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3,87

sur 584 notes
Ah qu'il est difficile de commenter ce recueil de nouvelles. D'abord, je tiens à dire que je l'avais déjà lu il y a bien vingt ans et que j'avais été totalement hermétique à son écriture, étant plutôt cartésien, j'aime bien les narrations structurées avec un schéma narratif bien balisé. Mais j'ai dû évoluer, certainement par le biais d'autres lectures, ou par une forme de sagesse que l'on acquiert avec les années, disons que j'aime à le penser. Bref, ce texte me parle davantage et certains aphorismes méritent d'être enregistrés dans mes notes de lecture comme avec Charles Juliet ou François Cheng, eux aussi, j'étais passé à côté.
Je commence à comprendre sa poésie mais il faudra certainement y revenir. Quelques phrases qui ont fait mouche sans que je puisse vraiment exprimer le pourquoi.:
“A quoi reconnaît-on les gens fatigués. A ce qu'ils font des choses sans arrêt. A ce qu'ils rendent impossible l'entrée en eux d'un repos, d'un silence, d'un amour. C'est pour fuir la fatigue qu'ils font toutes ces choses et c'est en la fuyant qu'ils s'y soumettent. le temps manque à leur temps. Ce qu'ils font de plus en plus, ils le font de moins en moins”.
“Vous n'êtes pas la cause de ma solitude. Elle dormait en moi bien avant vous. Vous êtes celle qui - pour l'avoir éveillée - lui ressemble le plus”.
Ou encore “On entre en lecture comme on tombe amoureux, par espérance, par impatience”. Il y en aurait bien d'autres mais on va me rétorquer qu'il existe sur Babelio la rubrique ad hoc pour déposer les citations et on aura raison.
Il ne faut donc pas avoir un avis définitif sur un auteur, le temps fait son travail, on évolue, je pense que je ne vous apprends rien.

Challenge Riquiqui 2022.
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Je voulais lire du Christian Bobin et j'ai lu Une petite robe de fête, je peux cocher la case. Maintenant, ça fait presque 15 jours que je me demande comment rendre compte de la lecture de ce recueil de nouvelles sans trouver la solution. Je ne peux pas résumer les histoires, je ne peux pas donner le nom d'un personnage, je pourrais tout juste dire de quoi ça parle en me doutant que je n'ai pas tout perçu et portant, ce livre est plein, abouti, servi par une prose poétique qu'on lit comme en apnée. Je ne l'ai cependant vraiment appréciée que lorsque j'ai cessé de vouloir la comprendre, la transposer, la "traduire". Alors, il s'est passé quelque chose de l'ordre de la peau ou du coeur peut-être, une sensation qu'il est très difficile de décrire, l'impression d'être concernée et de pouvoir m'en emparer presque égoïstement alors même que les thèmes abordés sont particulièrement universels et les lecteurs, nombreux. L'envie aussi d'être digne de ce que je lisais, de ces mots assemblés avec justesse, avec douceur, qui viennent présenter différentes facettes d'humanité, l'écriture, la lecture, le temps qui passe, l'amour (la nouvelle éponyme, Une petite robe de fête est particulièrement sublime).
Ce livre m'a laissé une sensation tactile, épidermique qui touche au sensible tout en m'ouvrant des pistes réflexives à la fois profondes et subtiles. Je l'ai lu entre intimidation et émotion, ce premier Bobin et même si je mesure toute ma maladresse à parler de son écriture, j'avais envie de me joindre à la communauté de ceux qu'elle a touchée.

Lien : http://leschroniquesdepetite..
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Ici pas d'histoire, pas de héros, pas d'intrigue, juste un texte dans lequel chaque lecteur se retrouvera. Hymne à ce qu'il y a de plus important dans la vie: l'amour, la lecture et l'écriture, car dépassant la vie, car plongeant dans le monde de l'imaginaire et du songe, car bien plus grand que tout...

Un texte bref plein de poésie et d'émotion dans lequel tous les amoureux des livres se reconnaîtront et qui explique au peuple taciturne des non-lecteurs, l'éternel ravissement que procure la lecture ou l'écriture.Un livre qui est comme "l'eau des fontaines", plein de simplicité et de fraîcheur, plein de grâce et de beauté et dans lequel on retiendra cette phrase clé : "dans la lecture on quitte sa vie, on l'échange contre l'esprit du songe, la flamme du vent".
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Les livres de Bobin sont comme des paysages, des peintures. On y capte des étincelles, des luminescences, des beautés, en fonction de ce que l'on a dans le coeur au moment où on lit.
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Ce petit livre, 91 pages, est constitué de 9 textes courts, textes qui trouvent en eux une liaison, tout parle ici d'amour, de silence, d'écriture, de lecture, de vie. On dénonce ici la société matérialiste, routinière, aveugle, aveugle de l'amour, plate et on écoute la voix de l'écriture, de la lecture, des songes, la voix de l'amour et de la vie. Tout est poésie dans ses lignes, un envoûtement paisible, qui peut aussi bousculer, comme à travers le texte « Vie souterraine », où l'on y trouve mélancolie, tristesse mêlées à l'amour. Une profondeur d'écriture dans sa justesse, sa simplicité, la force des mots, des choses, la réalité de nos vies. Notre impuissance face aux sentiments qui nous dominent, la grandeur de l'amour. Savoir lâcher prise, écouter le silence.

Tout est assemblage de toute une vie, de toutes ses nuances, l'innocence de l'enfance, la joie, la tristesse, le quotidien, la société où l'on court, où l'on ne sait s'arrêter, se poser, où l'on est fatigué ; entrer dans le silence, partager l'amour, le perdre, trouver la mélancolie. La force de la lecture, de cette voix, la force de l'inutilité de ces rêveries, de cette fuite.

J'ai aimé ce livre même si j'ai mis un peu de temps à y entrer. Etait-ce parce que mon esprit était perturbé par des évènements extérieurs et sans lien avec cette lecture, ou était-ce parce que je n'ai pas tout de suite saisi… je ne sais pas. Je sais que j'ai été envoûtée quand j'ai lu « regarde-moi, regarde-moi ». J'ai lu ensuite comme on dévale une montagne, comme on navigue à grande vitesse sur une rivière et qu'on savoure chaque respiration, chaque souffle, chaque odeur et chaque frisson. Celui que j'ai beaucoup aimé aussi c'est « Terre promise », et « Vie souterraine » m'a marquée, touchée comme exprimé précédemment. Pour faire cet article j'ai relu tous les textes et surtout les premiers que j'ai pu apprécié à leur juste valeur cette fois-ci. Christian Bobin a une écriture qui me transporte, qui chante dans ma tête, sa poésie est belle, ses mots justes et vrais.

Mon approche des 9 textes :

- Une histoire dont personne ne voulait : Un manuscrit oublié pendant 5 ans. Il y est question d'une histoire écrite par une femme, sa douleur. Mais au moment où elle a écrit ce livre, personne n'en veut alors elle renonce : « Elle est presque guérie. Presque: dans sa douleur elle a trouvé le chant. Et la souffrance est passée dans l'offrande du livre, mais cette offrande personne n'en veut. » C'est alors que 5 ans après quelqu'un reçoit ce manuscrit envoyé par un autre qu'elle. Il nous raconte alors cet écrit, ce qu'il a ressenti, son histoire. Ils échangent des correspondances, il y retrouve cette même écriture, cette vérité. Et un beau jour il apprend qu'elle est enfin publiée.

- Et qu'on le laisse en paix : Il nous parle ici d'amour, en évoquant Perceval, et sa quête du graal. Il nous parle de cette course folle après quelque chose, quelque chose qu'on ne sait même pas définir, cette course perpétuelle, cette société où l'on court toujours, où l'on est sans cesse fatigués, fatigués de courir. « D'emblée dans la vie la fatigue touche aux deux portes sacrées : l'amour, le sommeil. L'amour qu'elle use comme de l'eau sur la pierre. le sommeil qu'elle entasse comme de l'eau sur de l'eau. La fatigue est la barbarie du sommeil dans l'amour, l'incendie du sommeil sur des hectares d'amour. La fatigue est comme une mauvaise mère, comme une mère qui ne se lève plus la nuit pour nous réjouir de sa voix, pour nous combler de ses bras ». Il nous parle du lâcher prise, de cette fatigue alors qui enfin s'évanouit dans la contemplation de l'amour, lorsqu'on s'arrête de courir.

- Faiblesse des anges : Il s'agit ici de l'écriture, de la naissance d'un livre, en prenant référence Racine Iphigénie, puis de la lecture, de ce qui est vrai dans l'histoire et de ce qui n'est pas, de l'inutilité de le savoir, seul l'apaisement de la lecture suffit. « le lecteur et l'auteur avancent en même temps dans l'éther des passions. » Il s'agit de la force de l'écriture sur le lecteur. « Il y a un abîme ouvert par ces phrases, par leur résonance en vous, comme une pierre dans le puits d'âme, comme une lumière qui vous porte d'un seul coup à l'obscur de vous-même. le vertige vient lentement, d'une page à l'autre;(…) ». Et il nous parle à travers cette histoire à nouveau de l'amour, l'amour d'un couple, la trahison, la réaction, les traces sur le couple, l'unisson.

- Regarde-moi, regarde-moi : La passion d'une petite fille pour le cheval blanc qu'elle monte chaque dimanche et sa peine de devoir le quitter à chaque fois pour son cours de piano. Cette question de pourquoi s'éloigner de ce qui est soi en faisant des choses qu'on n'aime pas, pourquoi ne pas se contenter de ce que l'on aime. Et le plaisir ici tous les dimanches pour lui d'aller la voir faire son cheval et elle heureuse qu'il soit là. « Partout l'appel, partout l'impatience de la gloire d'être aimé, reconnu, partout cette langueur de l'exil et cette faim d'une vraie demeure – les yeux d'un autre. Regarde-moi, regarde-moi ». Et ce souvenir qui sera toujours présent même quand le cheval ne sera plus, que ces dimanches ne seront plus. « C'est une histoire éternelle ».

- Terre promise : Deux types d'homme, celui de la société, qui vit, court, travail, sans cesse, l'homme d'affaires, « L'homme livide c'est l'homme social, c'est l'homme utile, persuadé de son utilité (…) » et celui qui écrit, qui lit, le rêveur « inutile celui-là. merveilleusement inutile. (…) il n'ajoute rien au monde : il le quitte. » Pasternak avec le docteur Jivago ici référencé. La lecture c'est le voyage à travers les lignes, l'histoire, un voyage immobile, d'où « il faut sortir pour retourner dans le monde ». « C'est difficile d'aller de l'inutile, la lecture, à l'utile, le mensonge; ». La fièvre de la lecture, la fièvre de l'amour, similaires et « une fatigue qui repose« .

- Vie souterraine : La vie d'une mère au foyer, qui écrit le soir venu après le coucher des enfants. Une fuite de sa vie routinière, qui la fatigue, faite de souffrance mais qu'elle aime, les enfants. L'amour d'une mère dévouée. Une mère qui retrouve sa plume lorsqu'elle est seule, cela lui appartient, elle écrit et elle lit, beaucoup. » Je lis pour faire sa place à la douleur. Je lis pour voir, pour bien voir – mieux que dans la vie – l'étincelante douleur de vivre. Je ne lis pas pour être consolée, puisque je suis inconsolable. Je le lis pas pour comprendre puisqu'il n'y a rien à comprendre. Je lis pour voir la vie en souffrance dans ma vie – simplement voir. »

- Va Jonas, je t'attends : Des lotissements, des maisons, les vies rangées, des vies calculées, des vies sans folie, des vies sans vigueur, et deux fillettes qui partent dans les terrains vagues, à travers le vent fort, très fort. Une référence à la Bible avec Jonas qui est parti prévenir des habitants que leur village serait bientôt détruit et ses habitants, croyants à cela décident d'arrêter toutes leurs activités et « descendent dans la rue pour rejoindre la vie sans lendemain, c'est-à-dire la grâce de vivre, c'est-à-dire dieu. » Les fillettes sur une terre abandonnée, les visages étincelants, lumineux et un Dieu qui s'incline.

- L'entretien : La voix des livres, la voix de l'écriture, ce qu'elle nous dit, tout le mal qu'elle met en lumière, la voix noire : « voilà ce qu'il en est de vos intelligences, de vos printemps, de vos croyances. Voilà ce qu'il en est de vos principes, de vos musées, de vos discours. Sous vos santés, beaucoup de ruines. Sous vos couples beaucoup de haines. Sous vos fortunes, tellement de meurtres.(…) cette voix(…) elle est juste, d'une justesse d'enfance, d'une justesse d'avant la nuit, d'avant l'âge malfaisant de vivre en société. » Et l'entretien du journaliste et de l'écrivain. le journaliste lassé de tant de noirceur jusqu'à une question et LA phrase.

- Une petite robe de fête : L'attente, l'attente de l'amour et sa grandeur. « Il n'y a pas de connaissance en dehors de l'amour. Il n'y a dans l'amour que de l'inconnaissable. » Se sentir vivant dans l'amour, la maladie de l'amour, celle qui donne la fièvre. Puis l'absence, le départ de l'autre qui laisse place au silence.
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Auteur que j'apprécie pour son humilité et sa sagesse et évidemment sa poésie. C'est toujours un breuvage à lire comme une liqueur rare, sucrée et douce, vous chavirant vers des contrées retirées en nous. C'est comme un miroir, le reflet de nous-mêmes des personnages, les situations exposées comme une évidence, voire une révélation.
Ce sont des réflexions sur l'essence de l'être, sur des sentiments tellement naturels et pourtant complexes, des pensées dans lesquelles on aime se perdre, se plonger, se lover et ne plus en sortir au sauf avec ce sourire béat de l'apaisement.

Recueil de textes court comme des tableaux de la vie, j'ai particulièrement adoré tous les passages en relation avec la lecture, les mots, l'écriture. On s'y retrouve, et on sourit bien malgré nous de se reconnaître dans les pages de Christian Bobin. (voir les citations)
Un petit régal à déguster sans modération et avec admiration.
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Un petit ouvrage qui sert souvent de terreau à "Papier de soi", un atelier d'écriture que je fréquente le jeudi matin.

Un mot, une bribe de phrase, un verbe, une idée ...captés
dans ce livret et notre imagination scripturale s'exacerbe, parce que comme l'écrit Christian Bobin " dans la lecture on quitte SA vie , on échange contre l'esprit du songe, la flamme du vent" et que cela est vrai aussi quand on se laisse aller à écrire simplement pour le plaisir, de s'évader, de s'envoler léger guidé par une plume faconde . ..
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Si j'ai bien compris que ces nouvelles parlaient toutes de lecture, d'écriture et d'amour, je ne suis pas sûre d'avoir compris le sens de chacune.
Peut-être lu trop vite, mais cependant pas envie d'approfondir plus que cela.
Et puis, cet emploi du « vous » m'a dérangée.
Autant j'avais aimé le roman « La folle allure », autant je n'ai pas été sensible à ces nouvelles.
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J'avais envie de faire une belle découverte avec cet auteur mais je m'aperçois que je n'arrive pas du tout à rentrer dans l'écriture de ces nouvelles sans doute très intéressantes mais pas de mon style littéraire.
Je ne supporte pas ces répétitions incessantes de mots qui m'embrouillent la tête et m'empêchent de comprendre le fil de l'histoire.
Bref, cette écriture n'est pas faite pour moi, je passe mon chemin et referme ce petit livre.
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À la lecture des livres de Christian Bobin, de sa prose poétique et musicale, à chaque fois, ses mots et ses phrases m'apportent la sérénité.
Merci Monsieur Bobin.
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