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sur 73 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La fille que ma mère imaginait
La fille que je m'imaginais avait écrit un livre léger et drôle sur l'expatriation. En réalité, elle réussit l'exploit de la profondeur, du rire et des larmes à la fois, l'humour en autodérision qui sauve de tout, de l'ennui à la mort en passant par la famille, les amis, les autres qu'on aime et ceux qui ne sont pas ceux qu'on croit

La fille que je m'imaginais enfile sa panoplie de transfuge de classe pour dresser des portraits de gouache au vitriol, grattant le vernis pour découvrir un peu d'un pays, d'une personne ou d'un proche
« J'ai le complexe de l'imposteur. Je suis un Canada Dry. J'ai tous les attributs de la classe bourgeoise, mais je n'en suis pas issue. Je compte parmi les transfuges. L'expatriation a exacerbé ce sentiment. »
« Je ne sais pas si je me trompe en disant que les Taïwanais sont plus mystiques que religieux »
La fille que je m'imaginais fait des listes, avec brio, parce que moi, je n'aime pas ça, ou alors celles d'Isabelle Boissard et de Lisa Balavoine
« Le café, c'est toujours le café le plus proche du lycée français. On y croise différents profils de mères. L'intégrée qui a épousé un local et snobe la communauté française. La mère qui travaille et conchie l'expatriée oisive. La novice en deuil de son rôle social. La « dans le moule » qui ne bossait déjà pas avant et pour qui c'est encore mieux de le faire à l'étranger. La rescapée, tellement heureuse de ne plus travailler et de profiter de ses enfants. La soulagée, d'être loin de belle-maman. La reconvertie, généralement en formation coaching. Et la M&M. La Mère & Manager, ma préférée. Poser une question à cette femme, c'est obtenir une réponse de mère ou d'épouse. »

La fille que je m'imaginais parle du couple et transcende la banalité du temps qui passe pour livrer un récit bourré de tendresse
« Aimant, généreux, intelligent, doux et drôle, mais Pierre a le défaut d'être mon mari depuis vingt ans. C'est sans doute son seul défaut. »

La fille que je m'imaginais, tour à tour mère et fille, s'interroge sur ce que l'on laisse à ses enfants, volontairement ou malgré soi, que l'on soit présent ou absent
« C'est le voyage qui compte, pas la destination. Mais quand même, si je pouvais aller ailleurs qu'au coma de ma mère. »

La fille que je m'imaginais convoque des dizaines de références, de la variété italienne de Toto Cutugno à de grands noms de la gastronomie française
« La Paille d'or, c'est ma madeleine »

La fille que je m'imaginais désinvolte, à l'humour comme rempart à l'oisiveté et l'ennui, s'avère une vraie Playmobil en 5D, ça tombe bien elle a peu ou prou le même âge, la 5eme dimension c'est le petit supplément d'âme, 21 grammes à la balance

La fille que je m'imaginais fait pendre une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes, celle que le livre se termine beaucoup trop vite

La fille que ma mère imaginait est un livre à la caudalie exceptionnelle et cela console, un peu, de l'avoir déjà lu
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Coup de coeur !
Derrière un esprit drôle et mordant, un regard observateur. Un regard posé sur la place de la narratrice dans sa vie d'épouse, de mère, de fille. Celle de son identité derrière son statut de femme De. Femme d'expatrié qui ne travaille plus - en dehors de son foyer. Celle de sa place dans la société.
L'humour n'empêche pas une certaine fragilité, des doutes, un manque de confiance voire d'estime de soi. Il les planque.
Comme quand à la question :”ça va ?” on dégaine le sourire approbateur pour éviter de lâcher le “qu'est-ce que ça peut te foutre ?” Faire semblant et se sentir imposteur devient alors une façon d'être, une seconde peau. Voici donc le ton du livre. Une manière de s'exprimer aux tonalités grinçantes qui m'amuse beaucoup et résonne en moi.
La clairvoyance qu'Isabelle Boissard porte sur sa vie d'expatriée est à la fois comique et touchante. A chaque page j'ai souri, j'ai ri, je me suis parfois entendue parler à sa place, j'ai compatis, partagé. Je me suis reconnue. Pas dans cette vie mais sa façon de penser, de parler, de percevoir les évènements et les autres. de s'absenter du monde tout en s'y fondant. D'imaginer, et interpréter.

Si elle était comédienne, elle excellerait au théâtre, si elle était dessinatrice, elle croquerait à merveille sa caricature, mais puisqu'elle écrit, elle nous balance ses mots persiflants et cocasses qui, empilés les uns sur les autres, constituent cette narratrice. Ceux qui font d'elle cette femme à l'autodérision infaillible et jubilatoire. Finalement, elle est peut-être toutes ces femmes à la fois. Et certainement beaucoup d'autres.

J'adorerais l'écouter répondre au questionnaire de Proust sur sa personnalité ou l'entendre me dresser son propre portrait chinois. Je suis certaine que les réponses seraient d'une véracité indéniable.

Isabelle Boissard s'octroie une liberté de ton totalement dénuée de questionnement sur le jugement. C'est en partie ce qui rend ce livre si profond, si véritable. Ou si crainte de représailles il y a, elle l'a enfouie tout au fond, loin derrière ses tripes.


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Je remercie mes 68 premières fois de m'avoir permis de lire ce livre.

J'ai beaucoup aime le style et l'humour de l'autrice. J'avoue avoir beaucoup ri et passe de bons moments.

Je me suis projetée également dans ce personnage qui s'interroge en menant une introspection d'elle même sur ce quelle veut dans la vie et sur sa situation familiale.

La fin de vie de sa mère la ramène a évoquer son enfance et ses rapports avec elle. J'ai été touchée par ses sentiments car la perte d'un être cher est toujours très difficile et c'est aussi une occasion de faire le point de ce qu'on a accompli et ce qu'on voudrait accomplir.

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Isabelle, 48 ans, mère de deux filles et épouse comblée arrive à Taipei en tant que « conjoint suiveur » ou plutôt « conne jointe » comme elle se plaît à dire. « L'expatriation, ce jardin d'Eden ou la femme exhibe le kiki de son mari derrière une bonne grosse feuille de paye ». C'est sa troisième destination mais déjà elle n'en peut plus de ce microcosme d'expat, de ces mères parfaites, ces « Blandine de la chatte », ces « Ludivine de la prostate » qui passent leur temps à vanter les avantages comparés des lycées français à travers le monde ou qui meublent la vacuité de leurs journées entre cours de yoga et organisation de soirées où règne l'entre soi. Et puis Taipei ! A t-on idée d'aller à Taipei ! « Une île avec des tremblements de terre, des Tifa, la peine de mort, et même pas reconnu par la France ». Mais alors que son aménagement s'achève et que peu à peu elle se coule dans un quotidien oisif qu'elle occupe avec un atelier d'ecriture, Elle doit retourner en France au chevet de sa mère. L'occasion d'un autre voyage, tourné vers l'enfance, vers ses racines, voyage non moins remuant pour cette mère de famille déjantée et attachante.
.
Ce livre est une pépite ! À la fois drôle et tendre, grinçant et touchant, piquant et grave. Un roman que j'ai adoré et qui m'a fait autant rire que réfléchir. Un roman en deux temps où la plume d'Isabelle Boissard m'a conquise. D'un humour décapant, elle dézingue à tout-va les snobismes de classe et elle égratigne avec un sens de la formule percutant tous les travers de notre époque. Elle manie la dérision et le sarcasme avec brio et certains passages sont jubilatoires, tels l'annonce de décès sur les réseaux sociaux ou la séance chez le coiffeur, non pardon chez « l'Art Director ». Mais sa force c'est qu'elle est tout aussi juste sur l'autre versant du livre, plus tard plus nostalgique, lorsque l'héroïne replonge dans son enfance. Une enfance heureuse en dépit du décès prématuré de son père, mais surtout une enfance marquée par la honte de classe et le déni de tristesse, des éléments fondateurs de la personnalité faussement cynique qu'elle est devenue. Il y a des pages très belles sur la vieillesse, et sa réflexion sur ce que l'on transmet à ses enfants m'a beaucoup marquée. Mais dans cette partie non plus la dérision et le second degré ne sont jamais loin, comme pour contrebalancer la gravité du propos. J'ai relevé des dizaines de phrases, souligné des tas de passage mais je vous laisse les découvrir dans ce très beau premier roman. Impatiente de découvrir d'autres titres de cette auteur. Savoureux et jubilatoire. Foncez!.
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Chère peau de taupe, puisque c'est que « moleskine » veut dire en anglais, à toi je peux te confier que j'ai tellement ri en lisant ce premier roman. Un humour grinçant, des phrases bien placées, des mots mordants pour parler de nous, de nos attentes souvent un peu trop idéalisées, des situations souvent beaucoup scénarisées dans nos imaginations débordantes, de l'analyse de nos vies en trois parties avec thèse et antithèse et puis de nos doutes.
Chère peau de taupe, puisque c'est que « moleskine » veut dire en anglais, c'est comme ça que commence le journal intime imposé par l'atelier d'écriture que va suivre la narratrice sur dix semaines.
A ce cahier, la narratrice, quadragénaire, va confier sa vie d'expatriée, ses déménagements tous les trois ans pour suivre son mari. Fraîchement arrivée à Taïwan, c'est tout un nouveau quotidien qu'il faut se créer, de nouvelles connaissances à épater, une nouvelle langue à apprendre. Et cette fois-ci, c'est le déménagement de trop, la narratrice est blasée, incomprise et à côté de ce quotidien routinier mais confortable.
Avec humour, elle distille les cafés des nouveaux arrivants, les lycées français, les journées qui se ressemblent et où le temps s'allonge. Elle est franche, ne se ménage pas et n'épargne personne. Elle détourne les mots et les proverbes et nous fait éclater de rire à chaque page. Elle observe avec un regard acéré ce quotidien privilégié et elle balance avec des mots féroces et drôles.
Quand la narratrice est appelée au chevet de sa mère en France, c'est un nouveau chapitre qui s'écrit dans ce journal intime. Les mots sont forts et sincères et toujours avec une touche d'humour. C'est l'enfance très loin de son quotidien actuel, les règles transmises par sa mère dont le fameux « quand on veut, on peut », les plaintes qu'on ne dit pas, qui ressurgissent et qui remettent sur le devant de la scène la petite fille que cache la narratrice dans son corps d'adulte.
De l'humour, de la sincérité pour décrire une femme qui ne sait plus où est sa place, qui se cherche en tant qu'épouse, mère et fille. Être près de sa mère, retourner dans ses souvenirs et surtout écrire, l'aide à poser ses émotions, à prendre du recul et surtout à en rire.
Un livre qui m'a autant ému que fait rire !
Encore une très belle découverte aux 68 Premières Fois.

Lien : https://www.quandleslivresno..
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