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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cette fois, In Koli Jean Bofane s'est quelque peu éloigné de son pays natal, la République démocratique du Congo. Après Mathématiques congolaises et Congo Inc, suprêmes délices littéraires, La belle de Casa se déroule, comme son titre l'indique, dans la ville marocaine et plus précisément dans ses quartiers populaires. Ce déplacement géographique n'est que minime en définitive tant Bofane poursuit sa description d'une Afrique débarrassée de nombre de clichés et de tabous. L'auteur garde sa pertinence et son regard perçant et subtil sur un microcosme particulier composé d'une bande de personnages bigarrés au sein d'un roman quasi choral même si dominé par la figure d'Ichrak, la belle de Casa, aux yeux, et au corps, de velours. Au début du livre, elle vient tout juste d'être assassinée. Mais avec de nombreux retours en arrière et de changements de perspective, aux basques des différents protagonistes, Bofane orchestre non pas un récit policier mais une comédie sociale chamarrée et composite où l'on retrouve des maux africains, corruption et distribution inégale des richesses, entre autres, mais aussi intégration des migrants subsahariens qui n'ont pas poursuivi leur périple jusqu'en Europe. Si le tableau n'est pas totalement désespérant, c'est parce qu'on ressent dans le livre une énergie constante, y compris de la part de ceux qui sont les plus démunis, et la bienveillance habituelle du romancier pour ses personnages. Moins burlesque et trépidant que les livres précédents de Bofane, La belle de Casa demeure un ouvrage plus que recommandable, par son style, émaillé d'expressions africaines savoureuses, et par la qualité de sa narration.
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Chez In Koli Jean Bofane, la langue française est riche de ses multiples influences africaines, du Congo au Maroc, en passant par l'Algérie. Dans les ruelles de Casablanca, au gré du Chergui, le vent du sud, sont charriés les peines, les joies, les misères et les espoirs de tout le continent africain. Les personnages sont tout aussi denses et derrière leur noble apparence se cachent de lourds secrets sur lequel ce très beau roman lève un coin de voile. Pas trop, mais suffisamment pour qu'on se prenne d'empathie pour tous ces naufragés de la vie.
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Lorsque la belle Ichrak est retrouvée morte dans une rue populeuse de Casablanca, les personnes qui ont côtoyé de près ou de loin la jeune femme vont par flashbacks tenter de comprendre ce qui s'est passé.
À commencer par le jeune congolais Sese, son ami le plus proche. Celui qui l'a initié aux arnaques par internet : séduire des femmes ou des hommes occidentaux, pour leur réclamer de l'argent ou les faire chanter. Ce jeune migrant, débarqué malgré lui sur les côtes marocaines alors qu'il rêvait de l'eldorado européen, vit de petites combines, espérant rembourser la dette contractée auprès de sa famille. Mais l'on suit également le chef de police corrompu Mokhtar Daoudi, des mafieux, des religieux, et de nombreuses autres personnes qui (sur)vivent comme elles peuvent dans cette société marocaine.
Et Ichrak, par sa beauté troublante et son caractère volcanique, son indépendance d'esprit et sa volonté de bousculer le petit monde qui l'entourait, ne pouvait que déranger de nombreuses personnes. Quitte à l'assassiner ?
Ici néanmoins, l'intrigue policière est vite reléguée au second plan. L'auteur décrit ici un monde cosmopolite qui subit de nombreux problèmes sociaux, religieux, politiques, racistes, économiques, de corruption…, un monde où pourtant la vie grouille, où la population vit d'expédients, d'arrangements avec la loi et les règles religieuses, où la solidarité et les amitiés permettent de supporter un quotidien précaire.
Après avoir fait le portrait de l'Afrique noire dans ses précédents romans, avec le style, le talent et l'humour qui le caractérisent, In Koli Jean Bofane brosse ici celui d'un Maghreb bousculé mais bien vivant, grâce à des personnages attachants et émouvants.
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Avec ce troisième roman d'In Koli Jean Bofane, on quitte Kinshasa pour Casa et son lot de flics véreux, d'envoûtantes Marocaines, de femmes d'affaires ambitieuses et de jeunes en quête de richesse virtuelle.
L'intrigue a pour point de départ la mort de la somptueuse Ishrak, convoitée par tous et que le jeune Congolais Sese, grand admirateur de Mobutu, avait fini par convaincre de faire affaires avec lui dans la séduction par vidéo interposée, à grand renfort de chantage et de virements western union pour leurs tristes victimes européennes.
Une fois encore, l'auteur réussit magistralement à élever au rang de personnage la ville elle-même, ainsi que Chergui, le vent qui balaie sans distinction les immigrés sénégalais en quête de fortune, le lieutenant Daoudi, déçu de son affectation dans un quartier qu'il ne juge pas à la mesure de son ambition, la folle Zahira, le jeune professeur frustré de voir ses élèves plus passionnés par Assia Djebar que par lui, la venimeuse et ambitieuse Fatima et bien sûr, Sese, floué par un passeur qui lui avait promis un débarquement à Deauville, et qui tente tant bien que mal de se faire une place au soleil dans la capitale économique marocaine.
Avec son lot de répliques truculentes, de citations de Booba ou de Choukri, la Belle de Casa est un joyeux carnaval de la débrouille où l'arnaque est élevée au rang de prouesse, mais où la violence demeure et frappe, les victimes demeurant les immigrés, et surtout les femmes, objets de désirs inassouvis.
Une très belle réussite qui mêle le rire aux larmes et qui nous présente une Afrique chamarrée bien éloignée de sa représentation dans l'imaginaire européen complexé.
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Nouveau livre de In Koli Jean Bofane, ça signifie un vrai moment de bonheur de lecture en perspective. Et encore une fois je ne suis pas déçue.
Pour ce troisième roman nous sommes toujours en Afrique, mais plus au nord, à Casablanca.
Le livre sur le meurtre de Ichrak, une figure emblématique par sa beauté, son histoire et son caractère bien trempé. Et son histoire va être raconté pare Sese, jeune congolais, qui s'est fait roulé par un passeur, et se retrouve à Casa alors qu'il comptait débarqué à Deauville.
On retrouve dans ce court roman toute la force de l'auteur; à savoir raconter le tragique avec une dose d'humour salvatrice, dépeindre les contradictions d'une société qui oscille entre traditions orientales et modernité occidentale. Une foule de personnages secondaires qui augmente la richesse du livre.
En un mot quel talent!
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Un jeune congolais de Kinshasa fuit son pays pour rejoindre la France. Mais son « passeur » le largue à Casablanca où il tente de s'intégrer. Avec un certain succès, car il est débrouillard et trouve des combines peu morales pour survivre. Mais peut-on reprocher cela à un migrant ?
Et c'est parti à vive allure pour un roman aux nombreux personnages hauts en couleurs, des amis compatriotes et des marocains du cru qui semblent souvent faire bon ménage. Un cadre pittoresque donc, d'autant plus que les expressions en langue congolaise sont nombreuses ! Sese Seko (devinez quelle était l'idole politique de son père !) rencontre la belle Ishrak, trop belle pour ne pas s'attirer de gros ennuis. Car les hommes sont les hommes, plus encore dans le monde musulman où ils doivent trouver un équilibre improbable entre les exigences de la religion et leurs pulsions sexuelles.
Sese Seko et ses amis doivent se battre contre les promoteurs immobiliers, qui veulent raser le misérable quartier où ils vivent pour construire du neuf, du rentable. Et pour cela tous les moyens sont bons. Non, ce n'est pas simple d'être un pauvre réfugié dans la ville la plus aristocratique du Maroc !
Au passif du bouquin je noterais un certain désordre dans la narration, le passage sans transition parfois d'un personnage à un autre. Mais cela ne correspond-il pas à la nature africaine, loin de notre rationalité ? C'est sans doute aussi cet esprit africain qui donne cette langue colorée et poétique, portée par le souffle du Chergui, ce vent mystérieux qui vient du désert.
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Sese Seko Tshimanga, prénommé ainsi par son père en l'honneur de Mobutu, est un immigré congolais arrivé par erreur au Maroc alors qu'il voulait se rendre en Europe. Occupé une bonne partie de son temps à soutirer de l'argent aux femmes blanches sur Internet - il est ce que l'on appelle un brouteur, autrement dit un cyber-séducteur - il découvre un matin le corps inerte de son amie Ichrak dans une rue du quartier Cuba, au coeur de Casablanca, où souffle Chergui, le vent qui rend fou. La jeune femme, d'une grande beauté, vivait avec sa mère Zahira, supposée folle, et n'a jamais su qui était son père. Lorsqu'ils se sont rencontrés, le courant n'est pas tout de suite passé entre Ichrak et Sese, pourtant, ce dernier finira par la convaincre de participer à ses escroqueries en ligne.
Comment Ichrak est-elle morte ? A-t-elle été assassinée ? Son indifférence aux avances des hommes a-t-elle fini par lui être fatale ? Ou bien est-ce le résultat de ses activités virtuelles ? L'enquête est confiée au commissaire Mokhtar Daoudi, un homme obsédé par l'avancement de sa carrière et dont elle avait appris à se méfier.
Si ce roman a des airs de polars, ce n'est en fait qu'un prétexte pour mettre en lumière les travers de la société marocaine dans laquelle corruption, sexe et pouvoir semblent tenir une place de choix. In Koli Jean Bofane, grâce à une galerie de personnages hauts en couleurs, et avec beaucoup d'humour, y parle également de précarité, d'immigration et du racisme qu'il y règne. Une belle découverte.
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J'ai découvert In Koli Jean Bofane avec Mathématiques congolaises, une petite merveille. Si j'avais moins accroché à Congo Inc. le testament de Bismarck, La Belle de Casa ne m'a pas déçu, loin de là. À lire...
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Dans Casa la belle, migrants et voyous se rencontrent dans les quartiers populaires. Sese est un jeune clandestin arrivé de Kinshasa. Il a atterri là alors qu'il pensait arriver en Normandie. Depuis il vivote en faisant casquer sur internet quelques européennes en mal d'amour, en les amadouant et en leur promettant la lune. Il était associé dans son petit business avec Ichrak.

Un matin, dans une ruelle peu fréquentée, il découvre la belle Ichrak morte, ensanglantée. Ichrak n'a pas de père et sa mère, la farouche Zahira, est folle depuis longtemps. Alors qui pouvait bien lui en vouloir ? Tous ! Car Ichrak la sublime avait la langue bien pendue et ne s'en laissait pas conter.

Et certainement pas par tous ces hommes concupiscents qui la guettaient et rêvaient de la soumettre à leur volonté. Ces nombreux hommes qui évoluent autour d'Ichrak, à commencer par le commissaire Daoudi, qui mène l'enquête. Lui-même est tombé sous le charme de la belle, mais n'a jamais réussi à la faire plier. Il y a bien sûr Sese le migrant, mais aussi Nordine le voyou, Farida la femme d'affaires avertie et son mari le très ambigu Cherkaoui, qui entretient une bien étrange relation avec Ichrak.
Dans ce quartier misérable, les migrants arrivent du Congo, du Cameroun, du Sénégal. Ils n'ont pas trouvé d'issue à leur course vers l'Europe et ont posé ici leurs maigres bagages. Ils squattent des immeubles miteux lorgnés par les promoteurs. Ces derniers rêvent de transformer les quartiers pauvres de Casablanca pour les proposer aux plus riches, centres commerciaux, palaces, immeubles de luxe remplaceraient opportunément ces ruines, pourvu que l'on puisse en chasser les habitants. Et l'auteur nous décrit, avec une gouaille et un sens du dialogue qui nous embarquent dans une sordide réalité, les malversations, magouilles et affaires qui se trament ici sous le manteau.

Chronique complète sur le blog https://domiclire.wordpress.com/2018/10/03/la-belle-de-casa-in-koli-jean-bofane/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Agréablement surpris par le style de l'auteur j'ai retrouvé un Casablanca côté noir qui est très bien décrit. C'est un peu rapide, mais le style apporte à l'histoire une vraie valeur.
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