Bastien est le gardien taciturne d'un collège de jésuites à Lyon. Logé par charité, il exerce sa fonction en toute discrétion depuis 30 (?) ans. C'est un homme solitaire et un peu secret que ses voisins semblent fuir.
Rose est une mère célibataire. Elle vient d'emmenager dans l'immeuble de Bastien, avec son fils Paul. Ne s'encombrant pas des des médisances des voisins, elle lie peu à peu connaissance avec ce curieux vieil homme qui l'intrigue.
Elle découvre un homme doux qui vit volontairement dans le dénuement et qui réussit à tisser une relation particulière avec son fils en apaisant ses peurs. Bastien est aussi un passionné du Tibet et du lamaïsme. Ardent visiteur de la bibliothèque, il a épluché de nombreux livres et a amassé une masse de connaissances incroyables sur le sujet. Il en a fait sa philosophie de vie et compose patiemment des mandalas éphémères.
Un jour pourtant, l'équilibre de Bastien va être rompu : son protecteur au collège part à la retraite et on lui demande bientôt de faire de même et de quitter le logement qu'il occupe.
Aussi quand Rose lui propose un voyage au Tibet ensemble, ils partent pour le voyage de leur vie.
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La montagne de minuit" est l'histoire d'une rencontre, celle de 2 personnes que les failles réunissent.
Rose et Bastien ont tous deux un passé qui les tourmente, une culpabilité latente qui les ronge. Rose tait la mort de sa mère et Bastien occulte le passé de ses parents. Construite sur une certaine part de mensonge, leur relation n'en sera pas moins vraie et forte.
" Si vous vous intéressez un peu au Tibet, vous savez que les coïncidences n'existent pas, il n'y a que des rencontres nécessaires. "
Leur voyage au Tibet sera une expérience forte qui leur servira de rédemption. Une quête initiatique qui leur permettra de fouiller au fond d'eux-même et de trouver la paix avec leur propre moi.
Plus que la solution, c'est le cheminement vers la solution qui est important.
" Un après-midi où elle était sortie faire des courses avec Gilles, mon frère ainé, je suis parti tout seul au musée Guimet. C'est là, au détour d'un couloir, que j'ai rencontré mon premier mandala. Aujourd'hui, je dirais que c'est lui, en quelque sorte qui m'a trouvé... mais je m'y suis perdu corps et âme jusqu'à l'heure de la fermeture, et il m'a fallu toute une vie pour comprendre que le centre d'un labyrinthe avait moins de valeur que nos errements pour y parvenir. "
La vie et le passé de ces deux êtres nous seront peu à peu dévoilés au cours du récit. Un récit à la construction étonnante avec 2 narrations qui s'alternent : la voix de Paul, qui raconte leur histoire à rebours, entrecoupée par celle de Rose qui commente et corrige avec un souci de vérité historique.
" Finis ton roman en laissant le moindre doute sur l'existence de ces brigades, et tu contribues au déclin de la rationalité qui assombrit notre début de siècle ; une vaste embrouille des cerveaux où se nourrit le plus lointain minuit des hommes. "
Car de l'Histoire, il sera aussi question dans ce riche roman qui ne se laisse pas appréhender si facilement.
Le lecteur se verra projeté dans les sombres rets de l'armée nazi et de ses possibles liens avec les moines bouddhistes. Une petite étude sur la question, réalisée par Rose, sera même fournie en fin d'ouvrage.
L'invasion du Tibet par les chinois sera aussi mis en exergue à petites touches.
Jouant de la vérité et du mensonge,
Blas de Roblès pousse à nous interroger sur la véracité des faits historiques, sur notre rapport à la vérité supposée.
" Depuis que les hommes ne croient plus en Dieu, ce n'est pas qu'ils ne croient plus en rien, c'est qu'ils sont prêts à croire en tout. "
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La montagne de minuit" est un très beau roman à la langue simple et limpide. Réussissant à faire naitre sous sa plume, le portrait pudique mais néanmoins profond de 2 êtres torturés,
Blas de Roblès excelle aussi à décrire son monde, que ce soit au Tibet ou à Lyon.
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