Avec ce troisième roman d'
In Koli Jean Bofane, on quitte Kinshasa pour Casa et son lot de flics véreux, d'envoûtantes Marocaines, de femmes d'affaires ambitieuses et de jeunes en quête de richesse virtuelle.
L'intrigue a pour point de départ la mort de la somptueuse Ishrak, convoitée par tous et que le jeune Congolais Sese, grand admirateur de Mobutu, avait fini par convaincre de faire affaires avec lui dans la séduction par vidéo interposée, à grand renfort de chantage et de virements western union pour leurs tristes victimes européennes.
Une fois encore, l'auteur réussit magistralement à élever au rang de personnage la ville elle-même, ainsi que Chergui, le vent qui balaie sans distinction les immigrés sénégalais en quête de fortune, le lieutenant Daoudi, déçu de son affectation dans un quartier qu'il ne juge pas à la mesure de son ambition, la folle Zahira, le jeune professeur frustré de voir ses élèves plus passionnés par
Assia Djebar que par lui, la venimeuse et ambitieuse Fatima et bien sûr, Sese, floué par un passeur qui lui avait promis un débarquement à Deauville, et qui tente tant bien que mal de se faire une place au soleil dans la capitale économique marocaine.
Avec son lot de répliques truculentes, de citations de Booba ou de Choukri,
la Belle de Casa est un joyeux carnaval de la débrouille où l'arnaque est élevée au rang de prouesse, mais où la violence demeure et frappe, les victimes demeurant les immigrés, et surtout les femmes, objets de désirs inassouvis.
Une très belle réussite qui mêle le rire aux larmes et qui nous présente une Afrique chamarrée bien éloignée de sa représentation dans l'imaginaire européen complexé.