Ce livre est un recueil de textes qui tente de résumer la littérature de Nouvelle-Calèdonie depuis les premiers récits oraux jusqu'aux années 90. Cette littérature est particulièrement riche. Je suis particulièrement attaché à l'animisme présent dans la vision du monde par les sociétés Kanak dans les contes ou récits des traditions orales. Comme celui du monstre Wananathin ou du dieu Lézard.
Les récits des premiers explorateurs, militaires et colons sont également très intéressants puisqu'il s'agit de faire ressentir à la fois la beauté et l'étrangeté de ce pays et les énormes difficultés que l'on peut parfois rencontrer pour y vivre. Sans oublier bien sûr les récits décrivant l'horreur du bagne. Les récits de Georges Baudoux et de Jean Mariotti me semblent retracer avec brio et souvent une grande poésie toute cette vie calédonienne à la fin du XIXème et début du XXème siècle.
On n'oubliera pas non plus le célèbre roman de marie-france Pisier, "Le bal du gouverneur".
Le recueil se termine par un ensemble de poésies des dernières décennies.
Voilà de quoi faire apprécier cette littérature méconnue qui mériterait pourtant une plus large diffusion.
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Jean Mariotti
Il faut bien voyager
Sur les quais de la Seine
Parmi les reliques
Puisque la vitesse
A tué le voyage
Il n'y a plus d'Orient fabuleux
Rien
Que des sièges
Ejectables
Et des casquettes plates
L'antiseptique a tué le mandarin
Le lotus est mort
Mangé par le mazout
Le pinceau s'est fait stylo
Le mystère
Tué par la présence
Facile
Laisse un peu de son essence
Flotter dans les reliques.
Les barrages du temps
S'écroulent
Sous la poussée des machines
Tout tend à la simultanéité
Loin de nous
Sont des siècles
Où les peuples pouvaient
En sécurité
Vivre des âges différents
Le Papou
Se motorise
Et l'amant
Du lotus
Boit
Du coca-cola
De-ci de-là
Un îlot s'éternise
(...)
G. Baudoux
Drôle d'individu. Il ne s'embarrassait pas de l'urgence, rien ne le pressait, pour lui le temps ne comptait pas. Ces européens abandonnés à eux-même avaient subi l'engourdissement du pays, l'enveloppement torpide des ambiances. Par inertie ils s'étaient adaptés au milieu facile où les circonstances les avaient déposés. Et maintenant ils se laissaient vivre, sans plus, loin des tracas illusoires des civilisés, en philosophes, en Canaques sans penser davantage... Peut-être n'avaient-ils pas tout à fait tort ...
Louise Michel : Légendes et chants de gestes canaques
Tout ici déracine l'être de lui-même ; le silence profond, la solitude où la pensée frappe de ses ailes les sommets tourmentés des montagnes ; tout cela vous emporte loin, bien loin de votre existence.