les corps ont été sauvés qu'en est-il des âmes qui semblent être restées emprisonnées là bas dans ce ghetto qui n'existe plus et qui pourtant les retient.
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Le premier roman de Sophie Blandinières "Le sort tomba sur le plus jeune" de 2019 sur la protection de nos mineurs des abus sexuels, que j'ai chroniqué ici le 18 novembre dernier, m'avait tellement plu et ému, que je me suis aussitôt commandé son second livre, sorti l'année suivante.
J'étais, en fait, déjà séduit par son style d'écriture en lisant l'autobiographie de Patricia Kaas "L'ombre de ma voix", à qui elle avait prêté sa plume. Voir mon billet du 28 octobre 2023.

La lecture du présent ouvrage fait, par ailleurs, suite à ma lecture récente, le 2 de ce mois, de l'important livre de Hanna Krall "Prendre le bon Dieu de vitesse" avec le témoignage saisissant du cardiologue Marek Edelman (1919-2009), le dernier survivant du ghetto de Varsovie, car c'est exactement là que Sophie Blandinières conduit le lecteur.

Son roman, inspiré par des personnes réelles et des faits historiquement authentiques, porte comme titre une phrase empruntée au grand chroniqueur du ghetto de Varsovie, Emanuel Ringelblum (1900-1944), dont les archives inestimables font partie de la "Mémoire du Monde" de l'UNESCO.
L'auteure cite à la page 203 de son livre le passage en question de la "Chronique du ghetto de Varsovie" de Ringelblum, dans sa version française de 1993, notamment : que le sauvetage d'enfants juifs de la capitale pour les placer dans des couvents à la campagne, correspondait d'abord à une "chasse aux âmes", ou en d'autres termes à un souci de convertir les enfants juifs à la foi chrétienne.

Ce n'était pas la première fois que les hommes de l'église ont pris une telle initiative. Ils y ont eu recours déjà lors du pogrom de Varsovie du 25 au 27 décembre 1881 et celui de Lwów, aujourd'hui Lviv en Ukraine, du 21 au 23 novembre 1918. Entre autres.
Les 2 autres motifs que l'auteure évoque sont de nature financière, car il fallait payer des zlotys aux couvents, et de prestige, redorer le blason de l'Église catholique qui s'était abstenue d'intervenir à la défense des Juifs trop souvent discriminés et injustement traités.

Je ne vais pas aborder l'histoire elle-même, racontée avec verve et faconde par Sophie Blandinières dans son roman, qu'une quinzaine de bonnes critiques sur Babelio ont déjà fait, ni résumer l'histoire du ghetto de Varsovie, son soulèvement et finalement sa destruction complète par les nazis.

J'ai juste tenu à retracer brièvement le cadre historique d'un pays qui comptait au moment de l'arrivée des troupes nazies en 1939 presque 3 et demi millions de Juifs. Comme à Varsovie les Juifs constituaient 30,1 % de la population, le journaliste et écrivain Albert Londres (1884-1932) a qualifié cette ville la capitale juive d'Europe.
Actuellement, la Pologne ne compte plus que 13.000 Juifs, selon le dernier recensement de 2018.

Sophie Blandinières a reconstitué un tragique épisode de l'histoire humaine avec talent et empathie en exposant clairement la situation particulière des Juifs en Pologne, confrontés au dilemme d'être Polonais ou Juif : "rester en se reniant, partir en s'abandonnant."
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Le roman commence avec une scène très forte : un étranger qui rodait dans les parages, en Pologne, s'en est pris à un homme, le poursuivant avec un gourdin et pour finir lui mettant le feu à lui et à sa maison. Il s'agit d'un vieux « règlement de compte » car l'homme, qui s'appelle Joachim explique son geste par une phrase laconique et néanmoins très explicite : « je suis juif et je reviens ». On a bien compris que l'homme assassiné s'est rendu coupable pendant la seconde guerre mondiale et la justice, même si elle comprend bien cette vengeance, se doit de la condamner pour éviter de donner des idées à d'autres personnes. Il est condamné à dix ans de prison.

On va faire ainsi la connaissance de Joachim, rescapé du ghetto de Varsovie, qui a tenté de fonder une famille en France avec une épouse infirmière et des enfants dont Szymon qui va partir à la recherche du passé de son père, et pour cela il part à Varsovie rencontrer une femme Ava alias Maria, qui a échappé à l'holocauste. Elle est âgée de 79 ans et veut raconter le passé.

On comprend très vite pourquoi Joachim a déserté un jour la famille, laissant en plan sa femme et ses fils, en le suivant dans le ghetto avec ses parents, ses frères ses amis car tout a basculé le 31 octobre 1940 on les a tous parqués comme des bêtes derrière des barbelés avant de construire un mur en brique qu'on leur fera financer bien-sûr !

« … Quatre cent mille personnes sur trois kilomètres carrés, soit 2,4 % de la ville, causant une densité extrême, de cent vingt-huit mille habitants au kilomètre carré contre quatorze mille dans le reste de Varsovie … »

La faim, la promiscuité, puis les maladies vont faire des ravages, mais pas assez vite pour l'Occupant, alors on massacre au hasard pour semer un peu plus la terreur. le plus débrouillard de la famille Szymon, le frère ainé de Joachim essaie de trouver un peu de nourriture, de venir en aide. Il n'y a qu'une seule manière d'échapper à la faim, à la souffrance ou à la folie : quitter le ghetto.

Luba, veut tenter à tout prix de sortir en apprenant les prières catholiques, et laissant sa culture pour s'imprégner de celle des Polonais (elle pensait pourtant bien être une vraie Polonaise avant le ghetto !) mais l'espoir résiste difficilement à la souffrance du quotidien.

Trois femmes vont faire tout leur possible pour faire sortir des enfants du ghetto et les faire adopter par des familles polonaises chrétiennes ; l'une Janina est Polonaise, les deux autres, Bela et Chana sont juives. Il faut user de stratagèmes pour ne pas se faire arrêter, et la décision n'est pas toujours facile à prendre pour les parents, surtout lorsque l'un des deux espère toujours que les choses vont s'arranger et qu'il vaut mieux rester ensemble…

Je n'entrerai pas dans les détails pour évoquer un comportement que je n'ai jamais réussi à comprendre et encore moins à admettre : à la tête du ghetto se trouvait le Conseil Juif dont les membres se comportaient de manière aussi monstrueuse que les nazis, s'en mettant plein les poches, usant de violence et perversité. A quoi cela leur servira-t-il ensuite quand les trains partiront pour Auschwitz ?

Durant toute cette lecture, j'ai été accompagnée par les images du film génialissime « le pianiste » que je venais de revoir pour la énième fois. J'avais l'impression d'accompagner Joachim, Szymon et les autres adolescents et leurs familles, le courage des uns, la lâcheté de certains.

On espère toujours que cela ne recommencera pas, mais en 1968 la Pologne renoue avec ses vieux penchants :

« En mars, la Pologne avait renoué avec son vice, avec ses mauvais gestes, son vilain réflexe, sa vieille pulsion de déjudaïsation, (odzydzanie). de nouveau, on refusait aux Juifs le droit d'être polonais et, pour être bien certains qu'ils s'en iraient, habilement, on les avait destitués, on les avait privés de leur métier, de leurs revenus. On comptait sur l'humiliation, l'appauvrissement et la terreur. »

D'autre part, comment oublier le raffut du premier ministre (ou du président ?) il y a un an environ concernant le camp d'Auschwitz ? Utiliser l'expression « le camp polonais de Auschwitz serait passible de sanction, les Polonais n'y étant pour rien ou comment réécrire l'Histoire ?

Ce livre est un coup de coeur pour moi, malgré un petit, tout petit bémol : la ponctuation est particulière, beaucoup de virgules, moins de points. Je me suis demandé si c'était lié au fait que c'était un livre électronique ou si c'était pour rythmer la narration. le titre « La chasse aux âmes » m'a beaucoup plu car il est très évocateur, point n'est besoin d'expliquer quelles sont âmes qu'il convient de chasser, voire d'exterminer.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Plon qui m'ont permis de découvrir ce livre et son auteure.

#rentreelitteraire2020 #NetGalleyFrance

Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Ils sont sortis du ghetto de Varsovie

Dans son second roman, Sophie Blandinières retrace l'histoire du ghetto de Varsovie en prenant le pas de quatre frères bien décidés à s'en sortir. Leur destinée nous rappelle aussi à la vigilance.

Dès la scène d'ouverture, ce roman vous prend aux tripes. On y voit un homme errer dans la neige, la barbe en feu. Il est victime d'un incendie volontaire provoqué par un certain Joachim qui dira pour sa défense. «Je suis juif, je suis revenu».
Cet homme a pris la route de Grady, le village polonais dont il s'était enfui et qui est désormais en émoi. Ne sachant que faire de cet homme dont le récit remue un passé aussi triste qui sensible, les juges décident de le condamner à 10 ans de prison. Après avoir hésité à l'acquitter.
C'est désormais à Juliette, sa fille, qu'est dévolue la tâche de faire la lumière sur son passé. Elle va tenter de rassembler son histoire, de comprendre son geste insensé.
Pour cela, elle part pour Varsovie où une vieille dame l'attend. Ava, qui avait été rebaptisée Maria, était l'un des rares enfants nés dans le ghetto à en être sortie vivante. À 79 ans, elle ressent le besoin de témoigner. «Ces dernières années, elle s'était préparée à ce tribunal intime, elle avait réuni les éléments du procès, après la séquence judiciaire, elle avait étoffé le dossier par des entretiens avec les témoins, et avec Joachim, auquel elle rendait visite, munie de son dictaphone, une fois par semaine».
Elle raconte le journal de Luba, dont «elle connaissait chaque virgule, chaque date». Elle raconte comment elle a connu Joachim et ses trois frères, Szymon, Marek et Aron. Elle raconte sa patiente recherche des témoignages et détaille la chronologie des faits.
Une histoire bouleversante au coeur de l'horreur qui voit les mauvais traitements grimper au fil des jours dans l'échelle de l'horreur. de l'autre côté, il reste une volonté féroce de faire triompher la vie, de ne pas céder à l'inhumanité des bourreaux. Cherchant tous les moyens pour fuir cet enfer – il n'y a désormais guère de doute sur le sort réservé aux juifs – certains trahissent et vendent leur âme pour bénéficier d'un peu de répit, d'un sursis. D'autres font preuve de solidarité et de courage pour vivre et imaginer des moyens de sortir de cette prison.
Bela et Chana, aidées par Janina, vont mettre au point un réseau clandestin pour faire passer les enfants hors du ghetto. Une fois dehors, ils sont confiés à des familles ou des institutions qui leur donnent une nouvelle identité, en font des «polonais catholiques». Après avoir réussi à passer une trentaine d'enfants, Chana sent que l'heure de donner sa chance à son propre fils a sonné, même si son père n'est pas de cet avis. Avec cet exemple, on comprend le dilemme de parents qui peuvent s'imaginer ne plus jamais revoir leurs enfants. Bien des années plus tard, certains de ceux qui auront survécu, tenteront de reconstituer leur histoire.
Sophie Blandinières a su trouver les mots pour dire cette quête, pour dire la douleur et l'incompréhension, pour dire la brutalité et la solidarité, les petits calculs et les grands sacrifices. Oui, encore et toujours, il faudra témoigner pour ne pas oublier. «La chasse aux âmes» fait désormais partie de ces témoignages qui doivent servir à notre édification, notamment pour les jeunes générations qui doivent se battre pour le «plus jamais ça».

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La grange avait eu le temps de se consumer entièrement, du voisin, il n'était pas resté grand-chose à enterrer. Il s'était livré à la police en disant, je suis juif, je suis revenu. le criminel se prénomme Joachim, et le narrateur de ce roman est son fils. Il revient à Varsovie, là où son père a eu son enfance brisée, car il a été un enfant du ghetto.

Nous allons donc suivre Joaquim et d'autres adolescents garçons et filles dont la vie bascule du jour au lendemain en novembre 1940. L'insécurité, la privation de leur emploi, de leurs biens, de leur liberté, des hommes et des femmes séparés du reste de la société à l'intérieur d'une muraille hérissée de barbelés comme un pénitencier surpeuplé, traités comme des rats. le prix de la nourriture qui s'envole, le marché noir, les trafics en tout genre, des juifs qui dénoncent d'autres juifs à la police juive corrompue, la déchéance morale, la perte de dignité, le froid, la faim, les ravages du typhus. Avec le soutien des Polonais, les Allemands vont éradiquer la peste noire, les petits juifs, les transformer en animaux, les vider de leur culture, de leur capacité à réfléchir.

Ce sont aussi des femmes courageuses qui essayent de sauver des enfants en les exfiltrant du ghetto. Des gamins désossés de leur spontanéité, amaigris, flétris, traumatisés, agressifs parfois.

Ce roman est donc leur histoire, le lecteur se retrouve plongé dans le coeur du ghetto de Varsovie, dans la vie de tous les jours pour essayer de survivre, de s'échapper de ce piège dont la mort semble la seule issue. L'écriture sans fioriture, précise et dure parfois, dénonce à la fois le rôle des Polonais, des dirigeants catholiques, de certains juifs aussi. Si parfois je mes suis perdu dans la multitude de personnages ce roman est d'une grande utilité pour ne pas oublier.

Meri aux éditions Plon pour leur confiance.
La chasse aux âmes » de Sophie Blandinières. #rentreelitteraire2020 #NetGalleyFrance

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Septembre 1939, la Wehrmacht envahit la Pologne. En quelques semaines le pays est sous la botte nazie et en quelques mois les juifs se retrouvent parqués dans le ghetto de Varsovie de sinistre mémoire.

Et Sophie Blandinières d'immerger le lecteur en plein ghetto, ce qu'elle fait avec talent, pudeur et une parfaite justesse de ton, tentant avec succès de transcrire l'insupportable, l'insoutenable et de nous faire toucher l'indicible. Dire que cette lecture est éprouvante n'est qu'un euphémisme et le lecteur de feuilleter ce livre, absolument horrifié en suivant le parcours de ces enfants, adolescents et adultes qui tentent de ....
Vivre ou survivre dans le ghetto de Varsovie ?
Garder espoir ou s'abandonner au désespoir ?
Croire en un possible avenir ou se laisser mourir ?
Comment sortir de l'enfer, et comment en sauver les enfants ?
Tant de questions auxquelles l'auteur propose quelques réponses, principalement en ce qui concerne cette mystérieuse "chasse aux âmes". Et trois femmes vont consacrer leurs forces à faire sortir le maximum d'enfants du ghetto.
Mais ceux qui vont apporter leur aide le feront souvent contre rétribution et non par simple charité chrétienne, car "guerre et charité s'accordent mal" !

Cet ouvrage est une fiction, mais inspirée par des personnages ayant existé et basée sur des faits historiques avérés, aussi il est à éviter si l'on se sent incapable émotionnellement d'appréhender l'horrible réalité qu'il nous décrit.
Il est des choses tellement monstrueuses qu'elles ne se peuvent ni comprendre, ni admettre.

Ce livre m'a été offert par Babelio, pour avoir gagné le défi d'écriture d'octobre 2020, consacré à l'uchronie. J'avais, ironiquement, effacé la guerre de cent ans de la réalité historique !
Ah, si l'on pouvait réécrire l'histoire et annuler purement et simplement cette abominable période où l'humanité a fait la démonstration de la bassesse dont elle est capable !
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Le roman s'ouvre sur une scène qui donne le ton et révèlera une lecture éprouvante.
*
« Pour mon père, il n'y avait pas eu d'avant, ou aussi maigre que l'après, il n'y avait de souvenirs heureux qu'en creux, il n'y avait aucune image de sa vie d'enfant avec ses parents aimants (…) La guerre avait tout cassé (…) » Une enfance déchirée.

Pologne – Varsovie, hiver 1939-1940.

Cette période funeste et tragique nous est racontée autour de plusieurs personnages, enfants et leurs familles.

Murs et barbelés encerclent l'ancien quartier juif de la ville devenu enfermement aux conditions inhumaines pour plusieurs centaines de milliers de juifs, aux destins tragiques.

Parce qu'ils sont les plus vulnérables et sont l'avenir, il devient urgent de sauver les enfants… Les faire sortir du ghetto afin qu'ils aient une chance de s'en sortir.

Un ghetto où d'innocentes victimes sont brisées, des vies ravagées, des âmes égarées, que la perversité nazi cherche à corrompre, à exterminer par un déferlement de haine.
Issues funestes pour ces pauvres hères aux faibles lueurs d'espoir n'existant bientôt plus…

Famine – épidémie - contrebande – fusillades – rafles – le sang et la terreur.
Le spectre des pogroms…

Une jungle où tout semble avoir un prix.
Le quotidien en balance dans un duel perpétuel entre la vie et la mort, oscillant entre instinct de survie, espoirs, et désespérance.
Dans la tourmente infernale à l'atmosphère macabre et délétère, il devenait de plus en plus chimérique de rester vivant et réussir à s'en sortir.

« Tuer n'était pas un effort, survivre l'était ».

Dans le ghetto, des semblants de vie s'organisent.
Il faut survivre en se raccrochant, avec détermination, tendant à se transformer en désillusions, espoirs fantomatiques de s'échapper de ce ghetto – mouroir à ciel ouvert - au péril de sa vie afin d'avoir une infime chance de survie.

Un réseau clandestin s'organise en vue du sauvetage de plusieurs enfants juifs…
*
Un roman triste et puissant.

Une prose sombre au style incisif, précis et juste, qui dit toute la cruauté et l'enfer vécu, des descriptions d'un réalisme effroyable qui prend aux tripes.

La structure des phrases m'a quelquefois un peu perdue, même si le roman demeure captivant.
*
Dans cette histoire à la réalité historique, l'auteure s'est également inspirée de personnes ayant réellement existé.
*****
Le 22 juillet 1942, la veille du 9ème jour du mois d'Av dans le calendrier juif, les Allemands entreprennent de déporter massivement les habitants du ghetto de Varsovie. Lorsque les rafles prennent fin le 21 septembre, jour de Yom Kippour, près de 265 000 habitants du ghetto ont été déportés au camp d'extermination de Treblinka.
Sur plusieurs centaines de milliers de juifs enfermés dans ce ghetto, sauver un maximum d'enfants d'une mort certaine fut la mission de certains, dont Irena Sendler, polonaise, prenant tous les risques, elle a sauvé 2 500 enfants juifs du Ghetto de Varsovie…
*

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Le roman débute sur une scène assez terrible : un homme immolé. En feu. Et il n'en restera pas grand-chose pour l'enterrement. Un homme se livre à la police. Je suis Juif. Je suis revenu. Cet homme s'appelle Joachim. Il a grandi dans le ghetto de Varsovie. Et son fils nous narrera son histoire. Blandinières nous livre un roman brutal, dur, mais nécessaire. Elle nous parle de ce mois de novembre 1940, où la vie de milliers de Juifs se trouvera à jamais changée, paquetés dans le ghetto, privés de tout. La privation, la promiscuité, la maladie, le doute, l'incertitude, la crainte, la peur… Mais surtout, l'incompréhension… Comment l'Humain peut-il faire une chose pareille ? La vie s'organise tant bien que mal. Et arrive le marché noir, le trafic, la trahison. Mais également la mise en place de résistants, qui feront tout en leur pouvoir pour faire passer de l'autre côté des barbelés, les enfants… Parce qu'ils sont l'espoir. Et qu'il ne faut jamais le perdre. de nombreux personnages habitent ce roman ; peut-être un peu trop. J'ai eu des difficultés à tous les reconnaître. Mais je me suis laissé emporter par le roman, prise dans cette Varsovie à peine reconnaissable. À lire, pour se rappeler, et surtout, ne jamais reproduire.
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Alors que le ghetto de Varsovie se met peu à peu en place en pleine Seconde Guerre Mondiale, le lecteur suivra le périple de trois femmes qui feront tout pour en sortir les enfants. Mais outre ces femmes, il y a aussi tous ces enfants oubliés, qui n'ont plus d'enfance et qui auront perdu tout repaire. C'est dans ce décor dantesque que Sophie Blandinières décide de placer son intrigue.

Autant le dire tout de suite, cette lecture a été un énorme coup de coeur et je sais que je ne suis pas prête de l'oublier tant elle m'a bouleversée. J'ai lu peu de romans traitant du ghetto de Varsovie et je ressors sonnée de ce récit. Pourtant, le premier chapitre ne m'avait pas forcément laissé une impression favorable, me retrouvant quelque peu perdue.

En effet, Sophie nous parle de beaucoup de personnages à la fois, que l'on ne connaît évidemment pas encore, et pour le coup, je me suis retrouvée perdue. Une fois tous les personnages intégrés, je suis rentrée entièrement dans cette histoire forte et tragique.

J'ai été en immersion totale et j'ai craint tout au fil des pages pour ces enfants. le combat des trois femmes, Chana, Bela et Janina, afin de faire sortir les plus jeunes du ghetto et ainsi de les faire adopter par une nouvelle famille pour qu'ils s'en sortent, est totalement bouleversant. J'ai lu ces pages avec beaucoup d'émotions et de tristesse.

Je n'ai pu faire autrement que de m'attacher aux personnages, notamment à Luba et à Joachim. L'auteure a dû se renseigner afin de coller au mieux à la réalité, et j'ai ressenti tout au fil de ma lecture cette ambiance pesante qu'elle a réussi à retranscrire avec beaucoup de réalisme.

C'est tout de même une lecture quelque peu anxiogène, puisque je dois dire avoir craint pour absolument tous les personnages principaux. Malgré le tragique de la situation, Sophie a su instaurer une lueur d'espoir au travers du portrait de ces trois femmes qui braveront tout afin d'aider les autres.

La plume de l'auteure est très particulière. Ce sera sans doute mon seul petit bémol. En effet, j'ai eu une sensation de ponctuation dissonante tout au fil de ma lecture, rendant certaines phrases rudes à la compréhension et m'obligeant à les relire. J'ai eu la sensation que Sophie avait une large préférence pour les virgules et non pour les points. Cela reste un petit détail qui n'a pas émaillé mon plaisir de lecture, puisque le style est très maîtrisé, et avec une plume sensible et poétique, l'auteure réussi à instaurer beaucoup de réalisme.

Un roman tragique, dans lequel trois femmes fortes feront tout pour venir en aide à ces enfants bloqués dans le ghetto de Varsovie. Un roman qui prend aux tripes et qui bouleverse. Un roman à découvrir sans hésitation.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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Grądy, Pologne. Un homme est assassiné : sa barbe a été enflammée et il a été frappé avec un gourdin. Un mois plus tard, le criminel s'est livré à la police, avec ces mots : « Je suis Juif, je suis revenu. » le narrateur est son fils. A la mort de sa mère, Szymon explore le passé de son père, qui a quitté la maison, alors qu'il avait dix ans. Il accepte, enfin, d'entendre pour quelle raison, les jurés auraient souhaité gracier celui qui l'a abandonné. C'est Ava qui lui raconte l'histoire : celle de Joachim, le père de Szymon et celle du ghetto de Varsovie.


Une ordonnance allemande a imposé aux Juifs d'emménager dans une zone définie et aux non-Juifs d'en partir, avant le 31 octobre 1940. Les premiers ont été « confinés à l'intérieur d'une muraille hérissée de barbelés, d'un pénitencier surpeuplé ». A onze ans, Joachim avait analysé les chiffres : « quatre cent mille personnes sur trois kilomètres carrés, soit 2,4 % de la ville, causant une densité extrême, de cent vingt-huit mille habitants au kilomètre carré contre quatorze mille dans le reste de Varsovie[…] ». Les habitants dépendaient de tickets de rationnement qui fournissaient cent-quatre-vingt-quatre calories. Cet endroit, c'est le ghetto de Varsovie, que les Allemands avaient créé, quelques mois plus tôt, en prenant le prétexte d'une épidémie de typhus.


Pour survivre, il faut sortir du ghetto.


Trois femmes tentent par tous les moyens de faire sortir les enfants du ghetto. Elles ont compris que la mort guette les petits, prête à les prendre, que ce soit par la faim, les fusillades ou les trains qui mènent dans les camps. Mais pour cela, il faut de l'argent. Aussi, les familles doivent patienter, la peur au ventre, avec l'espoir que leur enfant soit sauvé. Il faut, aussi, tenir compte de la police juive corrompue. Il faut accepter de se convertir au catholicisme, car l'aide reçue se paye, en argent et en foi. Il faut se méfier de tous : des Juifs et des Polonais ont aidé les Allemands et les trahisons sont nombreuses, souvent nées de l'espérance d'obtenir un peu de répit, de sauver sa vie et celle de ses proches. Les parents doivent, également, se soumettre à un sacrifice terrible : laisser partir ses enfants, leur dire adieu en pressentant que ce sera la dernière fois. Pour certains, la séparation est impossible…


La suite sur mon blog...



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