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Citations sur Donne-moi quelque chose qui ne meure pas (13)

Je suis vivant à l’heure où j’écris cette première phrase et vous êtes vivant à l’heure où vous la lisez.
D’autres heures suivront, jusqu’à celle où je ne pourrai plus écrire cette phrase et où vous ne saurez plus la lire. Oui, d’autres heures viendront, nécessairement. Ne nous en soucions pas. Pour l’instant, avec nos yeux éphémères, avec nos âmes passagères, saluons-nous, moi en écrivant, vous en me lisant.
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Nous sommes avec la parole comme la petite fille aux allumettes dans le conte d'Andersen: nous en faisons commerce. Nous proposons nos mots contre un peu d'or, un peu d'amour ou de silence. Mais les paroles qui dorment sur nos coeurs, personne ne vient les prendre.
On ne peut les échanger contre rien. Alors on les entasse sur le bûcher d'un livre. Alors on enflamme un livre après l'autre dans la nuit froide. On regarde les mots flamber une seconde puis s'éteindre, aussitôt recouverts de neige blanche.
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En parlant d' Edouard Boubat
Cette complaisance de beaucoup à en "rajouter", à chercher le noir et le mortel partout. C'est une recherche paresseuse, sûre de ne jamais échouer. Je préfère votre entêtement à chercher des clairières. Dire : cette vie est un jardin de roses, c'est mentir. Dire : cette vie est un champs de ruines, c'est mentir. Dire : je sais les horreurs de cette vie et je ne me lasserai jamais d'en débusquer les merveilles, c'est faire son travail d'homme, et vous le savez bien: ce genre de travail n'est jamais fini, c'est comme les images, elles continuent a trembler bien après le bain, bien après la magie des révélations. Vos images ne sont pas des mirages. Vos images sont des points d'eau dans le désert.
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Boubat et moi avons un point commun : il a fait plusieurs fois le tour de la terre et je suis jamais sorti de ma chambre. Or nous avons vu les mêmes choses et les mêmes gens. Lorsque je regarde ses images, j'ai l'impression de recevoir enfin de mes nouvelles, de bonnes nouvelles reçues de l'étranger. Je peux passer un long temps devant chaque image. Je n'ai pas si souvent l'occasion de me rencontrer.

Dans les photos de famille prises à l'extérieur, un soin particulier est mis à ne faire rentrer aucun étranger à la tribu. Dans les yeux de Boubat, l'humanité entière est une tribu. Hommes, femmes, enfants, portes, poules, fenêtres, gouttes de pluie, fleurs, statues, tout peut, à tel ou tel moment, susciter le clin d'œil de l'appareil, connaître le sacre du négatif, comme d'une main noire et blanche sur l'épaule aimée.
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Les femmes viennent du plus lointain de la vie des hommes,
Elles sortent de l'enfance des hommes,
on dit qu'elles gouvernent cette enfance
mais ce n'est pas vrai,
Il suffit de regarder dans les jardins publics,
les mères avec leurs enfants:
"Elles ne gouvernent pas. Elles veillent.
Elles veillent sur l'incendie naissant d'enfance, elles aident le feu de vie à prendre."
Plus tard, beaucoup plus tard, elles regardent ceux qu'elles ont fait rois et qui ne savent plus leur parler.
Les hommes, ce sont les devinettes qui les rassurent - devinettes du pouvoir, de la force. Devant les femmes ils disent :
Je ne devine rien, c'est un mystère.
Ce qu'ils appellent mystère, c'est la simplicité des femmes et c'est leur solitude,
cette force de solitude en elles,
en chacune d'elles,
cette manière qu'elles ont de tenir leurs enfants, leurs maris, leurs amants,
le bleu du ciel et l'ordinaire des jours
à bout de bras.
Les femmes sont seules au début,
au milieu et à la fin de leur vie.
Elles reçoivent de cette solitude le sacre d'intelligence.
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Le meilleur de nous arrive toujours à notre insu.
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Le meilleur de nous arrive toujours à notre insu.
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Boubat ne "prend" pas ses photographies, il les reçoit. Il les accueille. Quant à connaître précisément ce qui est ainsi accueilli, c'est impossible.
Le savoir que nous avons d'une chose enferme cette chose sur nous-mêmes.
Dans l'accueil, c'est le mouvement inverse: nous sommes ouverts à l'autre et , pour tout dire, nous sommes un peu perdus.
Boubat ne connaît pas tout ce qu'il voit, pas plus que je ne comprends tout ce que j'écris. Le meilleur de nous arrive toujours à notre insu.
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Ce qui est mystérieux, ce n'est pas ce que nous faisons, c'est ce que nous nous abstenons de faire -- cette vie immobile dont notre vie agissante n'est que l'escorte un peu bruyante.
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La confiance est la matière première de celui qui regarde: c'est en elle que grandit la lumière. La confiance est la capacité enfantine d'aller vers ce que l'on ne connaît pas comme si on le reconnaissait. "Tu viens d'apparaître devant moi et je sais qu'aucun mal ne peut venir de toi puisque je t'aime, et c'est comme si je t'aimais depuis toujours". La confiance est cette racine minuscule par laquelle le vivant entre en résonance avec toute la vie- avec les autres hommes, les autres femmes, comme l'air qui baigne la terre ou le silence qui creuse le ciel. Sans confiance, plus de lien et plus de jour. sans elle, rien.
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