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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Cette romance s'articule autour de la découverte du corps d'Ichrak dans une ruelle du quartier Derb Tabiane de Casablanca. La sculpturale furie a la gorge tranchée.
Des personnages hauts en couleurs gravitent autour de cette jeune femme qui ne laissait personne indifférent par sa beauté et son insoumission.
Que se soit Sese la débrouille , jeune migrant "Zaïrois" en transit vers l'Europe et qui s'entiche d'elle par amitié et pour du business sur fond d'arnaque internet.
Ou Encore Farida, autre beauté reptilienne, femme d'affaire peu scrupuleuse mariée à Cherkaoui que l'on comprend être l'amant d'Ichrak. Celui-ci est en proie avec un puissant non dit teinté d'oubli.

Plusieurs thématiques sont abordées dans ce roman polar.
La corruption se campe à travers notamment Mokhtar Daoudi, flic véreux en charge de l'enquête pour qui un tabou de son histoire personnelle rejaillit à travers ce drame, secondé par Lahcer Choukri aux faux air de Booba...
Spéculations immobilières, réseaux mafieux ou encore religion fanatisée s'imbriquent et s'entrechoquent, le tout rythmé par une montée en tension où un vent du sud, le "Chergui" électrise les passions.
Les connections entre différentes histoires individuelles et collectives lient ce récits : c'est celle de Gino pulvérisé sur l'autel d'un amour impossible ou encore Dramé le sénégalais, sorte de condensé géopolitique d'Afrique de l'ouest et du Maghreb.
La position de la femme est importante dans ce récit. Son pouvoir d'attraction et les stratagèmes masculins pour l'humilier, l'aliéner, la posséder lorsqu'on a l'argent ou le pouvoir, l'occidentalité se personnifie par Zahira la "folle" devineresse et mère d'Ichrak.
Espoirs et drôleries sont ténus et laissent place subitement au sordide , viol, inceste, prostitution et consort.
C'est riche et écrit d'une agréable plume. Auteur à lire et écouter.

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Tout commence par un meurtre. Qui et pourquoi a-t-on tué la jeune Ichrak en pleine rue ? Les suspects ne manquent pas. le commissaire Daoudi qui la désirait et est justement chargé de l'enquête ? Farida Azzouz qui règne en maître sur le quartier de Derb Taliane ou Nordine, son homme de main ? Un amoureux éconduit ? Et pourquoi semble-t-on vouloir faire porter le chapeau à Sese, devenu l'ami d'Ichrak ?

Tout le quartier est en ébullition depuis ce meurtre et le vent chaud qui souffle sur la ville aiguise encore les tensions. Que lui reprochait-on à Ichrak si ce n'est de vivre libre et de tenir tête à tous ? Elle était belle mais solitaire, flanquée d'une mère malade, perdant un peu la tête. Elle cherchait aussi désespérément à connaitre ses origines et le mystère de sa naissance, elle, la fille sans père. Était-elle trop curieuse ?

Au coeur d'un quartier populaire de Casablanca, on plonge au coeur des jalousies et des passions, du trafic et des affaires, des luttes d'influence et de la concupiscence masculine. Sese fait office de candide dans ce panier de crabes, lui qui a échoué là par hasard, roulé par un passeur. Débrouillard, il joue le séducteur sur internet, un brouteur dans le jargon congolais, et vit de l'argent que lui envoient des femmes naïves dont il exploite, sans scrupule, la solitude.

D'un humour cynique, ce roman dénonce avec lucidité la corruption immobilière, l'exploitation des pauvres et des migrants, les magouilles et les intimidations. Certains sont prêts à tout pour obtenir ce qu'ils convoitent même à monter les gens les uns contre les autres et mettre la ville à feu et à sang dans l'indifférence totale des autorités.

Tout au long des deux cents pages du roman, on oscille entre tragédie et comédie. In Koli Jean Bofane a la plume acérée, féroce et brillante. En quelques traits précis, il dépeint un microcosme populeux haut en couleurs et parvient à nous faire rire des malheurs de l'Afrique. Même si parfois, ce rire est triste.

Un récit à lire pour découvrir une population et un état de fait. Brillant.
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Dans ce quartier populaire de Casablanca habite tout une faune à l'affût de bonnes affaires pour survivre. Derrière ces petits trafics se cache la vraie spéculation financière avec ses trois ressorts habituels : le sexe, l'argent, le pouvoir. Son but : comment chasser les pauvres et squatteurs de ce quartier pour construire à la place des hôtels de luxe ? A ce décor il faut ajouter le vent venu du Sahara, le Chergui, qui exaspère toutes les tensions comme l'indiquent les titres de ces 9 chapitres , de Vents solaires à Hautes pressions.
Tout commence par la mort de la trop belle Ichrak, assassinée dans une ruelle. le lecteur va découvrir son histoire, celle de sa mère , la vieille Zahoura, de son ami Sese, un clandestin naïf et sympathique, et surtout comment les hommes sont livrés à leurs pulsions par excès de testostérone....
C'est vivant, drôle dans une langue qui mêle les dialectes et les registres tout en révélant une réalité sordide.
A lire vraiment !
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Ichrak est retrouvée morte au petit matin par son ami Sese Tshimanga. La plus belle fille du quartier de Cuba, à Casablanca, ne fera plus tourner les têtes de tous les mâles du coin.

Le commissaire Mokhtar Daoudi ouvre une enquête mais n'ira pas très loin dans ses investigations.
Résoudre le meurtre d'une fille, soit disant aguicheuse, vivant avec sa mère, folle, ne fera pas avancer sa carrière de policier.

L'auteur, In Koli Jean Bofane, nous dresse un portrait haut en couleur des habitants des quartiers Cuba et Derb Taliane. « La Belle de Casa » fourmille de gens plus ou moins honnêtes dans la vie. Il est un conteur hors pair, avec un vrai sens du dialogue. Il a un humour caustique, bien aidé par certaines paroles du rappeur Booba :

« La rue m'a rendu fou, je suis fou d'elle
Je n'ai d'yeux que pour elle
La seule qui me convienne
Je suis tombé pour elle »

« Rien à foutre, si tu parles mal, on va t'allumer
J'veux pas faire la paix mais j'veux bien fumer le calumet. » (page 107)

Le personnage qui va servir de fil rouge dans le livre est bien sûr Ichrak. Elle est révoltée par la concupiscence des hommes. Elle ne supporte plus ces regards appuyés du fait de sa belle silhouette. Elle veut être respectée dans ce monde machiste.
L'absence du père, dès sa naissance, la hante. Est-ce qu'il habite le quartier, Casablanca ou était-il un étranger de passage ?

Ichrak vit avec sa mère, Zahira. A l'âge de sa fille, elle aussi, était considérée comme la plus belle fille du quartier. Elle a un don pour prédire l'avenir. Beaucoup de personnes viennent la voir.

Et puis, on fait la connaissance de Sese Tshimanga. Venu du Congo pour immigrer en France ou en Belgique, son passeur l'a largué au large du Maroc, en plein océan Atlantique.

« Quand Sese avait embarqué, l'Algérien lui avait pris près de la moitié de son argent en dollars. La sorte de cachot qu'il lui avait offerte était un réduit dans la cale du sardinier. Il ne pouvait même pas s'y allonger complètement. le voyage lui avait paru long, mais finalement il ne l'était pas assez, car une nuit Farès lui ouvrit la porte après lui avoir fait ramasser son sac…. Farès, d'une bourrade, venait de le faire chuter dans un canot pneumatique aussi flétri qu'un ballon de baudruche après une nuit de fête agitée. » (pages 15-16)

Il vit de petits « boulots » et essaie d'entraîner Ichrak dans sa combine.

« Parce que Sese était ce qu'on appelle un brouteur, un genre de cyber-séducteur africain. Un de ces types - très jeunes, souvent - qui entretiennent une cour avec quelques dizaines, parfois même des centaines, de femmes amoureuses, pratiquant une drague forcenée dans le but de leur soutirer de l'argent en jouant sur les stéréotypes de l'Afrique indigente…. » (page 20)

Nous avons ici les trois principaux personnages du livre d'In Koli Jean Bofane.

L'auteur nous dépeint, aussi, ces petites frappes, toujours prêtes pour un sale coup, du moment que ça paie bien : Nordine Guerrouj et Yacine Barzak.
Les riches ne sont pas épargnés : Saqr al-Jasser, millionnaire saoudien venu faire des affaires à Casablanca. Il veut construire des immeubles de luxe à la place des quartiers Cuba et Darb Taliane, pauvres et délabrés.
Son homme de main est une femme : Farida Azzouz.

« Parce qu'à Casablanca, la pauvreté était insolente, elle ne se dissimulait pas derrière un périphérique, elle faisait face à la richesse, celle qui s'affichait par des parois de béton et de verre conçues par des architectes prestigieux. » (page 18)

En toile de fond souffle le Chergui, appelé le Sirocco en Europe, qui peut rendre fou n'importe qui.

« Chergui déferlait sur le pays et les peuples s'y étaient accommodés de génération en génération depuis des millénaires. Ces derniers temps, pourtant, le vent perdait de sa suprématie sur les terres qu'il traversait jadis…. le Changement climatique pouvait désormais exposer clairement sa volonté de s'accaparer du pouvoir sur le globe…. Tout ce à quoi Chergui aspire, c'est survoler la Méditerranée en passant par Gibraltar, les Baléares, poursuivre vers la Provence, la Sicile, le Mezzogiorno et accomplir le destin qui lui a été assigné en devenant Sirocco dans ces contrées-là. » (page 37)

Dans ce livre, l'auteur développe certains thèmes : la corruption immobilière, la concupiscence masculine, la précarité des migrants. Il situe son histoire à Casablanca mais, au fond, ces thèmes sont universels.

Je ne peux pas finir ma critique sans parler de la superbe couverture du livre. Avoir Keziah Jones, en photo, c'est de la bombe comme pourrait le dire le rappeur Booba.
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Une très belle lecture, recommandée fortement par une amie. Alors merci pour ce tableau sans concession de la vie africaine : Casablanca dite aussi ad-Dar al Bayda'. Ses trafics, ses immigrants qui sont aussi les nôtres. Chacun essaie de se faire une place au soleil, plus ou moins légalement, et parfois, souvent, au détriment des autres. Seule Ichrak, belle entre les belles, poursuit son chemin fièrement, la tête haute. Mais la place de la femme, indissociable de celle des hommes n'est pas toujours enviable...
Le récit est magistralement orchestré, soutenu par le Chergui qui souffle, attise et mène inéluctablement au drame comme dans une tragédie grecque.
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Le seul titre me fait penser à une chanson de Luis Mariano que chantait beaucoup mon père : La belle de Cadix a des yeux de velours… La similitude s'arrête là.
Ichrak fait se pâmer tous les mâles du quartier populaire de Derb Taliane lorsqu'ils la regardent déambuler. Il se dégage d'elle un magnétisme augmenté par l'ondulation hypnotique de ses hanches.
Mais voilà, Ichrak est découverte morte une estafilade mortelle lui ayant coupé la carotide. Sese Tshimanga, son grand ami, a fait la macabre découverte. « Elle ne ressemblait plus à Ichrak, une balafre lui barrait la poitrine et avait découpé son vêtement : une gandoura noir, brodée de fil d'or. ». A Mokhtar Daoudi, le flic du quartier, de trouver le coupable
A partir de là, l'auteur raconte la vie quotidienne de Sese, migrant sans papier, arrivé, sans l'avoir voulu, à Casablanca. Depuis, il se débrouille avec de petits boulots, de petits trafics. « Sese était ce qu'on appelle un brouteur, un genre de cyber-séducteur africain. » Il séduit, via internet, les femmes esseulées occidentales. Très bon comédien et jamais à court d'idée, il les manipule, les fait craquer juste par ses paroles et elles lui envoient des mandats. C'est ce qu'il propose à Ichrak la sauvage qui, contre toute attente, accepte et essaie de séduire les mâles européens. Il n'y aura jamais rien entre eux que du respect. C'est sa grande soeur, son amie, sa « pire moto na ye ».
Le, leur, quartier est menacé par les promoteurs qui voudraient en faire un quartier classe avec de beaux immeubles. Avant, il faut déloger les miséreux et ce n'est pas chose facile, malgré les sbires de la belle madame Azzouz, mandatée par l'émir saoudien Saqr al-Jasser. le saoudien sait ce que peut rapporter l'exploitation d'un concept. « Il comptait agir de même en construisant, sur les ruines de Derb Taliane et qui quartier Cuba des infrastructures au design futuriste, un hôtel cinq étoiles…. »
In Koli Jean Bofane brosse une peinture réaliste de ce quartier, de sa vie de misère, de tous les migrants qui y vivent, se débrouillent, du racisme latent… Une comédie sociale qui peut tourner au drame et le Chergui, vent qui rend fou, n'est pas là pour apaiser les corps et les esprits. le petit plus, ce sont les expressions africaines que j'ai trouvées dans ce récit et, petits clins d'oeil à nous lecteurs français de France, certains renvois comme l'explication du vase de Soissons.
Un livre plus social que policier, lu d'une traite et qui, malgré les différents thèmes sociaux abordés est bienveillant. In Koli Jean Bofane a l'art de dresser un portrait, un paysage, une action en peu de phrases imagées. Une description de Casablanca qui n'est pas celle des dépliants touristiques. le marché aux esclaves qu'est devenu la Lybie fait froid dans le dos tant il est inhumain à l'heure de la mondialisation, les plus pauvres ne sont que monnaies d'échange sonnantes et trébuchantes.
J'ai beaucoup apprécié son écriture rythmée, vive, gaie, réaliste mais habillée d'une certaine poésie, où l'humour caustique ou pas est présent.
Monsieur In Koli Jean Bofane vous êtes un conteur qui sait captiver ses lecteurs.
Une très belle découverte et un coup de coeur

Lecture commune dans le cadre du cercle des lecteurs de la librairie le Cyprès

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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