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Tom n'a jamais connu sa maman, morte en couches. Il n'en était pas triste pour autant. Son père, Juan, le boucher de Tocopilla, l'élevait dans l'amour. Quand il n'était pas dans la boucherie de son papa, un homme trapu et rondouillard, il trainait entre les fauteuils du vieux salon de coiffure de Chico ou suivait des cours donnés par son institutrice, Dolorès de la Peña, dans une école spéciale pour les enfants aux yeux de cendre. Dans cette petite ville du Chili du temps de Pinochet, l'on se croisait. Parfois secrètement. Dans l'arrière-boutique de la boucherie aux rideaux métalliques baissés. La Révolution se faisait doucement. À coups d'as de pique, de mélodies murmurées et de verre de fuego...

Gaetaño Bolán nous plonge en pleine Révolution chilienne où l'on suit le destin de ces hommes en proie à une vie nouvelle. de Chico, le coiffeur, à Juan, le boucher fort en gueule en passant par Dolorès, qui, par amour, rejoindra le mouvement. Des destins mis à mal et fauchés. Au centre, il y a le jeune Tom, un orphelin aveugle et terriblement attachant. Ce court mais intense roman suggère plus qu'il ne décrit les drames qui se jouent, les silences qui font écho. Il s'en dégage beaucoup d'amour mais aussi beaucoup d'espoir. Des phrases courtes, des événements qui s'enchainent et une écriture posée et efficace. Un petit roman émouvant et d'une grande sensibilité.
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Ce petit livre est en fait une nouvelle. Et je me demande si la publication de nouvelles une par une, comme si l'editeur n'avait pas la patience d'attendre ou comme si l'auteur n'avait plus confiance en sa muse, c'est une des consequences de l'economie moderne. Je trouve que vendre ca comme un livre est un peu gonfle.

J'en viens a l'essentiel. Dans une petite ville chilienne, a une époque dictatoriale, un petit garcon aveugle a des pouvoirs que beaucoup de voyants lui envieraient. Il reussit a accoupler son bourru de pere, un boucher veuf (je me le suis imagine sous les traits de Raimu), a son institutrice, une reveuse intellectuelle aux larges fesses. Mais le Bonheur est de courte duree. Suite a une action de proteste plus que de veritable revolte, les amants sont "supprimes" par la dictature. le petit aveugle reste seul dans le noir.

Des babeliotes dont j'ai lu les critiques ont qualifie ce petit livre d'emouvant, de poignant, a travers son ecriture simple et comme naïve. Moi je suis beaucoup plus reserve. J'ai trouve ca plutot simpliste que simple, presque potache, et ca ne m'a pas vraiment touché. D'autres auteurs chiliens se sont essaye au genre naïf, avec un style beaucoup plus travaille, et ont reussi beaucoup mieux a depeindre et attaquer les travers de leur pays et de leur societe. Sepulveda, Rivera Letelier, sans parler de Skarmeta ou du grand Bolano.

Pour moi ce petit livre est a classer dans la litterature jeunesse. A de jeunes adolescents je peux le conseiller sans sourciller.
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« La boucherie des amants », c'est une histoire d'amour et de bonheur.

Pourtant ça avait mal commencé : la maman de Tom est morte en lui donnant le jour, et Tom, aveugle de naissance, n'a connu que la nuit.

Mais le petit garçon n'a jamais été triste, il est même heureux, parce qu'il a le coeur pur, et un secret. Et parce qu'il est aimé.

Par son papa, Juan, le boucher de Tocopilla, petite ville du Chili. Un type costaud, un peu trop gros, pas très cultivé ni poète, mais charmant et charmeur. Un brave homme.

Par Dolorès, sa jolie institutrice, qui lui fait la lecture, et les yeux doux à son père.

Par tous les gens du quartier, incapables (comme le lecteur) de ne pas trouver ce gamin terriblement attachant.

Mais une ombre plane. Nous sommes au Chili, dans les années 80. La junte au pouvoir n'aime pas les révolutionnaires, tels que ceux qui complotent en sourdine dans l'arrière-boutique de la boucherie de Juan, entre une tournée d'alcool fort et une partie de cartes.

Et la boucherie du titre d'évoquer alors la boucherie de la dictature de Pinochet...

« La boucherie des amants », ou tout l'art d'en dire beaucoup avec peu de mots (90 pages). Des mots simples, doux et calmes, des phrases courtes et poétiques. Entre les lignes, une charge implacable contre la dictature chilienne. Mais surtout, de l'amour et du bonheur, donc, avec un brin d'humour, de tristesse et de mélancolie.

C'est beau, drôle, tendre, pur, sensible à l'extrême et plein d'humanité, c'est fort et c'est fragile, ça touche au coeur. C'est donc à lire.
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L'art du format court est particulièrement difficile. En tant que lecteur, j'ai souvent tendance à être frustré quand je lis des courts romans réussis, me disant que davantage de place aurait permis de mieux connaître les personnages auxquels on vient juste de s'attacher. Stephen King (je ne sais plus si c'est dans Ecriture ou dans une préface à ces recueils de nouvelles) décrit bien cette hésitation chez l'écrivain quand une idée lui vient pour savoir si elle sera plus adaptée à un format de type longue nouvelle ou si elle pourra mieux s'épanouir sur la longueur d'un roman fleuve (dont il a d'ailleurs le secret).

Ce petit roman de 90 pages de Gaetano Bolan est une pure réussite. En quelques pages, il parvient à nous toucher au coeur avec des personnages pourtant dépeints en quelques mots. Il a l'art de trouver certaines expressions mêlant poésie simple et humour qui nous rendent tout de suite sympathique ce petit bonhomme, ce quartier avec ces commerçants rebelles. Il parvient même à entretenir un petit suspense sur certains secrets et mystères et nous bouleverse au final, avec un dénouement assez prévisible mais qu'on aurait souhaité tout autre. Un condensé d'humanité très puissant et qui puise sa force dans une concision qui exacerbe les émotions.

A la brièveté de son livre répond la brièveté de son oeuvre,
deux courts romans en français, déposés comme des cadeaux lors de son (lui aussi) court passage en France, avant de s'envoler de nouveau vers son Chili natal, dans un village coupé du monde. Souhaitons que l'envie lui prenne un jour de revenir ou de nous envoyer des cartes postales littéraires d'outre-Atlantique.
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Parfois, le bonheur peut être si simple : un homme, une femme, un enfant et beaucoup d'amour et de tendresse... A Tocopilla, petite ville du Chili, Juan le boucher vit seul avec son fils Tom, depuis que sa femme est morte en couches. Tom, aveugle, rêveur, heureux, passe son temps entre la boucherie de son père, l'échoppe de Chico le coiffeur et l'école spécialisée de Dolorès. La jolie institutrice rêve au prince charmant, un homme fin et cultivé qui partagerait avec elle l'amour des vers de Neruda. Juan n'est pas exactement cet homme-là, mais dans ses bras, Dolorès frémit comme jamais. Alors Juan et Dolorès s'aiment et Tom qui a aidé à leur rapprochement, a enfin une maman.
Mais Juan a un secret. Nuitamment, il reçoit quelques amis chez lui dans son arrière-boutique. Pour taper le carton, s'enivrer d'alcool de feu et rêver de révolution. Et la milice n'aime ni les rêveurs, ni les révolutionnaires...

Sous ses airs de conte naïf, La boucherie des amants est un terrible réquisitoire contre le régime de Pinochet. Sans le citer nommément, sans parler même de dictature, Gaetano Bolán évoque la peur, la tension et le silence autour des disparitions d'oppposants. Pourtant, malgré le drame latent, il règne sur ce roman une ambiance poétique pleine d'amour et d'espoir. Tom, aux yeux de nuit, illumine ces quelques pages d'un texte concis et qui pourtant en dit long. Un petit bijou d'émotion et de sensibilité.
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La boucherie des amants, c'est une histoire d'amour sur fond de carcasses de viande et de dictature chilienne.
Je pourrais m'en tenir là, mais j'imagine que vous voulez en savoir un peu plus...
Le boucher des amants, c'est un petit livre qui m'a touché par sa tendresse et sa cruauté.
Les personnages principaux de ce court récit sont attachants comme la vie peut l'être, pour peu qu'on la laisse en paix.
Si je vous dis que l'histoire se déroule dans une ville du Chili, Tocopilla, sous le régime de Pinochet, si je vous dis qu'une boucherie de quartier est le théâtre de ce récit, si je vous dis que cette boucherie possède une arrière-boutique où se tiennent des réunions obscures, alors je ne vous aurai encore presque rien dit.
Rien ne serait sans ces quelques personnages haut en couleur, notamment ce trio qui compose et articule le récit : Juan un boucher veuf et fort en gueule, Tom son enfant aveugle, et Dolorès de la Peña, son institutrice.
Derrière l'apparente naïveté de l'histoire, ou plutôt la manière dont est traitée la narration, on imagine un quotidien presque ordinaire, sur lequel pèse juste un des pires régimes totalitaires du XXème siècle. On imagine une boucherie de quartier aussi familière qu'un bistrot, distillant la vie chaleureuse
parmi ses clients goguenards...
Juan, Tom, Dolorès, je me suis laissé emporter par les rêves étoilés de ces trois-là.
Tom est orphelin. Il n'a jamais connu sa mère, décédée au moment de sa naissance. C'est un enfant haut comme trois pommes. Cela m'a fait penser au récit Tom, petit Tom, tout petit homme, Tom...
Tom est petit, mais il a un pouvoir énorme, il sait faire des miracles avec ses yeux de cendre posés sur la nuit définitive. Par exemple, il sait faire apparaître un poste de radio quand le téléviseur du coiffeur Chico rend l'âme. Pour l'amour qui manque désormais à son père Juan, le boucher du quartier, c'est un peu pareil... Il pense très fort, et hop !
Pourquoi ne réussit-il pas alors à faire disparaître ces fous furieux qui font si mal au pays ?
Dans l'arrière-boutique de la boucherie, on se décarcasse pour retrouver le chemin d'une liberté perdue.
S'aimer, quoi de plus normal pour Juan et Dolorès, mais s'aimer sous un régime totalitaire, hélas ! C'est là qu'est l'os, pour citer un acteur comique français. Quand le coeur est épris de liberté, c'est un peu plus compliqué...
Car, lorsqu'on s'aime, on est prêt à tout, n'est-ce pas ?
Tom deviendra adulte au cours d'une seule nuit embrasée par une éclipse de lune, parce que tous les personnages dans la vraie vie ne sont pas attachants...
Gaetaño Bolán nous dresse ici une fable teintée d'humour et de poésie, traversée par la tendresse d'un enfant, un réquisitoire coup de poing pour dénoncer l'horreur des régimes totalitaires.
Merci à toi Marie qui m'a donné l'envie et la possibilité de lire ce court et intense roman épris d'une grande sensibilité.
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Voici un conte court, cruel et magnifique au sein d'un trio fort attachant:
Tom, l'enfant aveugle, orphelin de mère, au coeur pur, à qui l'on parlait avec une voix posée, en articulant bien.
Son père, Joan le boucher, trapu et rondouillard, rustaud et sans lyrisme, un "colosse" bavard, coquet, aux ongles soignés qui ne lisait pas et cultivait un amour -fusionnel avec son fils.
Son amoureuse: Dolorès, une jolie institutrice cultivée, passionnée de poésie, enivrée par les vers du grand Neruda, dans un quartier de la petite ville de Topocilla : Chili des années 80, sous la dictature Pinochet........
UN bonheur des plus simples, rencontre, amour, amour- fusionnel, paroles,
trop de paroles lors de rencontres dans une arrière boutique, avec des amis réunis autour de discussions animées , en trinquant cul sec, à la fuego, dans de petits verres de terre cuite............
Une jolie histoire lumineuse commencée sous le signe de la naïveté, pétrie de tendresse, d'amour et de poésie, racontée à petites touches fragiles comme un souffle, comme si l'on s'attendait à cette fin..



Un bel hommage rendu à toutes les victimes des régimes totalitaires.....
Une bien belle découverte , un petit livre gorgé d'émotions qui ne laissera personne indifférent !
Merci à mon libraire de" La taverne du livre" à Nancy!
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Tom, Dolores et Juan, si proches du bonheur...

Bouquin petit par la taille mais monstrueux de par sa puissance de frappe.

Un trio attachant.
Tom, le gamin aveugle orphelin de mère.
Juan, son père, boucher au grand coeur qui ferait mieux de taire ses opinions politiques en ces temps de dictature chilienne.
Dolores, la jolie institutrice à la claudication aussi légère que son parfum éthéré qui fait battre les coeurs.

L'histoire aurait pu être belle.
L'histoire aurait pu être classique.
Elle le sera finalement au pays de la pensée unique.

Une petite perle d'émotion.
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Fils d'un Chilien et d'une Française, Gaetaño Bolán est bilingue et a rédigé son premier roman en français. Il a également eu recours, pour sa Boucherie des Amants, a un langage simple, des phrases et des chapitres très courts. L'ensemble prend des allures de contes avec pour personnages principaux Tomaseo dit Tom, l'espiègle petit aveugle, Josué son père boucher de son état mais qui s'était rêvé dompteur de fauves, et enfin Dolores, l'institutrice callipyge et amatrice de poésie.
Tom, dont la mère est morte en lui donnant naissance, s'occupe de rapprocher les deux autres dans l'espoir de se donner une maman.

Tout irait donc bien dans le meilleur des mondes si l'on n'était pas sous la dictature de Pinochet, dont les noires escadres sillonnent les rues. Si Josué et plusieurs de ses amis ne s'occupaient aussi de s'opposer à ce régime de terreur.

Sous ses abords très simples, le très court roman de Bolán se transforme en pamphlet contre les régimes totalitaires au nom de l'innocence. L'écriture est très belle et touchante. Ses personnages émeuvent par leur simplicité, leur sincérité et leur destinée. Quant au message politique sous-jacent de rébellion, il passe d'autant mieux mis en scène dans un esprit minimaliste mais percutant. Pas une phrase n'est de trop ni à la mauvaise place. Chacune fait mouche.

Une magnifique découverte que je dois encore au hasard de la boîte à livres. J'ai remarqué que Gaetaño Bolán avait écrit par la suite un autre roman; je vais tâcher de le lire.
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Une histoire d'amour d'une émouvante tendresse, le trio central de cette fable, Tom, petit garçon aveugle, orphelin vit seul avec son père Juan le boucher du quartier, Dolorès, son institutrice amoureuse des mots et de la poésie de Neruda et Tsvétaieva. Les rencontres clandestines du groupe de Juan n'oublions pas que nous sommes sous le régime de Pinochet. Si cette fable nous conte l'amour, elle nous conte aussi la terreur de cette dictature, sous une plume tout en poésie, avec des petites touches piquantes d'humour, de tendresse et d'amour.
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