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Citations sur La Ferme africaine (227)

Denys possédait cette qualité inestimable à mes yeux : il savait écouter une histoire. L'art d'écouter une histoire s'est perdu en Europe. Les indigènes d'Afrique, qui ne savent pas lire, l'ont conservé. Les blancs eux ne savent pas écouter une histoire, même s'ils sentent qu'ils le devraient. S'ils ne s'agitent pas, ou s'ils ne peuvent pas s'empêcher de penser à une chose qu'ils doivent faire toutes affaires cessantes, ils s'endorment. Ces mêmes personnes peuvent fort bien demander quelque chose à lire, un livre ou un journal, et sont tout à fait capables de passer la soirée plongées dans quelque chose d'imprimé, et même de lire un conte. Ils se sont habitués à recevoir toutes leurs impressions par le truchement des yeux.
Denys, qui de manière générale avait l'ouïe très fine et avait développé ce sens durant ses safaris, préférait entendre une histoire plutôt que de la lire. Quand il arrivait à la ferme, il me demandait si j'avais de nouvelles histoires à raconter. En son absence, j'inventais des contes et des histoires. Le soir, il s'installait confortablement devant la cheminée, avec tous les coussins de la maison autour de lui, je m'asseyais en tailleur à côté de lui, telle Schéhérazade, et il m'écoutait raconter une longue histoire, du début à la fin. Il la suivait même mieux que moi, car lorsque, au moment décisif, un des personnages faisait son apparition, il m'interrompait pour me dire : "Cet homme est mort au début de l'histoire. Mais cela ne fait rien, continuez".
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Bien des gens penseront qu'il est insensé d'attendre un signe du Destin. Pour en arriver là, à vrai dire, il faut un état d'esprit que tout le monde, heureusement, ne connaît pas. Mais à ceux qui l'ont connu et qui demandent un signe, la réponse ne peut manquer, elle est une conséquence de la demande.
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Lorsque mon coeur évoque l'Afrique je revois les girafes au clair de lune, les champs labourés, les faces luisantes de sueur pendant la cueillette du café. L'Afrique se souvient-elle encore de moi? Est-ce que l'air vibre sur la plaine en reflétant une couleur que je portais? Mon nom intervient-ils encore dans les jeux des enfants? La pleine lune jette-t-elle sur le gravier de l'allée une ombre qui ressemble à la mienne? Les aigles du Gong me cherchent-ils parfois?
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Quand le souffle passait en sifflant au-dessus de ma tête, c'était le vent dans les grands arbres de la forêt, et non la pluie. Quand il rasait le sol, c'était le vent dans les buissons et les hautes herbes, mais ce n'était pas la pluie. Quand il bruissait et chuintait à hauteur d'homme c'était le vent dans les champs de maïs. Il possédait si bien les sonorités de la pluie que l'on se faisait abuser sans cesse, cependant, on l'écoutait avec un plaisir certain, comme si un spectacle tant attendu apparaissait enfin sur la scène. Et ce n'était toujours pas la pluie.

Mais lorsque la terre répondait à l'unisson d'un rugissement profond, luxuriant et croissant, lorsque le monde entier chantait autour de moi dans toutes les directions, au-dessus et au-dessous de moi, alors c'était bien la pluie. C'était comme de retrouver la mer après en avoir été longtemps privé, comme l'étreinte d'un amant.
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" Regarde, Msabu, dit-il, ça c'est un bon livre. Il tient ensemble, du commencement à la fin ,même si on le prend par le dos et même si on le secoue. L' homme qui l' a écrit était fort, mais toi ce que tu écris, regarde, ajouta-t-il avec un léger mépris mêlé de beaucoup de compassion, rien ne se tient dans ton livre, il y en a un peu par-ci, un peu par-là. Quand les gens rentrent et oublient de fermer la porte, tout s'envole, tout tombe par terre et tu es très fâchée. Ça ne sera pas un bon livre."
Je lui expliquai que les gens d' Europe sauraient réunir le livre pour que tout tienne ensemble.
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J'aurais voulu savoir si tant de sérénité tenait plus de l'ignorance de la méchanceté humaine qu'à une suprême indulgence née de la connaissance approfondie des hommes.

Au fond, qu'il n'y ait pas de serpents venimeux, ou que vous soyez immunisé contre leur venin par l'absorption de doses répétées de poison, le résultat est le même. (229)
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Les Kikuyus sont, par nature, amateurs d'imprévus, très différents en cela des Européens qui, eux, cherchent plutôt à se prémunir contre le destin : pour les Noirs, le destin est un ami, ils lui abandonnent leur vie et sont, avec lui, familiers comme avec l'obscurité des huttes : ils sont enracinés en lui et les changements de l'existence ne sauraient les émouvoir.
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La nuit apporte à ceux qui rêvent un enchantement particulier, une joie du coeur, une légèreté de l'âme que le jour ne connait pas.
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Le rêveur est l'élu, l'être comblé ; le plaisir et la richesse s'offrent à lui, il les accueille sans effort...
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L’affection particulière et immédiate que les indigènes éprouvaient à l’égard de Berkeley et de Denys et de quelques autres personnes de même nature, me fit me demander si les Blancs du passé – de n’importe quel passé – n’auraient pas mieux compris les races de couleur que nous, en notre âge de la mécanique. Quand la première machine à vapeur a été mise ne marche, les chemins des différentes races se sont séparés et ne se sont jamais rejoints depuis.
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