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Certains livres valent autant par ce qu'ils racontent que par les circonstances de leur écriture.
La Tête à toto Lenine est un météore littéraire blasphématoire publié clandestinement dans le Moscou des années 70, à l'occasion du centième anniversaire de la naissance du mythe sculpté à la faucille et au marteau. Une jubilation anti-jubilé.
Nicolas Bokov décida de sortir sa caisse à outils pour déboulonner la statue du Commandeur, au sens malpropre du terme.
Il composa en trois semaines l'histoire d'un jeune pickpocket qui, par pénurie de portefeuilles, va voler la tête de Lénine, dont le corps et les idées momifiés sont exposés au mausolée de la Place Rouge.
A la différence de tous nos saints nés avec 15 orteils, 8 bras, 10 pieds et 3 b… afin de pouvoir satisfaire la demande des reliquaires de toutes nos églises, Lénine n'avait qu'une seule tête.
Panique au Polit Bureau. Des têtes vont tomber. Ce sacrilège ne doit pas être ébruité et les militaires cherchent le coupable et une parade…
Ils finissent par remplacer le gisant par un acteur, sosie de feu Vladimir Ilitch Oulianov, chargé de jouer le rôle de sa vie, interpréter la mort devant les visiteurs du mausolée. Un rôle de décomposition qui va faire trembler le Kremlin, camarade.
80 pages qui ridiculisent joyeusement la propagande et le régime totalitaire soviétique.
Texte distribué sous le manteau élimé de l'histoire, l'auteur poussa la subversion en le signant du nom d'un autre écrivain, nostalgique stalinien.
La clandestinité et l'urgence expliquent la brièveté de ce récit qui eut en son temps les honneurs d'« Apostrophes ».
En attendant un jour une suite avec, je ne sais pas… le scalp d'une moumoute orange par exemple, vous pouvez foncer lire cette farce, tête baissée.
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Livre écrit en 1970, année où l'URSS se prépare à fêter les 100 ans de la naissance de Lénine. le jeune Nicolas Bokov alors étudiant écrit au péril de sa vie ce pamphlet qui circula clandestinement à Moscou. Nicolas Bokov écrivain dissident est finalement obligé de s'exiler en France. Ici, il est plus aisé de faire circuler son récit, il est réédité en France en 1982 avec en en-tête une préface de Bokov lui-même, actuellement ce sont les éditions Noir sur Blanc qui ont repris ce texte.
Des débuts périlleux donc, et, un récit dangereux. Bokov ridiculise ouvertement Lénine. Notre héros Vania Tchmotanov un petit voleur a l'idée saugrenue de voler la tête de Lénine exposé dans le mausolée. Dans ce récit ubuesque il faut justement ne pas la perdre… la tête !
Heureusement les notes du traducteur nous aident a bien replacé le récit dans son contexte.
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La Tête de Lénine est un petit livre bidonnant publié d'abord clandestinement en 1970.
La préface de l'auteur (2017) est très intéressante et très drôle également. L'idée a germé pendant les préparatifs des festivités du centenaire de la naissance de Lénine ; on découpait alors en rondelles, les morceaux de gras dessinant le chiffre cent, on vendait de la vaisselle ou des chaussettes à la gloire du Guide. Boskov accompagnait la fille de sa compagne devant le Mausolée et il a eu alors cette idée formidable. Il a ensuite écrit son livre très vite et quelques amis ont partagé avec lui le risque de cette entreprise, tellement jubilatoire. "Le samizdat présentait lui aussi son cadeau pour le centenaire : " La Tête de Lénine".

Vania est un jeune pickpocket moscovite. Alors qu'il fait les poches des gens faisant la queue sur la Place rouge, lui vient une idée géniale et lucrative. Il va voler la tête de Lénine et en tirer des millions quand il l'aura vendue à Rockfeller, qui collectionne des têtes momifiées, comme chacun sait. Aussitôt dit aussitôt fait. Vania se mêle à la foule, se cache derrière une tenture, se débrouille pour faire sombrer les gardiens du temple déjà bien alcoolisés, fouraille dans sa boîte à outils d'orfèvre de la cambriole, soulève le couvercle vitré et décapsule adroitement la tête du Grrrand Bâtisseur...
Comment le jeune Vania va-t-il bien pouvoir s'échapper ? Comment les autorités peuvent-elles dissimuler cet odieux sacrilège au bon peuple pèlerin ?
J'attends vos hypothèses, chers amis. Sachez que des péripéties croquignolesques vont s'enchaîner. Alors certes, on n'atteint pas la profondeur du Maître et Marguerite mais c'est quand même une sacrée bonne farce. L'auteur s'en prend au culte idolâtre de Lénine , à l'obsession du secret, à la désinformation et à la propagande soviétique, à la bêtise des généraux ( Biglov et Sourdinguov) . Sont évoqués aussi au passage les privations et la corruption du système.
Un livre drôle et instructif sur les années Brejneviennes.
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Satire historique russe d'une politique répressive et violente,; dans un contexte de fête Nationale sur le 100ème anniversaire de la naissance de Lénine.
Les noms des militaires au pouvoir renforcent cette moquerie, ne serait-ce que pour les gradés Sourdinguov et Biglov.
Nous assistons à une démonstration par l'absurde, l'humour noir, à la dénonciation d'un Etat tout puissant dont les serviteurs se suicident quand ils ont échoués dans le service à la Nation.
On retrouve les ingrédient bien connus des romans russes mais aussi de la vie à cette époque et plus tard sous un autre gouvernement: assassinats, exécutions, intervention des "médecins en blouse blanche", suicides des fonctionnaires, manipulation des masses populaires, la faim et la peur.
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Vania. Vania Tchomatonov ! Qui est cet homme au demeurant bien ordinaire ? Est-ce un minable petit voleur ? Un suppôt du capitalisme ? Un agent au service d'une puissance étrangère hostile au Paradis des Prolétariens ? Un révolutionnaire ? Un contre-révolutionnaire ? Un contre-contre-révolutionnaire ?

Vania est dans le train qui roule vers Golokolamsk. le contrôleur s'approche de lui. Que faire ? Vania pense à tous ces portefeuilles volés qui sont répartis dans les différentes poches de son manteau… Va-t-il corrompre le gros contrôleur ? Non, il a une meilleure idée… Il ouvre son sac… Et là, horreur ! Que voit notre joufflu contrôleur ? Sur un lit de coton moelleux, repose, figée pour un éternel sommeil… une tête ! Les traits du visage sont célèbres dans le monde entier : la barbiche, les fortes pommettes, le grand front fuyant, la large calvitie…

Critique :

Me voilà avec un avis assez mitigé quant à cette farce imaginée par Nicolas Bokov dans les années '70 en pleine période soviétique où il ne fallait pas grand-chose (parfois même rien) pour être envoyé au goulag au fin-fond de la Sibérie ou dans un asile « psychiatrique ». Bokov a pris un risque énorme en publiant cette courte histoire sous forme de « samizdat ». Mais qu'est-ce donc qu'un « samizdat » me demandez-vous mû par une curiosité bien compréhensible ? Prenons donc la définition offerte par Wikipédia : « le samizdat (en russe : самиздат) était un système clandestin de circulation d'écrits dissidents en URSS et dans les pays du bloc de l'Est, manuscrits ou dactylographiés par les nombreux membres de ce réseau informel. » Il faut imaginer une personne recevant ce texte et le recopiant à la main ou en le dactylographiant pour le diffuser… Un texte que les autorités soviétiques ne sauraient tolérer…

Bokov a une idée de génie… Et si un petit voleur décidait de voler la tête de Lénine dont le corps embaumé repose dans un mausolée sur la place Rouge à Moscou ? Oh, rien de politique dans cet acte ! Juste l'appât du gain ! L'espoir de la vendre à un milliardaire américain contre une petite fortune…
Mais quelles pourraient bien être les conséquences d'un tel acte ? C'est ce que Nicolas Bokov se plaît à imaginer. On est dans la bouffonnerie, dans la grosse farce, celle qui se moque sans ambages du Paradis des Travailleurs, et surtout de la cupidité de ses dirigeants. Pas un pour sauver l'autre…

Pour nous, Occidentaux, qui n'avons pas eu le déplaisir de connaître cette « merveille » que fut le communisme russe avec ses privations, non seulement de liberté, mais aussi alimentaires ou de produits de première nécessité, le texte de Bokov nous révèle la haine que l'on peut porter à un tel régime qui écrase tout, qui balaie tout. L'auteur se plaît à le mettre à terre, non avec un super héros à l'américaine, mais avec un petit voleur dénué de grands idéaux.

Les notes qui précèdent l'histoire en elle-même nous livrent le contexte de cette création et sont révélatrices des conditions de vie en Union soviétique.
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Les parties que j'ai préférées dans cet ouvrage (édition Libretto), sont l'avant-propos (14 pages) et le post-scriptum (une page) !
En préambule, l'auteur explique ce qui l'a inspiré, et la manière dont ce court récit a été publié (en samizdat, autrement dit en autoparution) puis diffusé sous le manteau.
Le post-scriptum fait quant à lui partie du récit puisqu'il figure avant le mot « FIN ». L'auteur y impute son oeuvre à Vsevolod Kotchetov, écrivain soviétique membre du PCUS (1912-1973, décoré de l'Ordre de la Révolution d'Octobre, de l'Ordre de l'Etoile Rouge, et deux fois de l'Ordre de Lénine, il était nostalgique de l'ère stalinienne...), dont l'auteur s'est payé la tête (au sens figuré).

L'idée première du récit est amusante et originale : un voleur décide de s'emparer de la tête de Lénine dont la dépouille repose dans un mausolée et fait l'objet d'un culte organisé. Ce « crime » de lèse-majesté est jubilatoire pour tout opposant à la dictature et à la propagande soviétique. Les conséquences de cet événement sont ensuite volontairement outrancières. On s'amuse à lire quelques situations, et les noms des personnages (les généraux Biglov et Sourdinguov, la vieille militante Maria Conspiratovna). La caricature du pouvoir soviétique aurait cependant été largement plus drôle si elle n'avait pas été poussée à l'extrême.

Une lecture amusante, qui peut aider à faire comprendre la manière dont la propagande soviétique a réécrit une partie de l'Histoire, transformant la vie et les actes d'un ancien chef d'Etat.
Les autorités soviétiques et leurs discours étaient ridicules, comme Bokov le souligne. Néanmoins, ce jour, lendemain du décès de Jacques Chirac, les médias et politiques de tous bords n'en font que des éloges, omettant trop l'unique condamnation pénale dont il fit l'objet (et celles auxquelles il échappa.). Gardons-nous donc de donner des leçons au reste du monde…

Merci aux éditions Libretto et à Babelio (opération Masse Critique).
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Ce texte a été écrit pendant les années 1970, à l'époque du samizdat (publication clandestine) en trois semaine et a circulé pendant le centenaire de la naissance de Lénine.
C'est une farce, une satire non dépourvue d'humour, en fait, Vania un jeune pickpocket s'est mis en tête de voler celle de Lénine qui repose dans un sarcophage au Kremlin, et le comble, il y parvient sans trop de difficultés parce que la sécurité laisse à désirer. S'ensuit les aventures et les péripéties de Vania et l'auteur grossit les traits du régime soviétique ce qui nous incite, nous lecture, à rire. Il faut aussi souligner les notes en bas de page qui m'ont permis de comprendre les allusions et le contexte afin d'en apprécier son humour.

Je remercie Babelio et les Editions Noirs sur Blanc pour cette belle découverte littéraire et je pense ma première lecture d'un texte à l'époque clandestin.
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Savez-vous ce qu'est un Samizdat ? Non. Et bien moi, si. Depuis deux jours. Depuis que j'ai lu « La tête de Lénine », une nouvelle de Nicolas Bokov écrite en 1970 et diffusée sous le manteau en union soviétique. Ah ! Vous commencez à avoir une petite idée de la chose. Alors autant abréger votre attente. Les samidzats étaient ces textes écrit par les dissidents à l'époque du rideau de fer, reproduits avec les moyens du bord et distribués clandestinement. le but était donc clairement de critiquer le régime soviétique et ses dérives totalitaires.
Et c'est précisément ce que fait Nicolas Bokov. Avec beaucoup d'humour et toutes les apparences du non-sens, il nous conte les mésaventures d'un pickpocket dans la Russie de Krouchtchev ou de Brejnev. Mais ce qui ressemble au délire d'un junkie sous acide n'est qu'à peine exagéré : le culte du héros, les épurations (fosses communes), le gouvernement par la terreur (les suicides des officiers ayant échoués), les rivalités au sein de l'armée (l'antagonisme entre Biglov et Sourdinguov), tout cela a bel et bien existé. La réalité a largement dépassé la fiction et la grosse farce dissimule à peine une critique extrêmement corrosive d'un système basé sur le mensonge, la manipulation et la répression.

Lien : http://sfemoi.canalblog.com/..
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Cette charmante farce burlesque au coeur de l'ancienne URSS n'aurait aucun intérêt si elle n'avait été écrite en 1970 à Moscou, par un jeune auteur soviétique dissident. Censuré de longues années, ce petit livre nous replonge dans la corruption et la misère intellectuelle de l'aristocratie brejnévienne, mais aussi dans la Russie profonde, où les forçats de la terre idolâtrent un mort-vivant comme ils descendent de la vodka. Si l'entrain reste plaisant, les situations cocasses, idéalement désuètes, sont assez mal servies par un style puéril et balourd. L'auteur s'en explique heureusement dans une intéressante préface : le texte fut écrit dans la précipitation, et jamais corrigé (ou amélioré) par la suite.
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Ecrit satirique du mythe communiste stalinien, Nicolas Bokov présente son oeuvre qui a vu le jour, clandestinement. En effet, lors de la propagande préjubilaire du centenaire de la naissance du "guide suprême" aussi dénommé Staline, N. Bokov ne peut résister à l'idée d'écrire ce petit pamphlet.
Véhiculé par des réseaux souterrains, La tête de Staline nous est parvenu en France en 1970, ne manquant pas d'humour et nous plongeant dans l'univers stalinien.
L'avant-propos de Nicolas Bokov retrace cette époque, les risques pris... nous plongeant dans un mini-thriller, qui tenait de la réalité à cette époque.
Vrai bijou de la littérature russe, La tête de Staline nous rappelle que la littérature peut faire poids quand elle dérange,et peut être censurée, jusqu'à condamner son auteur à de sombres destinées.
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